OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Hollande entreprend la culture http://owni.fr/2012/03/02/culture-hollandaise/ http://owni.fr/2012/03/02/culture-hollandaise/#comments Fri, 02 Mar 2012 09:22:17 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=100394 Le Monde, le candidat socialiste affirme sa proximité avec les grands entrepreneurs culturels. Et enterre toute possibilité de licence globale. Surtout, selon nos informations, cette tribune reprend des recommandations des différents lobbys de la culture.]]>

The battle for copyright (La bataille du copyright) par Christopher Dombres (cc)

François Hollande veut rassurer les auteurs. Et leurs représentants. C’est tout le sens d’une tribune publiée ce jour dans Le Monde, selon nos informations, confirmées par la direction de campagne. Avec ce message en antienne :

La gauche a toujours soutenu la création artistique et les créateurs.

Problème mineur

Si le candidat socialiste rappelle ces “principes essentiels”, c’est pour, indique-t-il, “aborder la question de la loi Hadopi qui fait débat.” A ce titre, le projet de tribune est sans ambiguïté : l’objectif est affiché dès les premières lignes. Et il consiste moins à définir le mécanisme de protection des droits d’auteurs que défend François Hollande, qui arrive bien plus tard dans le texte, qu’à assurer la communauté de la production culturelle des bonnes intentions du PS. A la manière d’un Nicolas Sarkozy à la tribune de l’e-G8, le candidat socialiste se place “dans la lignée de Beaumarchais”. Un cap, une “philosophie” qui, garantit-il, “ne changera pas” car :

La gauche soutient le droit des auteurs, tant moral que patrimonial, aujourd’hui comme hier.

L’apéritif terminé, François Hollande rentre dans le dur. Et affirme :“Je soutiendrai tous les dispositifs qui nous permettent de défendre notre culture, mais aussi notre économie : soutien à la production et à la création, gestion collective des droits, adaptation et protection de la chronologie des médias, lutte contre les contrefaçons, rémunération pour copie privée, défense des plateformes numériques innovantes.”

Et entame la partie indigeste : Hadopi. En gros, rien de nouveau : Hadopi a coûté cher, n’a pas contribué au financement de la création, soulève des questions en termes de protection de la vie privée ; critiques déjà formulées lors de sa première sortie sur le sujet en tant que candidat officiel du PS à la présidentielle, à Nantes, en janvier dernier. Le détail en revanche, est plus intéressant. Ainsi François Hollande avance qu’il “ne pense pas que la seule répression soit la réponse au problème posé.”. Ajoute que s’il ne faut pas “opposer [...] les créateurs et leur public”, “la protection des auteurs est également prioritaire”. Articulant les deux morceaux d’un “mais que les choses soient bien claires” bien senti. Et lâche un fatidique :

nous ne considérons pas le piratage comme un problème mineur. Nous soutiendrons et rendrons plus efficaces les actions judiciaires visant à tarir à la source la diffusion illégale des oeuvres protégées.

Enterrant ainsi définitivement toute éventualité de dépénalisation du téléchargement illégal. Car si la phrase vise d’abord les sites de streaming illégaux, rien n’interdit qu’elle inclue également les échanges peer-to-peer non marchands. Dont la légalisation avait été un temps envisagée, et même présentée comme un élément du programme de François Hollande par son équipe en charge de la culture, qui a depuis fait machine arrière.

Le 25 janvier dernier, Didier Mathus affirmait dans Le Nouvel Obs que “tous les dispositifs de répression de l’Hadopi [seraient] abandonnés” et que François Hollande opterait pour une licence globale en lieu et place d’Hadopi. Problème : aucun de ses points n’apparaît dans le programme paru dès le lendemain. Pire, son point 45, consacré à l’Hadopi, est par la suite modifié sous l’impulsion de la direction de campagne. “La genèse est simple : la proposition, rédigée tôt, ne collait pas avec le discours d’Hollande”, justifie une responsable à OWNI.

Hadopi en sursis

Hadopi en sursis

À la faveur de l'affaire Megaupload, l'opposition entre droits d'auteur et Internet s'est installée au nombre des sujets de ...

Visiblement, le mot “usagers” posait problème. “L’article 45 a été réécrit car le mot ‘usagers’ a pu prêter à confusion : les gens comprenaient ‘internaute’ a récemment expliqué Fleur Pellerin, responsable numérique de François Hollande, à Libération. Or un ‘usager’, c’est celui qui utilise, et en l’occurrence qui utilise les plateformes légales. Donc l’idée n’était pas du tout de dire que l’internaute va être mis à contribution ; c’était de dire que les usagers vont participer au financement de la création via les plateformes légales sur lesquels ils vont payer des œuvres ou des abonnements, ou via des plateformes gratuites financées par la publicité.”

En clair : ceci est tout sauf dela licence globale, ce mécanisme consistant d’une part à autoriser les échanges non marchands et d’autre part à financer les auteurs via un mécanisme similaire à la redevance. Un mécanisme décrié et vertement rejeté par les tenants de l’industrie culturelle. Qui ont bien fait leur boulot.

L’étrange note de Monsieur Jack

La pression des ayants-droit sur les équipes du candidat PS a pris plusieurs chemins. Une note lui a ainsi été directement envoyée par le cabinet de Jack Lang à l’Assemblée nationale. L’occasion pour l’ancien ministre de la Culture, toujours enclin à défendre ce milieu, de faire savoir son opposition frontale à toute forme de licence globale. Opposition que François Hollande semble aujourd’hui partager. Au moment de son ralliement au candidat pendant la primaire, Jack Lang avait d’ailleurs souligné la proximité de leur position respective sur Hadopi.

Les métadonnées de cette étrange note indiquent qu’elle a été rédigée par Jean Cazès, producteur de films et membre du Club européen des producteurs, un lobby de l’industrie cinématographique. Véritable charge, cette “Note à l’attention de François Hollande sur Hadopi et la licence globale” démarre sur les chapeaux de roue :

La licence globale n’est pas une solution appropriée à la piraterie des œuvres musicales, audiovisuelles, cinématographiques, et bientôt des livres.

La suite est à l’avenant. Après avoir comparé la légalisation des échanges non-commerciaux de contenus audiovisuels au fait de “donner un accès libre et gratuit aux boulangeries, ou aux fast-foods”, l’auteur rappelle l’incompatibilité de la licence globale “avec les traités internationaux dont la France est signataire, en matière de droit d’auteur”. Traités qui empêcheraient la mise en oeuvre de cette alternative à côté de laquelle “rien ne pousse, rien ne peut exister”, à tel point qu’elle provoquerait “la mort assurée de la télévision payante et du téléchargement légal”. Rien que ça.

En conclusion, il est conseillé au candidat socialiste de faire évoluer l’Hadopi, “dont l’efficacité est limitée, même si sa valeur symbolique est importante”, en affirmant “que la solution ne saurait être une licence globale”, comparée pour enfoncer le clou une dernière fois à “un danger mortel”.

Les lobbyistes à la manœuvre

Les préconisations transmises par Jack Lang à François Hollande ne déplairaient sans doute pas à Pascal Rogard, omniprésent directeur général de la puissante Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), fondée en 1777 par… Beaumarchais. “Jack Lang pense comme moi”, nous assure-t-il, avant de préciser que dans le cadre d’une présidentielle, il est normal pour une institution qui défend les droits des auteurs de rencontrer les candidats. Un lobbying assumé et détendu, pour faire pendant à ce qu’il qualifie “d’hystérie anti droit d’auteur”. Cette mission peut se mener au grand jour, comme lorsque la SACD fait parvenir une lettre à François Hollande, qui lui répond dans la foulée [PDF]. Ou lorsqu’avec la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) elle lance un site Internet visant à promouvoir ses propositions.

Mais comme souvent, le plus intéressant se trame dans l’ombre. La révision du point 45 semble être issue de ce type de lobbying feutré. Court-circuitant Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin, les représentants des ayants droit sont allés directement frapper à la porte du directeur de campagne. Pierre Moscovici aurait entendu les arguments d’un Pascal Rogard, selon lequel “quand on autorise quelque chose en matière d’Internet, on ne s’arrête pas aux frontières de la France”. Avant même d’avoir pu émerger, le débat sur la possibilité d’une forme de licence globale ou de contribution créative est enterré.

Les représentants du disque, du cinéma et du livre ne sont pas en reste dans cette lutte d’influence auprès du candidat socialiste. Dans un article récent, Libération évoquait le lobbying actif de Florence Gastaud, déléguée générale de la Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP). Plusieurs personnalité du monde de la culture ont également leur relais auprès du candidat. On se souvient de la “lettre des cinéastes” à François Hollande publiée à l’initiative du réalisateur Bertrand Tavernier.

Ces multiples tractations aboutissent donc aujourd’hui à une clarification du candidat socialiste sur la question du droit d’auteur à l’ère numérique. Rejetant toute reconnaissance des échanges non marchands, François Hollande compte mettre en place le fameux “Acte 2 de l’exception culturelle française” en mettant tous les acteurs autour d’une table. Gageons que lobbyistes des industries culturelles et défenseurs des ayants droit sauront s’y faire une place, tant en France qu’au cours d’hypothétiques “Assises européennes des industries culturelles sur Internet”, que le candidat appelle également de ses vœux.


Illustration par Christopher Dombres (CC-BY)

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Petits partis en ligne http://owni.fr/2012/02/24/petits-partis-en-ligne/ http://owni.fr/2012/02/24/petits-partis-en-ligne/#comments Fri, 24 Feb 2012 17:41:29 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=99685

Nicolas Sarkozy fraîchement débarqué, c’est toute la course présidentielle qui s’est emballée. Une accélération synonyme d’un recentrage médiatique sur les bisbilles occupant le PS et l’UMP. IRL [NDLA : In real life, expression utilisée sur Internet pour qualifier la vie hors du réseau ] comme sur Internet. A l’ombre des deux pachydermes de la vie politique française pourtant, des partis plus modestes tentent de faire émerger d’autres réflexions. Et là aussi, numérique compris.

Pour les petits Poucet de la campagne, le réseau est avant tout une chance de se faire connaître, en marge des médias traditionnels. Loin d’être un enjeu de campagne, Internet représente d’abord un outil de communication. La thématique n’est pas intégrée aux programmes, ou reléguée à l’arrière-plan, à l’instar des favoris de la campagne. Question de priorités. Certains l’investissent néanmoins, conscients du boulevard politique qui s’ouvrent à eux. Sans toutefois envisager sérieusement l’émergence d’une formation politique numérique. OWNI est allé à la rencontre des moins de 3%.

“Internet avant tout comme un outil de communication”

Une campagne pas très net

Une campagne pas très net

Après Facebook, Twitter. Accusée ce week-end d'avoir censuré des comptes parodiant le président sortant, l'équipe de ...

“Les questions sur le numérique, [...] nous les abordons quand on nous demande notre avis sur le sujet.” Chez Lutte Ouvrière (LO), on ne s’en cache pas : Internet ne fait pas partie de ses priorités. Aucune occurrence, ni sur le site de Nathalie Arthaud, sa candidate, ni dans la brochure explicative de son programme. Le parti trotskiste préfère concentrer ses efforts sur des revendications jugées plus “vitales pour les classes populaires” : “l’emploi, le salaire, ou le contrôle sur l’économie”. Même ligne pour l’autre formation d’extrême-gauche en lice, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), qui perçoit “Internet avant tout comme un outil de communication”. “On se demande d’abord comment l’utiliser pour porter nos idées” explique Antoine Larrache, qui s’occupe du volet Internet de Philippe Poutou, le candidat du NPA.

Dominique de Villepin (République solidaire) va plus loin : plus qu’un moyen de communiquer, Internet permet aux petits partis d’exister. “Mon site Internet, mon compte Twitter, ma page Facebook ou ma chaîne Dailymotion me permettent de parler directement aux Français, sans filtre, sans détours – possibilité que les grands médias n’offrent qu’aux deux candidats qu’ils ont décidé de présenter aux Français.” Et de conclure : “c’est une forme de confiscation du débat démocratique.” (lire l’interview dans son intégralité sur son site de campagne)

Lacunaire

Si Internet est avant tout porteur de messages, il n’en reste pas moins un enjeu politique, tempère Antoine Larrache (NPA). “Certes secondaire. Mais il garde une place importante”, assure-t-il.

Préservation de la liberté d’expression, alternative à la loi Hadopi, couverture du territoire en haut et très haut débit : ces trois thèmes reviennent sans cesse chez les outsiders de la présidentielle. Plus ou moins détaillé, plus ou moins étoffé par d’autres propositions sur le numérique, ce trio de sujets est systématiquement repris par les petits candidats. De droite comme de gauche : Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (LO), Dominique de Villepin (République Solidaire), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), Corinne Lepage (Cap 21) et, en leur temps, Hervé Morin (Nouveau Centre) et Christine Boutin (Parti Chrétien Démocrate) aujourd’hui ralliés à Nicolas Sarkozy ; tous s’attardent ou se sont attardés sur cette poignée d’idées, pour peu qu’on ait ouvert le débat numérique avec eux.

Hadopi en sursis

Hadopi en sursis

À la faveur de l'affaire Megaupload, l'opposition entre droits d'auteur et Internet s'est installée au nombre des sujets de ...

Tous sont favorables à l’instauration d’une licence globale en lieu et place d’Hadopi, un dispositif légalisant les échanges d’œuvres non-marchands et rémunérant les auteurs via une contribution financière des internautes. Tous encore récusent la politique numérique de Nicolas Sarkozy, qu’ils associent à son orientation politique générale : “je tire de la politique numérique des cinq dernières années le même bilan que du quinquennat dans son ensemble. Au-delà des effets d’annonce et autres opérations de communication de type e-G8, aucune priorité n’a été définie”, fustige Dominique de Villepin. C’est d’ailleurs la constante du positionnement numérique de la majorité des “petits” partis : il se fait en réaction à la mandature passée. Et manque parfois de concret.

Le cas Hadopi est symbolique. A droite comme à gauche, il est perçu comme symptomatique de la politique générale de Nicolas Sarkozy, jugée répressive et plus proche des grands groupes industriels que des citoyens. Le numérique n’est alors qu’une autre façon de se démarquer du président sortant, et de se présenter comme alternative politique. C’est ainsi que le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, pour qui “Nicolas Sarkozy a mis Internet dans les mains des majors”, rejoint des partis à l’extrême-gauche de l’échiquier politique. Comme Lutte Ouvrière, qui estime que la loi Création et Internet, à l’origine d’Hadopi, “est surtout une loi qui défend les intérêts des grands groupes de l’audiovisuel et de la communication”.

Mais pour ce parti comme pour le NPA, il faut d’abord “remettre en cause les fondements capitalistes de cette société” avant d’envisager cette seule problématique. “Il y a des choses importantes à dire sur Internet. Mais elles rentrent dans un combat plus global pour changer la société”, explique Antoine Larrache (NPA).

Dans la mesure où notre temps de parole est limité, on peut en plus difficilement communiquer là-dessus sur un plateau.

Au-delà de la lutte contre Hadopi, la réflexion numérique reste lacunaire. L’avantage, c’est qu’elle ne porte que sur les thématiques susceptibles de bien intégrer le socle des valeurs fondamentales des partis. Donnant ainsi l’impression d’une certaine cohérence, quand les plus grosses formations politiques se voient reprocher une approche d’Internet purement sectorielle, sans vision ni articulation globale, divisée entre l’industrie et la culture à l’heure numérique. L’inconvénient, c’est qu’elle manque de technicité. Et qu’elle laisse en friche bien des aspects de la question numérique : déploiement du très haut débit en France, éducation au numérique, services de e-santé, gouvernance internationale du réseau…

Hérauts numériques

Un Acta de guerre

Un Acta de guerre

Samedi dernier, un peu partout en Europe, des dizaines de manifestations se sont déroulées contre l'Acta ; un texte qui ...

Sous la barre des 3%, certains candidats semblent néanmoins vouloir se distinguer sur la question.

Dominique de Villepin, dont le projet formalisé n’accorde pourtant pas une large place à Internet, explique réfléchir à une “vie politique numérisée”, qui s’appuierait sur un renforcement de la “libération et la normalisation des données publiques” et sur l’utilisation d’Internet “comme levier de démocratie directe”, en l’intégrant à “des référendums d’initiative populaire”.

Mais c’est Nicolas Dupont-Aignan et Corinne Lepage qui se disputent la place du héraut numérique. Le premier est positionné par Le Monde entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. La seconde se veut être l’autre voix écolo, derrière Eva Joly.

“Nous sommes le parti qui travaille le plus sur Internet !”, affirme, catégorique, Nicolas Dupont-Aignan, quand Corinne Lepage déclare de son côté “faire d’Internet sa ligne de fond.”

Difficile de savoir si cela relève d’un opportunisme politique, embrassant un sujet peu investi par les partis traditionnels, ou d’une réelle appétence pour Internet. Certainement un peu des deux. Une chose est sûre, l’un comme l’autre sont des historiques de la lutte anti-Hadopi. Chacun a publié un ouvrage mise à l’entière disposition des internautes : Corinne Lepage l’a laissé en téléchargement gratuit (licence CC By-SA), Nicolas Dupont-Aignan a privilégié la licence libre. Tous deux encore ont pris part aux manifestations contre l’Acta, le projet international qui vise à renforcer l’arsenal juridique des industries culturelles pour lutter contre la contrefaçon sur Internet.

Sur les programmes, l’avantage va néanmoins à Corinne Lepage, dont la réflexion repose en partie sur Internet, perçu comme constitutif d’une troisième révolution industrielle”. “Pour moi, la question des nouvelles technologies et de l’informatique n’est pas un chapitre. Tout comme l’environnement, c’est un fil conducteur”, explique la candidate de Cap 21, qui accuse les favoris des sondages “d’être restés dans le siècle d’avant”.

Je me mets dans la perspective d’un monde qui a changé et auquel on doit s’adapter. Eux sont dans le vieux monde qui vieillit et qu’il faut préserver.

Néanmoins, Internet n’a pas encore accédé au statut de pierre angulaire de son programme, Corinne Lepage ne l’évoquant pas systématiquement lors de ses interventions, lui préférant, comme ce matin sur France Info, la thématique écologique.

“J’appelle tous les pirates à voter pour moi !”

Pour autant, ni Corinne Lepage, ni Nicolas Dupont-Aignan ne se voient devenir la force politique numérique française. Ils ne croient d’ailleurs pas en l’émergence d’un parti d’Internet, à l’instar d’un Parti Pirate français, qui fait partie du paysage politique sans toutefois peser sur le dispositif. Pour la candidate de Cap 21, “cette force peut exister mais c’est peu probable. Quand on voit comme l’écologie politique a du mal à percer”, regrette-elle.

Nicolas Dupont-Aignan, qui dit ne “pas croire aux partis catégoriels”, appelle quant à lui “tous les pirates” à voter pour lui, après avoir brièvement évoqué “l’affaire Megaloop”. On ne saurait être plus clair.


Illustration et couverture par Marion Boucharlat pour OWNI


En bref, leur vision du numérique…

- Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)
> le numérique n’apparaît pas dans le programme
> Pour une abrogation d’Hadopi. Selon les équipes de LO, “si tous les films, les disques, les reportages,… étaient en accès libre et gratuit via internet, ce serait une très bonne chose. Il faudrait mettre en place un service public associé qui permette aux artistes de réaliser leurs projets dans les limites du possible, bien sûr.”

- Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
> Point 29 : “Autoriser le téléchargement en abrogeant la loi Hadopi”. Y sont abordées l’abrogation de la loi, la mise en place de la licence globale, la protection de la neutralité du net et la mise en échec du traité liberticide Acta.

- Corinne Lepage (Cap 21)
> Point 4 : “Internet de l’énergie”
> Point 7 : “Encouragement à l’innovation à la lumière de l’expérience de la Silicon Valley”
> Point 19 : “Développement du télétravail et unification dans toute la France de l’accès et de l’usage d’Internet
> Point 28 : “Expérimentation et  développement  de nouvelles pédagogies à l’école et de nouveaux rythmes scolaires”
> Point 57 : “Garantie des droits des internautes, promotion des logiciels libres et de l’open source”. Y sont abordées l’abrogation de la loi Hadopi, la mise en place de la licence globale, la protection de la neutralité du net et l’adoption des logiciels libres dans le secteur public, après audit.

- Philippe Poutou (NPA)
> Rien dans le programme [PDF], mais un communiqué sur la fermeture du site Megaupload
> Pour une abrogation d’Hadopi et la mise en place d’une licence globale

- Dominique de Villepin (République Solidaire)
> Point 25 :  mention du numérique,  considéré comme l’une des “filières d’excellence industrielle”
> Retrouvez l’interview complète du candidat par OWNI. Y sont abordées l’abrogation de la loi Hadopi, la mise en place de la licence globale, la protection de la neutralité du net et l’e-administration.

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Une campagne pas très net http://owni.fr/2012/02/21/une-campagne-pas-tres-net/ http://owni.fr/2012/02/21/une-campagne-pas-tres-net/#comments Tue, 21 Feb 2012 19:29:10 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=99355

“Sarkozy : une entrée en campagne fracassante”. La manchette tapageuse du dernier Figaro week-end pourrait tout aussi bien coller au web. Depuis que celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le nom s’est officiellement déclaré candidat à sa réélection, le 15 février dernier, l’Internet français (aussi) s’est emballé. Et n’entend plus parler que de lui : Nicolas Sarkozy sur Facebook, Nicolas Sarkozy sur Twitter, Nicolas Sarkozy ad libitum. Des débuts assourdissants. Ni marrants, ni réellement emballants. Entre mini-polémiques et passes d’arme, la campagne sur le réseau rase le sol, plus proche du caniveau que de la haute expertise en matière d’interouèbe.

Flux de polémiques

Facebook aime Nicolas Sarkozy

Facebook aime Nicolas Sarkozy

Facebook est accusé par le Parti socialiste de favoriser le candidat Sarkozy en le conseillant pour sa campagne. Un coup de ...

Tout a commencé avec la vraie-fausse affaire d’État mouillant Facebook et l’Élysée. La firme américaine s’est retrouvée sous le feu socialiste, accusée d’avoir tout mis en œuvre afin que le président sortant soit le premier candidat français à lancer sa “timeline”, le chemin de vie made in Facebook, en ses temps électoraux. Si François Hollande n’a pas pâti de ce favoritisme présumé, les relations resserrées du Palais et des équipes du réseau social sont depuis longtemps avérées. Et semblent bel et bien avoir entravé la créativité d’autres prétendants au fauteuil présidentiel, tel Dominique de Villepin.

Au-delà de son aspérité formelle, le “timelinegate” révèle sur le fond l’image que les équipes de la webcampagne sarkozyste se font d’Internet et de ses usages. Aseptisée. Pas faute de s’être entouré de spécialistes : deux équipes web à l’UMP et au QG du candidat, qui compte l’ancien conseiller numérique de la présidence, Nicolas Princen. Le tout appuyé par une agence de communication digitale, emakina. Un “panzer numérique” dont l’expertise semble en décalage avec les cultures numériques.

Sur Facebook, un profil présidentiel où l’interaction se limite aux seuls “j’aime”. Commentaires persona non grata. Sur Twitter, aujourd’hui dans le viseur médiatique, un compte @NicolasSarkozy rapidement “vérifié” (une procédure fermée au grand public), qui fait l’album de campagne du candidat. Et qui simule une certaine proximité avec les internautes, en signant quelques messages “NS”, pour Nicolas Sarkozy. Y compris au beau milieu d’un déplacement à Annecy, où il aurait réussi à causer avec la Maison Blanche “via web” (autrement dit, pas sur son téléphone) entre le fromage et le dessert.

Un compte qui a aussi fait table rase des usurpateurs. En clair : tout est propre, tout est cadré. Rien ne dépasse.

Au QG de campagne, on ne se cache pas d’être intervenu sur Twitter pour faire un peu le ménage. Interrogé par OWNI, un membre de l’équipe s’empresse néanmoins d’assurer n’avoir signalé au site “que les comptes qui ont repris l’orthographe exacte de ‘Nicolas Sarkozy’ sans préciser leur contenu parodique”. “Au nom de la transparence que l’on doit aux internautes” ajoute-t-il. Drôle de conception pour un réseau foutraque comme Twitter, où les profils sérieux côtoient les plus absurdes, et où les faux comptes parodiques y poussent en paix comme des champignons.

Dans son règlement, Twitter précise intervenir si des imitations sont susceptibles “d’induire en erreur, de prêter à confusion ou de tromper autrui”, afin de se préserver de toute usurpation d’identité. Et pour peu qu’on lui signale. Mais n’en accepte a priori pas moins l’art du pastiche.

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

Internet is serious business

Problème : les comptes récemment fermés par Twitter étaient soit manifestement parodiques (@_NicolasSarkozy), soit satiriques et hostiles à la politique du président sortant (@sarkocasuffit ou @mafranceforte). Au QG de Nicolas Sarkozy, on dément formellement être intervenu pour la fermeture de ces comptes. Un étrange hasard attribué à l’action de certains militants, qui auraient signalé en masse les profils incriminés via la procédure “report as spam”. “On respecte les règles du jeu, poursuit-on du côté de la rue de la Convention, la culture Internet, c’est aussi la parodie. On la joue à la régulière.”

Régulière ou pas, la fermeture de comptes ambigus atteste déjà de la communication strictement bordée du candidat Sarkozy sur Internet. Exit les autres contenus : les internautes sont soumis à l’injonction de consommer le seul flux officiel et labellisé. Et s’il s’avère que l’équipe de campagne a fait fermer des comptes anti-Sarkozy, ses velléités de contrôle s’apparenteront simplement à de la censure.

Certains n’hésitent d’ailleurs pas à employer le terme : ce week-end, le hashtag #sarkocensure a fleuri sur Twitter à la suite de la suppression de ces comptes. Les explications données par le site aux utilisateurs lésés ne faisant que renforcer les soupçons de partialité. Ainsi le propriétaire du compte @_NicolasSarkozy, créé en 2010 et pourtant décrit comme “compte parodique”, s’est vu accusé par la firme américaine de “commettre une usurpation d’identité non parodique.” Devant la levée de bouclier, il a finalement été réactivé.

Je te censure, moi non plus

Il n’en fallait pas moins pour que le PS s’engouffre dans la polémique. Dans un communiqué, une porte-parole de François Hollande a aujourd’hui dénoncé la fermeture de ces comptes, en rappelant l’attachement du candidat à “un Internet neutre”. Sans que des propositions concrètes aient encore été proposées en ce sens, la responsable numérique du PS Fleur Pellerin gardant le silence sur le sujet.

La veille, l’affaire tournait à la guéguerre entre socialistes et sarkozystes. Par articles interposés, chacun a joué au petit jeu du “je te censure, moi non plus”. Matthieu Creux, militant UMP affiché, a ainsi affirmé – pièces à l’appui – que le compte parodique @droledegauche, dont il est à l’origine, avait subi les foudres des avocats du PS en août dernier. Une action qui atteste selon lui “d’une volonté forte de la part du Parti Socialiste de vouloir faire taire l’humour politique sur Internet.” Réponse du berger à la bergère sur le site du Nouvel Obs, où l’un des responsables web de Solferino, Émile Josselin, explique que le compte @droledegauche était allé trop loin, justifiant ainsi d’entamer une démarche juridique :

D’un compte militant de droite à l’humour discutable, mais finalement de bonne guerre, on bascule soudain dans la volonté de nuire délibérée.

Ces derniers jours, c’est le “google bombing” qui monopolisait les observateurs de la campagne présidentielle sur Internet. La manœuvre, qui consiste à lier sur Google un ou des mots clés à un site Internet, a d’abord visé le candidat Hollande : l’expression “incapable de gouverner” renvoyant à son site de campagne. Puis le site de l’UMP, auquel a été lié les mots “on va tuer la France”.

Sarkozy détourné de son image

Sarkozy détourné de son image

Sitôt publiée, l'affiche de campagne de Nicolas Sarkozy a été détournée. André Gunthert, chercheur sur l'image et le ...

Il y a cinq ans, la campagne s’était illustrée par la prolifération de ce genre de coups bas sur Internet. Interrogés dans le cadre de l’enquête Partis en ligne, les responsables web de l’UMP comme du PS nous avaient assurés récuser ces pratiques. Aspirant à une plus grande profondeur, souhaitant éviter les “petites phrases” pour aller vers du contenu de qualité et une relation plus approfondie avec “les internautes”. Nous étions alors en octobre, à l’orée de la campagne. Qui a déjà de faux airs de 2007.

Et pendant ce temps-là, les internautes sont morts de rire. Dès sa mise en ligne, ils se sont emparés de l’affiche de Nicolas Sarkozy. La détournant à l’envi et se poilant en chœur, bien loin de ces bisbilles de communicants.

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Facebook aime Nicolas Sarkozy http://owni.fr/2012/02/15/nicolas-sarkozy-candidat-facebook-timeline-presidentielle/ http://owni.fr/2012/02/15/nicolas-sarkozy-candidat-facebook-timeline-presidentielle/#comments Wed, 15 Feb 2012 20:46:16 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=98680 Nicolas Sarkozy est en campagne. Info qui ne vous aura pas échappée tant l’artillerie lourde a (déjà) été déployée en termes de communication. Y compris sur Internet. Aujourd’hui, c’est Twitter qui en a fait les frais : en lançant son compte officiel, le président sortant a fait une razzia. Plusieurs milliers d’abonnés en quelques heures. Quelques jours plus tôt, il réécrivait son histoire sur Facebook, à l’aide d’une drôle de timeline, nouvelle façon de mettre en page un compte sur le réseau social. Petit ramdam de webcampagne qui a tourné à la grosse affaire : l’entreprise américaine est aujourd’hui suspectée de courir pour le poulain Sarkozy. Pas forcément à tort.

Une “aide technique et intellectuelle”

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

A l’origine de l’accusation, le clan de François Hollande : c’est Fleur Pellerin, la responsable du pôle numérique, qui a dégainé la première. Dans un mail adressé à des représentants de Facebook France, elle juge “inacceptable” l’implication du réseau social “dans la campagne présidentielle française”, évoquant une “aide technique et intellectuelle” rendue aux équipes de Nicolas Sarkozy. Faveurs dont n’aurait pas bénéficié François Hollande.

Un échange dont le chroniqueur Frédéric Martel, proche du Parti Socialiste, s’est fait le relais dans L’Express. Dans un article publié hier, il revient longuement sur ces supposées liaisons dangereuses qu’entretiendraient l’Élysée et Facebook. Dans le viseur : Nicolas Princen, le monsieur numérique de la présidence, et Emakina, l’entreprise en charge de la communication de l’UMP sur Internet, qui aurait également raflé le contrat du candidat Sarkozy pour la campagne. Tout deux auraient bénéficié de sérieux coups de pouce de la firme américaine pour la mise en place de la fameuse timeline :

l’entreprise aurait mis à la disposition de l’Élysée ou de l’UMP des conseillers pour prendre en main les nouvelles fonctionnalités – aide dont aucun candidat à la présidentielle n’a pu bénéficier. L’équipe de Nicolas Princen à l’Élysée aurait ainsi travaillé directement avec Facebook pendant plusieurs mois pour élaborer cette Timeline.

Sarkozy attaque Internet

Sarkozy attaque Internet

Nous avons cartographié le réseau d'influence sur Internet du Président de la République - le plus puissant comparé aux ...

Cette fonctionnalité a été officiellement présentée par Facebook à un public de développeurs le 22 septembre 2011. Frédéric Martel écrit que les équipes de Nicolas Sarkozy planchaient sur le projet dès “septembre”, sous-entendant une antériorité mais sans donner plus de précisions sur la date. Une avance qui aurait donné un sacré coup de booster à la webcampagne, alors en préparation, du président sortant, dont les équipes du Parti Socialiste se plaignent de ne pas avoir bénéficié. Sans pour autant en pâtir directement.

L’équipe de la campagne web de François Hollande nous assure en effet ne pas avoir été intéressée par ce type de fonctionnalité, préférant au storytelling la mise en place d’outils de mobilisation. Par ailleurs, une telle page Facebook ne nécessite pas d’intervention particulière des équipes techniques du site. Des milliers de particuliers ont choisi faire “basculer” leur profil sur cette mise en page depuis décembre. “L’affaire” est donc moins une question de préjudice avéré que de principe ; rien ne dit que Facebook n’aurait pas tout autant aidé au développement d’une timeline pour le candidat socialiste. Si la polémique semble quelque peu montée en épingle, les accointances entre le Palais et une partie des équipes de Facebook France sont bien réelles.

Palo Alto et Sarko sont dans un bateau

S’il les dément officiellement, Nicolas Princen se vanterait en coulisse d’avoir d’excellentes relations avec Palo Alto, siège du réseau social. Qui pèseraient déjà pour 2012. Il est également très proche de Julien Codorniou, directeur des partenariats de la firme en France. Contactés par OWNI, les deux jeunes hommes gardent le silence, Julien Codorniou se contentant de renvoyer vers le cabinet de lobbying Apco, qui gère la communication de Facebook France, et assure “partager les mêmes informations avec toutes les personnalités publiques qui souhaitent utiliser Facebook [...]. En toute impartialité.” En interne, en revanche, la situation fait grincer des dents. Et les informations du PS ne sont pas forcément démenties.
Rien ne semble néanmoins engagé pour tirer ces relations au clair. L’affaire n’est pourtant pas anodine : le code électoral français interdit à “une personne morale de droit étranger” de fournir à un candidat “des contributions ou aides matérielles.”

Partis… en quelques lignes

Partis… en quelques lignes

Découvrez les bonnes feuilles de "Partis en ligne", l'eBook d'enquête sur les dessous et les enjeux numériques de la ...

En novembre 2010, Facebook serait déjà intervenu en faveur de Nicolas Sarkozy, (voir notre enquête Partis en ligne). A la demande de l’entrepreneur Jean-Baptiste Descroix-Vernier, membre du Conseil National du numérique institué en avril dernier par la Présidence, le site aurait supprimé des contenus, dont certains auraient été jugés particulièrement graves.

Coïncidences troublantes

Si le Parti Socialiste n’a pas directement fait les frais de ce favoritisme supposé, d’autres partis, en revanche, évoquent des coïncidences troublantes.

L’entourage de Dominique de Villepin en particulier nous informe avoir voulu utiliser la fonction timeline dès janvier. Impossible, le profil ayant été bloqué au motif de soupçons d’usurpation d’identité. Envoi d’une copie de la carte d’identité du candidat, mail aux équipes américaines : les démarches répétées de l’équipe de République solidaire n’y feront rien. Le 11 février, Nicolas Sarkozy est le premier homme politique français à utiliser la timeline. Une demie-heure plus tard, le profil de Dominique de Villepin est débloqué. En cause : Anne-Sophie Bordry, lobbyiste France et Europe du Sud de Facebook, qui aurait tardé à donner suite aux sollicitations. Personnalité d’autant plus suspecte qu’elle est passée par les cabinets d’Eric Besson et de Nathalie Kosciusko-Morizet, au temps du Secrétariat d’État à l’Économie numérique, de 2008 à 2010. Réaction laconique de l’intéressée, contactée par OWNI : “tout le monde est traité de la même manière”.

Ce que réfutent d’autres équipes de campagne. Celle de François Bayrou explique que malgré plusieurs rencontres avec Facebook France, elle n’a bénéficié d’aucun conseil visant à la mise en place de la fameuse timeline. Quant au directeur de la communication de Jean-Luc Mélenchon, Arnauld Champremier-Trigano, il ironise sur son profil Facebook : “Je précise à la direction de Facebook que je suis joignable sur mon inbox pour leurs offres de service”.

Au Parti Socialiste, on insiste :

On est assez troublé de la manière dont ça s’est passé et on s’attend à ce que Facebook France s’explique.

Avant de conclure :

Le combat va être rude, et à tous les niveaux.

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Partis… en quelques lignes http://owni.fr/2012/01/16/partis-en-ligne-bonnes-feuilles-ump-elysee-ps/ http://owni.fr/2012/01/16/partis-en-ligne-bonnes-feuilles-ump-elysee-ps/#comments Mon, 16 Jan 2012 16:34:36 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=94134

Partis en ligne, sorti cette semaine chez OWNI Éditions analyse les rapports qu’entretiennent l’Élysée, le Parti Socialiste et l’UMP avec Internet. Il est le fruit de six mois d’enquête par deux journalistes d’OWNI, Andréa Fradin et Guillaume Ledit. A l’aube de la campagne, ils font le point sur le positionnement et les stratégies des deux principaux partis de la vie politique française. Livre numérique, il fera l’objet d’une mise à jour au cours de la campagne, afin notamment d’analyser ce qui se met en place du côté des autres candidats.

Cet ouvrage est aujourd’hui en ligne sur notre boutique au prix de 4,49€, et au format PDF (le format ePub sera disponible d’ici la fin de la semaine).

Les bonnes feuilles de Partis en ligne

Ci-dessous un extrait issu de la dernière partie de Partis en ligne, intitulé “Présidentielle.com”, qui analyse les stratégies de communication sur les réseaux du PS et de l’UMP :

La machinerie UMP

C’est à un véritable Panzer auquel on a affaire au siège du parti majoritaire, rue de la Boétie à Paris. Terminées les initiatives maladroites et coûteuses. On prône l’ouverture et on vise l’efficacité. Du changement donc, notamment depuis l’arrivée de Jean-François Copé à la tête de l’organisation, il y a un peu plus d’un an. Son équipe a notamment mis fin à l’incroyable aventure des “Créateurs de Possibles”. Ce réseau social ouvert à tous était le “projet phare de la stratégie de modernisation du mouvement populaire”, selon les mots de l’ancien secrétaire général Xavier Bertrand. Portée par le président des Jeunes populaires Benjamin Lancar, cette plate-forme sur laquelle chacun pouvait proposer des “possibles”, propositions d’actions ou de réformes, est l’un des échecs les plus retentissants de ces dernières années en termes de communication politique. Développé par l’agence Isobar et ayant coûté la bagatelle de plus d’un million d’euros, le site ferme à peine plus d’un an après son lancement, avec moins de 15 000 inscrits. Un échec qui aurait pu être évité. À l’heure des réseaux sociaux de masse, créer un site complémentaire n’était pas pertinent : les électeurs potentiels sont sur Facebook, ou Twitter.

Le fameux lipdub des jeunes UMP peut également s’analyser comme le symptôme d’une communication sur Internet pour le moins pataude. La vidéo, pleine de clichés et emprunte de ridicule, faisait chanter en playback ministres et jeunes militants.

Des initiatives à oublier, donc. Pierre Chassat, directeur adjoint à la communication du parti, en convient : il s’est retrouvé avec “un terrain web un peu dévasté”. Sous les ordres de Jean-François Copé, qui presse afin que le numérique prenne une place importante en 2017, il réorganise l’équipe web de l’UMP. Son secrétaire général en a d’ailleurs fait une priorité, mécontent qu’il était de ne pouvoir accéder à tous les sites du parti (notamment les “Créateurs de Possibles”) sur son iPad. Un mouvement qui accompagne le virage geek friendly entamé sur le fond par la majorité. [...]

Pour la campagne, les équipes du parti majoritaire sont en ordre de bataille. Le vocabulaire est guerrier. L’idée est d’“être en ordre de marche pour que le moment venu on n’ait plus qu’à appuyer sur le bouton”. Jean-François Copé aurait d’ores et déjà décrété la “mobilisation générale”, nécessaire afin “d’être en ordre de bataille pour aller au combat”. Et la machinerie est en place. En interne, une équipe d’une dizaine de personnes est chargée de mettre en œuvre la stratégie du parti sur les réseaux. [...]

La grande différence avec le camp d’en face se situe dans le recours à une agence de communication. Après appel d’offres, c’est Emakina, “agence de marketing qui comprend, maîtrise et catalyse l’ensemble des points de contacts entre une marque et ses clients”, comme le précise son site Internet, qui remporte le marché. Dirigée par Manuel Diaz, 30 ans, l’entreprise met à disposition une équipe de 15 personnes travaillant à plein-temps sur la campagne de l’UMP. Veille, communication de crise, animation des réseaux et développement des plates-formes (notamment le site Internet), l’agence travaille main dans la main avec les équipes du parti. Ce dernier est considéré comme un “client un peu spécial”. Selon Manuel Diaz, l’appel à son entreprise est un “choix courageux”, “signe d’une compréhension d’Internet par l’UMP”. “Je vois chez mon client la volonté de reconnaître cette culture, de reconnaître ce qui s’est passé et de le prendre en compte fondamentalement”, nous dit-il. Selon le patron d’agence, choisir de travailler pour l’UMP est “un engagement démocratique et républicain”. Pour l’honorer, la stratégie mise en place sera organisée autour des contenus, puisque “le contenu est roi” et que “sans contenu, il est impossible d’activer la com’”. Une “com’” qui visera à convaincre et mobiliser ceux que Manuel Diaz nomme “les néo-militants”, “qui s’intéressent ponctuellement, à une partie du programme”. Pour y parvenir il a fallu remettre à plat l’ensemble d’une stratégie maladroite : “tout le contraire de ce qui a déjà été fait par le passé”, selon le patron de l’agence. [...]

Si cette machinerie UMP/Emakina est en place, la question du positionnement et de l’influence de l’Elysée reste en suspend. Le candidat non déclaré n’hésitera pas à réserver quelques surprises aux équipes censées participer à sa réélection. Et quand on connaît les liens tendus entre Jean-François Copé et le Président de la République, la question de l’articulation entre l’Élysée, les équipes de l’UMP et celles d’Emakina se pose.
Pierre Chassat l’affirme, il n’y a “aucun hiatus entre l’Élysée et l’UMP. L’objectif est d’être au service du candidat. On est à 200 % derrière le candidat”.


Partis en ligne, une enquête signée Andréa Fradin et Guillaume Ledit sur la campagne numérique de l’UMP et du PS.


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François Hollande en haut débit http://owni.fr/2012/01/16/francois-hollande-en-haut-debit/ http://owni.fr/2012/01/16/francois-hollande-en-haut-debit/#comments Mon, 16 Jan 2012 08:38:24 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=94001

100 jours. Il leur reste à peine 100 jours pour établir une stratégie de campagne sur Internet. Et la mettre en œuvre. Au tout nouveau QG de François Hollande, c’est l’effervescence. Lundi 2 janvier, les équipes de campagne du candidat socialiste ont pris possession de leurs nouveaux locaux de 1000 m2. Situé dans le cossu 7ème arrondissement de Paris, l’immeuble hébergeait auparavant le Haut commissariat aux solidarités actives de Martin Hirsch.

Une trentaine de personne a pris possession du 4ème étage. L’équipe “web campagne” sort des cartons.

Trente personnes sur le web

Cornaquée par Vincent Feltesse, le “monsieur web” historique de François Hollande, elle sera l’une des plus importantes de la course à la présidentielle. La communication sur Internet a pris de l’importance, et représente près de 10 % du budget total.

C’est l’ancienne directrice de la Cantine, lieu trendy des technophiles parisiens, Marie-Vorgan Le Barzic, qui sera en charge de coordonner l’opérationnel sur les réseaux. Récemment recrutée par Vincent Feltesse, elle bénéficie d’un solide carnet d’adresse dans le secteur. Résultat : les compétences dont elle s’est entourée proviennent principalement de l’extérieur du parti. Son bras droit à la Cantine, Antonin Torikian, a été débauché de Microsoft pour l’épauler au cours de ces quelques mois.

Le directeur financier, David Clavereau, est un ancien de la Netscouade, agence de communication web proche du PS et fondée par Benoît Thieulin au lendemain de la présidentielle 2007. Lionel Bordeaux, rédacteur en chef, était responsable du “département Paris numérique” à la mairie de Paris. Et Robin King, directeur artistique, a oeuvré tant pour le site Paris.fr que pour la première version de Rue89. A leurs côtés, on retrouve également les lieutenants numériques de François Hollande : Ariane Vincent, en charge notamment du compte Twitter du candidat et Romain Pigenel. Ce dernier, adjoint de Julien Dray à la région Île-de-France et blogueur sur Variae, travaille aux côtés d’un habitué de la blogosphère politique, Slovar, qui sévit aussi sur Marianne2.

Une équipe éclectique, jeune, structurée en différents pôles (veille, mobilisation, développement, contenus, graphisme), et qui tente de mettre en avant certaines valeurs. En recrutant le représentant français d’OpenStreetMap, Gaël Musquet, militant des sources ouvertes, l’équipe fait le choix d’abandonner Google au profit d’un projet libre pour ses différentes cartographies.

Son objectif principal sera de mobiliser les militants, mais pas uniquement. Pour Marie-Vorgan Le Barzic, il s’agit de “ toucher le plus d’individus possible”. Pour y parvenir, l’équipe s’attelle à la refonte totale de toushollande.fr, qui, depuis la primaire, se veut l’outil de mobilisation des soutiens du candidat socialiste.

En 2012 Internet vire à droite

En 2012 Internet vire à droite

La cote d'Internet grimpe pour 2012. Face à un PS à la ramasse, l'UMP tente de s'approprier la thématique, aux commandes ...

Si “au 59”, on fait valoir la proximité géographique du siège du candidat avec celui du parti (rue Solférino, à dix minutes à pied), les relations entre les deux ne sont pas au beau fixe. Ainsi, l’intégration de l’équipe web de Solférino à celle du candidat n’est pas à l’ordre du jour. Répondre aux argumentaires de l’UMP en continuant à produire du contenu, comme les vidéos récemment mises en ligne, telles sont les missions dont elle sera chargée. Autrement dit, elle restera “à la périphérie”, comme nous l’explique un proche de l’équipe d’Hollande. La Coopol, réseau social construit pour les adhérents, et qui sert d’outil d’organisation aux secrétaires de section, sera néanmoins mobilisé.

Côté Hollande, les relations avec le reste de l’équipe de campagne restent aussi à définir. Mais pour mettre les choses en œuvre, seule la validation de Vincent Feltesse est nécessaire, ce qui pourrait faciliter le travail. Symbole d’une volonté de peser sur le dispositif, l’équipe web a investi une petite pièce à l’entrée du QG, qu’elle entend aménager pour en faire un lieu de discussion autour des enjeux du numérique : une sorte de “Cantine socialiste”. La directrice opérationnelle souhaite “rendre le web intelligible”, y compris en interne, où la question numérique n’a pas encore été saisie par tous.

Le “Camp” du changement, c’est maintenant

En dehors du QG, le modèle de la Cantine joue aussi à plein. Ce lieu de travail collaboratif organise des formes de rencontres particulières, dont l’équipe web s’inspire. Ce lundi, le QG de campagne accueille ainsi son premier “Camp”, un “atelier ouvert”, au cours duquel “bloggeurs, entrepreneurs, développeurs, designers ou activistes” pourront “penser et développer les outils numériques”. Ce “Camp” sera suivi d’un “hackaton”, au cours duquel les équipes proposeront applications, idées et services web qui pourront nourrir la campagne. Un signal fort envoyé aux “geeks”. Les équipes de FaberNovel, dont le patron Stéphane Distinguin, cofondateur de la Cantine et réputé proche de François Hollande, devraient logiquement y participer.

L’Internet socialiste

L’Internet socialiste

Nommée récemment responsable du pôle numérique de François Hollande, Fleur Pellerin connaît une arrivée agitée dans ...

Cet évènement web friendly est une première, puisque le candidat s’est jusqu’alors refusé de se saisir de la thématique. Sur le fond, en revanche, le flou reste de mise. D’abord prévu mi décembre, puis début janvier, le programme numérique tarde à venir. Fleur Pellerin, en charge du pôle “Société et économie numérique”, continue de se faire discrète. Si on évoque sa présence à l’évènement d’aujourd’hui, son implication dans la web-campagne devrait rester limitée, nous indique les équipes.

La stratégie tranche avec les choix de l’UMP, qui mise à la fois sur une équipe interne et sur un unique prestataire, l’agence Emakina. La différence se joue également dans le timing. Si, dans les rangs de l’UMP, on s’affaire depuis l’été à la refonte des outils de campagne, l’équipe web de François Hollande s’organise à peine. Et devra composer avec le peu de temps qu’il reste.

“Ce qui fait la différence, c’est le professionnalisme et l’ouverture”, nous confie Marie-Vorgan Le Barzic. Reste moins de 100 jours pour les mettre en oeuvre.


En vente le 16 janvier, chez Owni Editions, Partis en ligne une enquête signée Andréa Fradin et Guillaume Ledit sur la campagne numérique de l’UMP et du PS.


Photo via Flickr par Tontoncopt [CC-byncsa]

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En 2012 Internet vire à droite http://owni.fr/2011/11/07/ump-ps-internet-elysee-sarkozy-numerique-2012-presidentielle/ http://owni.fr/2011/11/07/ump-ps-internet-elysee-sarkozy-numerique-2012-presidentielle/#comments Mon, 07 Nov 2011 07:22:07 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=85296 Nicolas Sarkozy veut célébrer Internet. Pour fêter ça, OWNI publiera début décembre un livre numérique sur les préparatifs de la campagne numérique.






Vincent Feltesse, chargé du numérique dans l’équipe de François Hollande, le reconnaît sans trop de problème : sur Internet, le programme du candidat socialiste à l’élection présidentielle, est bien ”a minima”, comme l’évoquait OWNI il y a deux semaines. Mais ”Ce que vous reprochez dans un article récent est valable pour bien d’autres choses que le numérique”, ajoute-t-il. Manque de temps ? Peu vendeur ? Ou simple désintérêt pour le web ? Le PS est à la ramasse sur Internet, face à une UMP en ordre de bataille pour 2012.

Il va falloir faire le reste

Côté PS, jusqu’à la nomination de François Hollande, le temps n’était pas à l’affaire. La stratégie était ailleurs : ”à la différence de Martine Aubry, il a choisi trois priorités, sans parler du reste. Il va falloir faire le reste”, nous explique un membre de l’équipe du candidat socialiste. Quitte à faire des boulettes, comme lors du rétropédalage laborieux sur le maintien d’Hadopi. Quitte aussi à perdre du temps.

Pas d’inquiétude dans les rangs du PS : la campagne ne prendra son rythme de croisière qu’en janvier, date à laquelle Nicolas Sarkozy, est censé – officiellement – sortir du bois. Les trois mois d’intervalle feront office de sas de décompression, après une primaire éreintante. Ils permettent aussi de recomposer les forces qui feront la campagne auprès de François Hollande : comment intégrer à l’équipe initiale les soutiens des rivaux d’hier ? Sur Internet aussi, l’attention du parti porte aujourd’hui sur le “qui ?” et non sur le “quoi”, même si Vincent Feltesse nous assure qu’il est ”en train de formaliser un programme”, structuré autour des thèmes du très haut débit, de l’économie numérique, de l’éducation et des libertés publiques et individuelles.

A en croire ce proche de François Hollande, le côté opérationnel lui, est pour le moment mis de côté. Aucun prestataire ne serait sur les rangs pour gérer la stratégie en ligne du candidat socialiste et l’éventualité d’un nouveau site pour 2012 reste à l’étude. Du côté de Solferino, des petites mains expliquent que la question est discutée en off, mais toujours pas tranchée. C’est d’ailleurs l’enthousiasme de ces abeilles ouvrières qui pourrait bien faire pencher la balance numérique en faveur du PS, en bousculant les faibles ambitions de François Hollande. Face à une équipe web hollandiste aux contours incertains au-delà de la seule personne de Vincent Feltesse, et dont l’unique fait d’arme est une application envoyant des messages automatisés à partir des comptes Twitter de militants, le siège du PS compte une dizaine de salariés dédiés au web. Jeunes, motivés et qui trépignent d’impatience à l’idée de proposer de nouvelles applications ou des sites innovants. Un bouillonnement qui devra faire rempart à une machine UMP dopée, et déjà en marche.

L’UMP réécrit l’e-Histoire

Dix personnes en interne, une quinzaine à plein temps du côté d’Emakina, boîte qui chapeaute la stratégie marketing en ligne du parti majoritaire, en relation permanente via Skype, sans oublier des modules de formation à Internet pour militants et élus chaque semaine en région… A droite, les rouages sont massifs, imbriqués et tournent pour que Nicolas Sarkozy, une fois déclaré, ”n’ait plus qu’à appuyer sur le bouton”, y compris sur Internet. Misant sur la réactivité, l’équipe de Baptiste Roynette, responsable du web à l’UMP, met en application les idées soufflées par Emakina : infographies sous licence Creative Commons diffusées sur Twitter, programme ouvert aux commentaires sur le site du parti, montage de vidéos courtes démontant l’adversaire socialiste. Sans oublier une plate-forme de veille qui prévoit différents “plans de réactions” en cas de crise, envoi de SMS inclus. Des initiatives se voulant geek-friendly, qui cherchent à rompre avec l’image anti-Internet de l’UMP. “On essaie de montrer tous les jours que notre sensibilité est forte sur les sujets du numérique”, nous explique le directeur adjoint de la communication du parti, Pierre Chassat, qui reconnaît que l’UMP ”avait du retard”.

Sur Internet, la communication est au mea culpa et à la transparence. Sur le fond, on mise sur l’expertise : une convention numérique scindée en deux événements réunissant des observateurs du réseau, un programme en 45 points (dont OWNI avait réalisé un comparatif : “Digitale Martine vs Télématique Sarkozy” ), une secrétaire au numérique politiquement peu clivante, Laure de La Raudière, dont les compétences sont reconnues dans le secteur. Dans la forme, le discours est au fair-play : en interne comme chez Emakina, on dit récuser les ”petites phrases”, la ”guéguerre”, pour ”privilégier le fond”. Et on accuse l’opposition ”d’agressivité, voire de méchanceté”. Les clichés sont retournés, l’e-Histoire réécrite.

L’épiphanie numérique de Nicolas Sarkozy

L’affaire entre Internet et la majorité ? A en croire les membres de l’UMP, elle débute en avril dernier, à l’occasion de l’établissement du Conseil National du Numérique (CNN) par Nicolas Sarkozy, et de la grand messe organisée à Paris, l’e-G8, en amont de la réunion des huit grands de ce monde. Loppsi ? Hadopi ? L’”Internet civilisé” ? Le temps des premiers accrochages est oublié. Du moins c’est ce dont l’UMP veut se convaincre, en essayant d’emporter l’opinion publique avec elle. Hors discours officiel néanmoins, on reconnaît la difficulté de se défaire de ce ”chewing-gum qui colle aux pieds de l’UMP” que demeure Hadopi. Une institution qui tente aujourd’hui de survivre à 2012 et qui représente à elle seule le fossé qui s’est creusé, au fil des années, entre Internet et la majorité. Pour le combler, et rogner la frange d’électeurs qui se situe sur l’autre bord, le parti de Nicolas Sarkozy devra assurer que ses lanternes numériques ne sont pas des vessies clientélistes.

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Une stratégie à laquelle le résident du Château semble vouloir se plier : vendredi dernier, lors d’un long déjeuner avec les membres du CNN, il déclarait sa volonté d’organiser des ”journées du numériques”, la semaine du 5 décembre, pendant laquelle il devrait prononcer plusieurs discours sur le seul sujet d’Internet. Nicolas Sarkozy en pleine e-épiphanie ? C’est en janvier, quand il gardera certains éléments du programme bâti par l’UMP, pour en écarter d’autre, que la révélation numérique du Président prendra corps : purement pragmatique ou étrangement très geek.


Retrouvez dès début décembre une enquête signée Andréa Fradin et Guillaume Ledit sur la campagne numérique de l’UMP et du PS.


Illustration CC FlickR: Scott Beale / Laughing Squid

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Les sondages écrivent notre futur politique http://owni.fr/2011/10/24/les-sondages-ecrivent-notre-futur-politique-presidentielle-ps/ http://owni.fr/2011/10/24/les-sondages-ecrivent-notre-futur-politique-presidentielle-ps/#comments Mon, 24 Oct 2011 09:49:21 +0000 Jean-Paul Jouary http://owni.fr/?p=84264

La question n’est pas, comme pour Hamlet, d’être ou de ne pas être, mais d’en être ou de ne pas en être.
- Marcel Proust

Revenons sur l’idée à laquelle nous étions parvenus dans la chronique précédente : alors que la parole vivante peut engendrer des créations historiques comme certains peuples l’ont prouvé au cours de cette année, les sondages sur les intentions de vote induisent des comportements d’adaptation à un avenir déjà écrit et enferment dans les logiques présentes. Ils ne sont cependant pas vécus comme tels.

Que le citoyen soit hésitant ou bien déjà décidé, il recevra les sondages comme un futur déjà écrit et ne pourra alors que s’interroger sur ce qu’il peut faire pour garantir ou empêcher ce futur. Dès lors, ce n’est plus son opinion ou ses engagements qui seront son critère de choix, mais une certaine idée de l’efficacité qui risque fort de l’inviter dans certains cas à rechercher à peser contre ce qu’il ressent comme la pire des perspectives, et dans d’autres cas à se réjouir de la configuration finale mais à rechercher le signe qu’il pourrait envoyer au premier tour à l’adresse du futur vainqueur. Un certain 21 avril encore tout proche, la certitude répétée que la gauche serait opposée à la droite au second tour, alimentée pendant deux ans par les sondages, éleva la présence de Lionel Jospin à ce second tour au rang de certitude absolue. Un futur nécessaire. Dès lors chacun se sentit en droit, au premier tour, de lui envoyer un message d’exigence de gauche et de mécontentements divers. Dès lors, ce présent engendra un futur modifié, et le cauchemar de Le Pen au second tour.

Jamais sondages d’opinion ne manifestèrent avant autant d’évidences leur capacité non à prévoir l’avenir, mais à le modifier à la façon des prévisions de trafic automobile de « bison futé », que nous évoquions dans notre précédente chronique. Et cette leçon a inspiré les sondages de la campagne présidentielle de 2012. Passons sur tous ceux qui prévoyaient une victoire de DSK, finalement écarté de l’élection dans les conditions que l’on sait. Ils rappelèrent les centaines d’enquêtes qui mesurèrent en 1995 le rapport Balladur / Delors au second tour d’une présidentielle où aucun des deux ne figura.

Cette fois, tout commence vraiment au mois de mars 2011 : deux sondages aux méthodes farfelues placent Marine Le Pen en tête des intentions de vote. Effroi : à droite comme à gauche, l’idée d’un nouveau 21 avril commence à dissuader de voter pour un candidat autre que le Président sortant ou le candidat socialiste. Du coup, les enquêtes suivantes consacrent cette bi-polarisation et découragent bien des autres candidats de se présenter.

On sait désormais qu’entre les intentions de vote et ce que sera réellement le vote, deux candidats seulement bénéficieront d’un réflexe de vote efficace au détriment de tous les autres. Et tant pis pour les convictions profondes des citoyens. Même pour se déterminer lors des « primaires » socialistes, chacun se demande avant tout qui serait le mieux placé pour figurer et l’emporter au second tour. Cela ne suffit pas : malgré l’absence d’échantillon crédible, malgré l’inconnue de la participation à ce scrutin sans précédent, les sondages d’intention de vote vont dès ce niveau pré-figurer qui peut accéder au second tour de la primaire elle-même, et induire la recherche du vote efficace.

Allons plus loin : puisque les sondages d’intention de vote contribuent en fait à les façonner, les divers scrutins finissent soit par leur donner raison, soit par leur donner tort parce que tel était le but recherché. Comme « bison futé » paraît avoir tort lorsque, à l’heure annoncée comme devant être celle des embouteillages, la circulation est finalement fluide : la prévision est démentie parce qu’elle a modifié les comportements des automobilistes dans le sens voulu.

Malgré l’absence d’échantillon crédible, malgré l’inconnue de la participation à ce scrutin sans précédent, les sondages d’intention de vote vont dès ce niveau pré-figurer qui peut accéder au second tour de la primaire elle-même, et induire la recherche du vote efficace.

Je ne choisis plus le moment de mon départ en vacances selon mon désir, mais selon ce que l’on m’annonce comme futur découlant des choix qui découlent de mon désir. En matière d’élection, je ne choisis plus mon vote selon mes idées, mais selon ce que l’on m’annonce comme futur découlant des choix dictés par mes convictions. Je dois abandonner mon être au profit d’une foule extérieure à moi dont je dois ou ne dois par faire partie. Comme l’écrivait déjà Marcel Proust dans Sodome et Gomorrhe à propos de la politique en France, « La question n’est pas, comme pour Hamlet, d’être ou de ne pas être, mais d’en être ou de ne pas en être ».

Mais cette question en amène aussitôt une autre : comment les citoyens ont-ils pu être conduits à concevoir la politique, non plus comme une libre participation à un avenir commun, mais comme le transfert de leur souveraineté à une ou plusieurs personnes providentielles ? Si la démocratie suppose bien sûr le suffrage universel, le suffrage universel suffit-il à assurer la démocratie ? Cette interrogation a vingt six siècles, parce qu’elle est aussi ancienne que l’idée même de démocratie. Il faudra donc y revenir dans la prochaine chronique.

NB : A lire, si ce n’est fait, Le pari mélancolique, du regretté philosophe Daniel Bensaïd, publié aux éditions Fayard, pour sa façon d’articuler l’espace et le temps du politique, à l’aide de Pascal, Marx et Mallarmé. Une œuvre qui invite à s’expliquer avec la politique, en tant qu’ « elle a toujours affaire à l’obscurité et au péril des lendemains ».


Photo via Flickr par Paternité Sarai | Fotography et illustration de Marion Boucharlat pour Owni /-)

Essayiste, Jean-Paul Jouary chronique avec philosophie une présidentielle pleine de philosophie. Retrouvez ses billets sur OWNI.fr.

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Un pro-UMP|| se paye Hollande2012.fr http://owni.fr/2011/10/18/hollande2012-fr-pro-ump-ps-hollande-internet/ http://owni.fr/2011/10/18/hollande2012-fr-pro-ump-ps-hollande-internet/#comments Tue, 18 Oct 2011 13:00:27 +0000 Andréa Fradin et Christophe Khaldi http://owni.fr/?p=83802 L’URL hollande2012.fr a été victime d’une redirection vers le site de la majorité. Une mesquinerie classique sur Internet, dont le candidat socialiste à la présidentielle a fait les frais, à peine adoubé par le dernier tour de la primaire du PS.

Retrouvé par OWNI, le détenteur du nom de domaine explique “ne pas être dans la politique”, bien qu’encarté à l’UMP. Il explique avoir acheté hollande2012.fr il y a quelques années, le laissant en friche jusqu’à l’épisode de la primaire, selon lui “trop médiatisé”. Une exposition qui explique la redirection ces derniers jours vers le site de l’UMP ;“un simple pied de nez” indique le jeune homme, qui affiche désormais une annonce de recherche d’emploi sur hollande2012.fr :

Peut-être qu’avec les mesures qui sont promises par la gauche, et mises en place par la droite, je serais en mesure de trouver un travail ?

Dans l’intervalle je vous recommande la visite du site du parti presidentiel : www.u-m-p.org
Autre site intéressant : www.encampagnevers2012.com [ndlr: hebergé sur le même serveur que hollande2012.fr]

Repérée sur Twitter dimanche dernier, la redirection a tout de suite été attribuée à l’UMP. Le parti majoritaire assure ne pas connaitre le responsable et dit rejeter ce genre de “guéguerre”.

Toujours sur Twitter, le responsable Internet pour le parti majoritaire Baptiste Roynette a été directement mis en cause. Une accusation à laquelle il a répondu aujourd’hui, par le message suivant: “Nous avons découvert hollande2012.fr ce matin, par fair-play nous avons prévenu les équipes de hollande , nous essayons de bloquer l’url”.

Pour récupérer le nom de domaine, Vincent Feltesse, directeur de la campagne numérique de François Hollande, envisagerait une plainte auprès de l’Afnic, l’Association française pour le nommage Internet en coopération. “Il existe désormais une législation précise, on peut récupérer les noms de domaines qui sont liés à une marque ou à un nom”, confiait-il à Libération.

Reste que l’affaire ouvre le bal de la campagne numérique. Et si du côté de l’UMP, on joue aujourd’hui la prudence, cet incident entraînant trop de commentaires négatifs pour être lucratif, force est de constater que les troupes sont prêtes à dégainer sur le réseau. Exercice auquel elles sont d’ailleurs formées sur le site même de l’UMP, et via des sessions organisées en région.

Quant à François Hollande, cet épisode malheureux ne fait que raviver les doutes sur sa compétence et son intérêt pour Internet. Lancé dans la campagne de la primaire socialiste, le candidat n’a pas pris la parole sur le numérique, à la différence de sa rivale Martine Aubry. Seul fait d’arme: le rétropédalage en urgence au sujet de l’Hadopi, dont il avait assuré le maintien devant la Société civile des auteurs, réalisateurs, producteurs (LARP), avant de se rétracter sur France Inter (voir vidéo ci-dessous). Porteur d’un programme a minima sur ces questions, lui et ses équipes ont encore un long e-chemin à parcourir d’ici à 2012.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Màj: A noter, le candidat présumé – toujours pas déclaré – de l’UMP n’est pas en reste pour les noms de domaines, puisque www.nicolassarkozy2012.fr redirige… vers un salon de tatouage !

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Une incertitude primaire http://owni.fr/2011/10/10/une-incertitude-primaire/ http://owni.fr/2011/10/10/une-incertitude-primaire/#comments Mon, 10 Oct 2011 16:14:57 +0000 Jean-Paul Jouary http://owni.fr/?p=82782

En aucun cas et d’aucune manière le passé par lui-même ne peut produire un acte.

– Jean-Paul Sartre, L’être et le néant

Prisonnier d’un de ces embouteillages dont Paris a le secret certains dimanches soirs, la radio m’apprend que l’Université du Tennessee vient de réaliser un super-ordinateur appelé Nautilus, censé posséder la capacité de prédire l’avenir en analysant des centaines de millions d’articles de presse anglophones et des rapports gouvernementaux américains. Il s’agit pour ses concepteurs de “prévoir le comportement humain à grande échelle”, en associant des localisations géographiques à des fréquences de mots comme “bonheur” ou “malheur” selon des méthodes de calcul, précisent-ils “très proches des algorithmes utilisés dans les prévisions économiques”.

Cela devrait inquiéter, puisque ces algorithmes n’ont pas permis de prévoir la crise des subprimes, mais cet ordinateur a déjà réussi, apprend-on, à prévoir la révolution tunisienne et le lieu où se cachait Ben Laden (à 200 km près !) une fois que ces événements ont eu lieu. Diantre ! Ces chercheurs, comme les commentateurs de Nostradamus, ont donc déjà prédit le passé.

Tandis que je rêvassais dans mon embouteillage je réalisai que, pour l’éviter, j’avais pourtant suivi à la lettre les prévisions de “Bison futé”, lequel avait recommandé d’éviter d’approcher la capitale après 18 heures. J’avais donc avancé mon départ d’une heure. Or, à 17 heures, s’était formé un bouchon géant. “Bison futé” s’était-il trompé dans ses prévisions ? Sans doute pas : ses prévisions s’appuient sur les horaires et itinéraires projetés par les automobilistes, tels que les révèlent de puissantes enquêtes.

Mais tant de gens avaient comme moi décalé d’une heure leur retour pour suivre les conseils de “Bison futé”, que nous nous étions ajoutés à ceux qui, ayant eu l’intention de revenir à cette heure-là, avaient bien sûr conservé leur projet. Du coup, c’est parce que la prévision était pertinente que la réalité ne lui correspondait plus. Je me dis alors que, pour des humains, avoir connaissance du futur qui peut découler de leurs projets présents les conduit à modifier leur comportement présent, donc le futur qui peut en découler. C’est alors que me revînt une phrase qui se trouve dans L’être et le néant de Jean-Paul Sartre : “En aucun cas et d’aucune manière le passé par lui-même ne peut produire un acte”.

Bien sûr, il faudrait être fou pour prétendre que nos choix ne sont en rien engendrés par les circonstances, notre passé individuel et collectif, les tendances lourdes qui agissent sur le mouvement des sociétés pour l’essentiel à notre insu. Tout événement trouve dans les événements qui le précèdent, sinon une “explication”, du moins autant d’éléments qui permettent d’en éclairer la genèse à tel moment et en tel lieu. Pour autant, cet événement était-il déterminé par ce passé comme une sorte de nécessité unique ? N’y avait-il d’autres possibles ? Pour défendre cette idée, point n’est besoin de partager avec Descartes par exemple une conception métaphysique de la “Liberté” du sujet, qui aurait reçu de Dieu une âme spirituelle munie d’une “Volonté” échappant à tout déterminisme.

Après tout, Marx avait souligné dans toute son œuvre que “ce sont les hommes qui font l’histoire, mais dans des conditions déterminées”. Les conditions peuvent être déterminées, l’histoire demeure tout de même l’œuvre des hommes. C’est pourquoi Marx remarquait aussi que “l’histoire a toujours plus d’imagination que nous”. Non que nous manquions d’imagination, d’ailleurs : c’est même parce que nous imaginons un certain futur que, ce futur nous effrayant ou nous séduisant, nous modifions nos façons d’agir de sorte que le futur que nous imaginions ne peut jamais se réaliser. Si la devise anarchiste “Ni Dieu ni maître” a un sens, c’est bien lorsqu’on l’applique au temps. Jamais le futur ne sera écrit dans les pages du présent.

Toujours bloqué dans mon embouteillage, la même radio me délivre comme chaque jour ou presque un sondage sur les intentions de vote des Français pour la prochaine élection présidentielle de 2012. Pour être bloqué dans son véhicule on n’en reste pas moins philosophe : Nautilus, “Bison futé”, sondages, ces trois choses me sont apparues comme liées sur l’essentiel, une même prétention à nier la créativité du temps. Si le 21 avril 2002 Lionel Jospin s’était retrouvé derrière Le Pen au premier tour de la présidentielle, c’est bien parce que, sondages aidant, les électeurs de gauche étaient si certains qu’ils n’en serait rien, qu’ils avaient choisi de lui faire savoir leur mécontentement en votant plus à gauche au premier tour. C’est ainsi qu’une certitude connue devient une erreur dès lors qu’on prétend qu’un certain futur est inscrit dans le présent. Un sondage ne pré-voit jamais l’avenir : il indique ce que cet avenir serait si rien ne changeait entre-temps. Mais, puisqu’il prétend pré-voir, il change le présent donc l’avenir.

Tout sondage d’intention de vote est donc un moyen de peser sur le cours des choses. Au lieu de faire circuler la parole comme lors des mouvements récents avec les réseaux sociaux, ce qui permet de créer un avenir à partir des aspirations communes, ces sondages donnent à chacun l’illusion qu’un certain avenir existant déjà, il ne reste plus à chacun qu’à s’y adapter pour le meilleur et surtout pour le pire. En 2011, cette fabrique d’illusions a été élevée à la hauteur d’une véritable stratégie. Il faudra y revenir.

NB : Sur la possibilité d’imposer par le haut une campagne qui sème le doute sur de véritables catastrophes humaines (amiante, tabac, réchauffement climatique) lire le livre de Stéphane Foucart Le populisme climatique. Claude Allègre et Cie, enquête sur les ennemis de la science, que viennent de publier les éditions Denoël. On y trouve même une description des moyens d’utiliser Internet, non pour développer une réflexion et un dialogue citoyens, mais pour en dévoyer au contraire le contenu.


Illustration: Marion Boucharlat

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