OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Du storytelling digital au storytalking politique http://owni.fr/2009/11/15/du-storytelling-digital-au-storytalking-politique/ http://owni.fr/2009/11/15/du-storytelling-digital-au-storytalking-politique/#comments Sun, 15 Nov 2009 14:28:28 +0000 Luc Mandret http://owni.fr/?p=5447

Nicolas Sarkozy sur Facebook, le Président de la République et ses 186 000 “fans”: face au succès du réseau social et de ces plus de 11 millions de Français inscrits, la communication de l’Elysée a compris tout l’intérêt de communiquer sur Facebook. Un large public, captif et bavard, la possibilité de passer outre les diffuseurs d’actualités: Facebook aurait du être “the place to be” pour les communicants politiques drogués au storytelling.

Digital Sarkozy chute au pied du Mur de Berlin

Le 8 novembre, le Président de la République écrit pour ses Fans et sous une photo de Sarkozy Nicolas devant le Mur de Berlin, il raconte son histoire personnelle mêlée à l’Histoire de la Chute du Mur: “J’étais alors secrétaire général adjoint du RPR. Le 9 novembre au matin, nous nous intéressons aux informations qui arrivent de Berlin, et semblent annoncer du changement dans la capitale divisée de l’Allemagne. Nous décidons de quitter Paris avec Alain Juppé pour participer à l’événement qui se profile. Arrivés à Berlin ouest, nous filons vers la porte de Brandebourg où une foule enthousiaste s’est déjà amassée à l’annonce de l’ouverture probable du mur“.

Un mensonge révélé alors par le journaliste Alain Auffray sur son blog: “Le matin du 9 novembre, personne à Paris – ni même à Berlin – ne pouvait soupçonner que le mur allait tomber. Les radios et télévisions ouest-allemandes n’ont commencé à évoquer la ‘libre circulation’ qu’à partir de 20h. Et ce n’est qu’après 23 heures que les Berlinois de l’Est, prenant ces informations prématurées pour argent comptant, furent si nombreux à se masser devant le poste frontière de la Bornholmer Strasse que les garde-frontière est-allemands finirent par lever la barrière“.

On connaît la suite, l’emballement médiatique, les revirements d’Alain Juppé, le soutien de François Fillon. Et le malaise: Nicolas Sarkozy aurait-il menti? Un Président pourrait-il mentir consciemment? Si seulement le conseiller en charge du profil Facebook de Nicolas Sarkozy s’était trompé, un simple rectificatif aurait suffit. Mais l’Elysée s’arc-boute sur ses ses positions. Le malaise perdure.

Le Parisien révèle alors la suppression de certains commentaires sur la page de Nicolas Sarkozy: l’affaire dans l’affaire surgit. La cellule internet de l’Elysée, dirigée par Nicolas Princen (déjà montré du doigt lors de sa prise de poste consistant notamment à “surveiller tout ce qui se dit sur la Toile, traquer les fausses rumeurs et déjouer toute désinformation à l’encontre du Président”), en charge du Facebook de Sarkozy fait savoir: “On ne supprime que les messages injurieux, haineux, vulgaires ou à caractère antisémite ou homophobe. Les messages critiques, négatifs, on les laisse. C’est le jeu participatif“. Trop tard le mal est fait. Le soupçon de censure est lancé.

Le storytelling digital est mort…

En lisant les commentaires des internautes sur la Fan Page de Nicolas Sarkozy sur Facebook, on constate avec effroi l’ambiguïté de cette communication: nombreux sont celles et ceux s’adressant directement au Président de la République. Sauf que le Président de la République n’est pas leur interlocuteur. Au final, un mensonge, une fois de plus, mais par omission. Bien entretenu par les communicants de Sarkozy, en utilisant la première personne du singulier lorsqu’ils alimentent ce profil Facebook.

Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’état à la Prospective et au Développement de l’Economie Numérique, quant à elle, alimente elle-même son compte Twitter et son profil Facebook. Elle a réussi à créer un lien direct avec les citoyens. Mais comme le remarque à juste titre Eric Maillard à l’occasion d’un échange entre NKM et le journaliste du Monde Xavier Ternisien, cela ne change en rien le besoin impérieux pour les politiques d’avoir un conseiller en communication afin de gérer leur agenda médiatique.

D’un côté donc, des ministres qui gèrent réellement leur identité numérique, de l’autre un Président qui le fait croire. Une certitude: la mauvaise gestion du storytelling digital pour Nicolas Sarkozy, révélée par sa présence sur Facebook. Sur le site de la Présidence de la République, c’est “M. le Président de la République” dont on raconte les journées. La troisième personne du singulier versus la première. Une énorme différence, alors même que Nicolas Sarkozy n’est jamais lui-même derrière son écran.

… vive le storytalking digital!

L’article du Parisien annonçait également le 13 Novembre la poursuite, malgré la polémique, de l’activité de Nicolas Sarkozy sur Facebook: “Selon nos informations, il devrait poster dans les jours qui viennent deux nouveaux messages: un sur la grippe A et un pour soutenir l’équipe de France de football avant le match contre l’Irlande pour la qualification à la Coupe du monde de football“. Bingo! Le 14 novembre, on peut lire sur le Facebook de Nicolas Sarkozy: “Je veux apporter mon plein soutien à l’équipe de France de football qui va disputer deux matchs déterminants de qualification pour la coupe de monde de 2010 en Afrique du Sud“.

Démonstration de la construction des histoires, de la préparation en amont des actualités digitales de Nicolas Sarkozy. A l’encontre même de ce que doit être Internet: un lieu d’instantanéité, de spontanéité, et d’échanges.

Le Web social, s’il a bouleversé le Web d’une part, les médias d’autre part, trouve son intérêt dans la possibilité d’échanger, de dialoguer. La fin de cette communication “top-down”, l’avènement de la chute des barrières entre “élites” et citoyens en politique, entre marques et consommateurs dans le privé.

La communication digitale des hommes politiques, pour être réussie ne devra plus se contenter de raconter des histoires, copier-coller du storytelling classique. Les histoires se raconteront avec les citoyens, certes en lançant des sujets, en orientant les débats, en animant les communautés, mais surtout en étant simplement un interlocuteur des internautes: le storytalking est né.

» Article initialement publié sur le blog de Luc Mandret

» Article également publié sur L’Express.fr

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Cheveux au vent, Saint-Michel-Sarkozy explose les cocos ! http://owni.fr/2009/11/12/cheveux-au-vent-sarkozy-explose-les-cocos-au-mur-de-berlin/ http://owni.fr/2009/11/12/cheveux-au-vent-sarkozy-explose-les-cocos-au-mur-de-berlin/#comments Thu, 12 Nov 2009 17:37:55 +0000 JBB (Article XI) http://owni.fr/?p=5400 Mieux que ce bon vieux Alexandre Issaïevitch Soljénitsyne ! Depuis ce matin et un changement de statut Facebook, le monde entier sait qu’il doit sa liberté (ou peu s’en faut) au président français. Il ignore encore – par contre – que l’effondrement du mur de Berlin n’est pas le seul coup d’éclat de Nicolas Sarkozy, infatigable militant de l’anti-communisme. La preuve en images.

Cela commence à se dire.

À se murmurer.

À se savoir, donc.

Et il n’est désormais plus guère de Français ignorant que le royal meneur de revue, bûcheron d’élite, a fait tomber le mur de Berlin comme d’autres abattent les sapins à la volée.

Il y était !

En personne !

Et pas qu’un peu, hein : il pesait d’une épaule vigoureuse sur le béton, arrachait des bouts de ciment avec ses ongles, luttait pied à pied avec des gardes-frontières liberticides et usait – porté par les encouragements d’une foule enthousiaste – d’une lourde masse d’arme pour mieux faire tomber ce mur honni.

Bref : il s’est battu comme un lion pour la liberté des peuples, militant acharné arpentant le monde pour faire tomber les derniers vestiges du communisme.

La classe !
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Comme d’habitude, il s’en trouvera pour médire, douter et crier au coup de communication trop vite monté en sauce.

Mécréants qui se refuseront à rendre au président ce qui lui revient de droit, soit la paternité de la poussée décisive ayant provoqué la chute du mur.

Et hérétiques n’acceptant pas le rôle majeur joué par Saint-Michel-Sarkozy dans l’écroulement du communisme, archange ayant finalement bien piétiné la tronche au sale dragon marxiste.

Qu’importe ces gens de peu de foi, trop habitués à nager dans le scepticisme pour reconnaître à la réalité sa force brute [1], nous – toi comme moi – savons à quoi nous en tenir.

Sarkozy est grand !

Alain Juppé est son prophète !

Et tous deux, partis ensemble pour Berlin en 1989 [2], ont joué un rôle majeur dans la mise au pas d’une rance idéologie !

Voilà…
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D’ailleurs : je constate avec joie que nous sommes entre gens de bonne compagnie.

Et je ne résiste pas au plaisir de te dévoiler quelques clichés qu’Article11 conservait au secret, photos attendant l’instant idoine pour être rendues publiques.

Il me semble que – justement – ce moment est venu.

Et qu’il serait contre-productif de dissimuler plus longtemps des pièces historiques importantes, aussi essentielles pour comprendre le magnifique destin présidentiel de Nicolas Sarkozy que pour mieux appréhender les décennies qui, des premiers soubresauts des années 1960 jusqu’aux événements de 1989, ont conduit à l’effondrement du bloc soviétique.

Juge donc par toi-même :

4 juin 1961 : le président du Conseil des ministres de l’URSS, Nikita Khrouchtchev, homme qui a dénoncé le culte et la terreur staliniens dans un XXe rapport passé à la postérité, inaugure “la détente” et se rend à Viennes pour rencontrer Kennedy. Les deux hommes se serrent la main sous l’œil concentré d’un jeune étudiant de droit, militant anti-communiste venu en Autriche en stop et en compagnie de son ami Alain Madelin.
Nicolas Sarkozy – puisque c’est bien lui – expliquera plus tard : « Le 4 juin au matin, nous nous intéressons aux informations qui arrivent de Viennes, et semblent annoncer du changement dans les rapports entre Kennedy et Khrouchtchev. Nous décidons de quitter Paris avec Alain Madelin pour participer à l’événement qui se profile. »

26 juin 1963 : John Kennedy se rend à Berlin-Ouest, ville emmurée et devenue symbole. Il y prononce, devant une foule incroyable, un discours reste célèbre. Et lance un « Ich bin ein Berliner » mythique, phrase à laquelle fait écho celle d’un jeune militant anti-communiste français, assis juste derrière lui : « Ich auch. »
Nicolas Sarkozy – puisque c’est bien lui – expliquera plus tard : « Le 26 juin au matin, nous nous intéressons aux informations qui arrivent de Berlin-Ouest, et semblent annoncer du changement dans les rapports entre l’Allemagne et les États-Unis. Nous décidons de quitter Paris avec Patrick Devedjian pour participer à l’événement qui se profile. »

21 novembre 1985 : Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev entament, à Genève, un cycle de discussions et d’accords décisifs, qui mènera à la signature en 1987 du Traité de Washington et à une belle avancée en matière de désarmement. Devant un parterre de journalistes et de photographes, en présence d’un jeune militant anti-communiste français qui a suivi toutes les négociations, les deux présidents se serrent chaleureusement la main.
Nicolas Sarkozy – puisque c’est bien lui – expliquera plus tard : « Le 21 novembre au matin, nous nous intéressons aux informations qui arrivent de Genève, et semblent annoncer du changement dans les rapports entre l’URSS et les États-Unis. Nous décidons de quitter Paris à moto et avec Christian Estrosi pour participer à l’événement qui se profile. »

5 juin 1989 : entre le 15 avril et le 4 juin 1989, les manifestations se sont succédées sur la place Tian’anmen, réunissant tous ceux qui, à Pékin, rêvent de réformes politiques et démocratiques. Très durement réprimé, le mouvement finit par mourir dans le sang et les larmes. Mais compte un dernier coup d’éclat, ultime symbole de la volonté de ne pas abandonner la lutte : un homme politique français, par ailleurs militant anti-communiste, se place sur la route d’une colonne de chars chinois et la force à faire halte.
Nicolas Sarkozy – puisque c’est bien lui – expliquera plus tard : « Le 5 juin au matin, nous nous intéressons aux informations qui arrivent de Pékin, et semblent n’annoncer aucun changement dans les rapports entre le pouvoir et les manifestants. Nous décidons de quitter Paris à pied et avec François Fillon pour participer à l’événement qui se profile. »
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Maintenant que tu as pu vérifier par toi-même.

Dis-moi : est-ce que c’est pas nous qu’on a le meilleur président du monde ?

Hein ?


Notes

[1] Note que ce sont les mêmes tristes sires qui – déjà – contestaient le rôle majeur joué par le grand timonier dans la relance de la construction européenne ou la résolution du conflit géorgien.

[2] « Le 9 novembre au matin, nous nous intéressons aux informations qui arrivent de Berlin, et semblent annoncer du changement dans la capitale divisée de l’Allemagne. Nous décidons de quitter Paris avec Alain Juppé pour participer à l’événement qui se profile », explique Nicolas Sarkozy. Quel flair !


» Article initialement publié sur Article 11 (voir en commentaires pour d’autres merveilleux photomontages)

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