Copenhague et les ambitions de Jean-Louis Borloo

Le 7 décembre 2009

Cette semaine, Jean-Louis Borloo avait invité quelques blogueurs à une causerie au coin du feu sur les ambitions de la France pour le sommet de Copenhague.

borloo21Cette semaine, Jean-Louis Borloo avait invité quelques blogueurs à une causerie au coin du feu sur les ambitions de la France pour le sommet de Copenhague. Petit comité, chaises rapprochées, questions ouvertes et pas d’intervention pour guider les discussions, et une personnalité politique réputée pour faire peu de cas du formalisme : toutes ces caractéristiques constituaient un format a priori intéressant pour favoriser les échanges.

Jean-Louis Borloo a répondu, longuement, très longuement, aux questions. Son plan “justice-climat” n’a été que brièvement présenté car déjà couvert amplement par les médias, les questions ont surtout porté sur les enjeux, l’avant, et l’après.

Etrange ambiance au final : Borloo a parlé, beaucoup parlé, et nous n’avons pas toujours osé l’interrompre. Parmi les points marquants :

  • >> les décisions doivent être prises rapidement pour passer aux modalités de mise en oeuvre des plans nationaux
  • >> l’idée d’arriver à Copenhague avec un plan déjà soutenu par l’Afrique et certains pays insulaires permet de peser dans les négociations. La Chine aurait déjà indiqué que le programme lui convenait, la Russie ne manifesterait ni enthousiasme ni d’animosité.
  • >> le Grenelle de l’Environnement a vu nombre de parties prenantes commencer par se rejeter la faute avant de se décider à agir, il s’agit de ne pas tomber dans le même piège de la “patate chaude” et du “toi d’abord”
  • >> les pays industrialisés devront faire davantage d’efforts et les pays en développement ne peuvent brader leur propre développement
  • >> il faut dédramatiser le sujet : le Grenelle a créé des contraintes collectives en France, et manifestement cela n’est pas vécu comme un drame dans nos quotidiens individuels
  • >> les opinions publiques doivent montrer qu’elles sont prêtes à faire les efforts nécessaires et que les comportements responsables (énergie, transport) doivent faire l’objet d’une compétition positive
  • >> Borloo est optimiste sur un financement par taxe sur les transactions financières, parce que la crise a touché sévèrement les budgets et que les caisses sont vides
  • >> si le plan ne passe pas, le Ministre souhaite éventuellement signer un accord multilatéral, autant dire que c’est bien plus compliqué

Des étudiants du CFJ ont pris des images pour L’Express.

Les ambitions de Jean-Louis Borloo sont assez claires : faire passer son projet avec à la clé des efforts importants sur les émissions de CO2, des changements dans les sources d’énergie, et des financements pour participer au développement. Fait appréciable, le Ministre n’a pas versé dans le satisfecit politique ni les déclarations triomphantes.

Si sa description des coulisses de ce projet et son envie semblent convaincantes, on a de quoi trouver cela finalement peu ambitieux au regard des enjeux. Par exemple, l’agriculture et les forêts sont absents de ces négociations, or c’est bien là que se joue l’essentiel pour le climat mais aussi le développement humain. Le méthane, dont les effets sur le réchauffements sont largement plus importants que le CO2, n’est pas abordé non plus. Alors la France se veut chef de file et bon élève, mais réduire de façon importante les émissions de CO2, est-ce vraiment suffisant ?

Au sortir de cette rencontre, le Ministre, plutôt chaleureux et animé d’une envie de convaincre et de bien faire, m’a laissé une impression étrange : d’un côté un réalisme marqué sur les mécanismes des décisions internationales et une certaine transparence sur les intentions appuyée de petites phrases choc, de l’autre le sentiment que ce qui se joue là est encore trop épidermique et que le climat n’est pas tout à fait pris au sérieux par les chefs d’Etat. Un écosystème est un ensemble complexe d’interactions, agir sur un facteur change les équilibres mais cela ne suffit pas pour bouleverser l’ensemble.

Notons au passage que malgré les sollicitations, cela n’a manifestement pas enthousiasmé les foules pour proposer des questions sur Owni ou Twitter.

Le sommet commence aujourd’hui. Nous verrons si les projets ambitieux peuvent faire l’objet d’un consensus.

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