OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les data en forme http://owni.fr/2012/07/31/les-data-en-forme-41/ http://owni.fr/2012/07/31/les-data-en-forme-41/#comments Tue, 31 Jul 2012 09:05:15 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=117322 Owni se mettent à l'heure des Jeux Olympiques et vous offrent une veille hebdomadaire 100% sport.]]> Les évènements sportifs collectionnent les données, et ce n’est pas pour nous déplaire. La toile s’est enflammée ces dernières semaines pour toutes sortes de compétitions. Après un retour sur les championnats de l’année, nous revisiterons le Tour de France, et nous plongerons dans les Jeux Olympiques de Londres.

Les championnats en ligne de mire

Commençons par un coup d’œil sur les championnats des années passées. Hyperakt revient sur les matchs de l’UEFA, de la NBA et autres ligues sous forme de cibles.  Chaque “secteur” de la cible représente une équipe à laquelle une couleur est attribuée. Un petit losange blanc marque les affrontements entre les clubs. L’équipe gagnante progresse ensuite vers le centre de la cible.

La forme originale et très esthétique atteint son but. Qu’il s’agisse du Bayern de Munich contre le Chelsea Football Club, ou des Miami Heats contre Oklahoma City, les fans peuvent suivre en un clin d’oeil l’ascension de leur équipe. Mais ce n’est pas tout. Ces cibles peuvent être achetées en ligne, l’occasion pour les supporters déçus de se défouler à coup de fléchettes sur un match perdu.

Les data en selle

On continue avec le Tour de France qui s’est achevé il y a maintenant une semaine.  Cette année, et pour la première de son histoire, le Tour a consacré un Britannique. L’occasion pour les datajournalistes du Guardian de revenir sur la compétition mythique, et de rendre hommage aux nombreux gagnants depuis 1903.

Tout en précisant à chaque fois la nationalité des coureurs, différents filtres sont mis à disposition de l’internaute afin de mettre en valeur les performances des vainqueurs du Tour : l’âge, la vitesse moyenne, la distance parcourue, le pourcentage d’abandons ou encore le nombre de cyclistes ayant franchi la ligne d’arrivée.

Si, de prime abord, la visualisation manque d’attrait, elle permet malgré tout de fouiller les données en détail et de retrouver les performances des plus grands coureurs, de Maurice Garin à Bradley Wiggins.

Podiums olympiques

On enchaîne avec une visualisation interactive des médailles remportées lors de chaque Jeux Olympiques depuis 1896. Cette infographie, qui rappelle des cellules observées sous un microscope, s’organise autour des pays et de la couleur des médailles. Des pictogrammes colorés permettent également d’obtenir le classement par discipline sportive.

Une timeline interactive anime même les données dans le temps en fonction des résultats lors des différentes éditions des J.O.

Cerise sur le podium, ce module, publié sur Franceinfo.fr et conçu par Wedodata, est actualisé quotidiennement afin d’y intégrer les résultats des épreuves en cours au fur et à mesure.

Les Français aux J.O. de Londres

Wedodata ne s’arrête pas là dans sa collaboration avec France Info. Une autre application permet de découvrir les athlètes français présents dans la capitale britannique.

Ce trombinoscope présente les sportifs par discipline, par âge, par sexe et par département de leur club. Il est également possible de voir leur(s) participation(s) aux J.O. précédents, et de découvrir s’ils ont déjà été médaillés ou non. Un onglet “Médaillés 2012″ est là aussi mis à jour quotidiennement et révèle les athlètes récompensés depuis le début des Jeux de Londres.

Quel athlète êtes-vous?

Lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, vous avez peut-être rêvé de devenir gymnaste comme Li Xiaopeng ou nageuse comme Nathalie Goughlin. La BBC vous propose de découvrir à quel athlète olympique vous ressemblez le plus. Pour cette application, en espagnol uniquement, la chaîne a repris les noms, la taille et le poids des 1 882 athlètes ayant remporté les 2 058 médailles des Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

Il vous suffit donc d’entrer votre taille et votre poids pour voir apparaître les sportifs dont les morphologies sont similaires à la vôtre. Un nuage de carrés oranges vous permet de découvrir tous les athlètes sur des axes reprenant leurs mesures.

De fait, si vous mesurez 1,75 m et que vous pesez 68 kg, vous remarquerez que vous ressemblez à la basketteuse américaine Sue Bird, à la joueuse de tennis Serena Williams, ou encore à l’athlète russe Maksim Dyldin.

Les J.O. sur les réseaux

Les marques ont toujours utilisé les grands évènements pour faire de la pub, ce n’est pas un secret, mais depuis l’avènement des réseaux sociaux, les compétitions sportives mondiales se vivent différemment, et se partagent avec le monde entier. 2012 et les J.O. de Londres enregistrent déjà des chiffres records.

Le Pappas Group le met en évidence dans une infographie aux couleurs chatoyantes. Qu’il s’agisse de YouTube, Twitter, Facebook, Google, ou des chaînes utilisées par les sponsors officiels, le Pappas Group raconte le pouvoir des réseaux lors d’une compétition mondiale.

Ainsi, la vidéo de promotion de Coca-Cola “Move to the beat” a été postée plus de 3 millions de fois sur Facebook, de même que les “Global cheers” de Visa ont été postés sur Facebook et Youtube près de 18 millions de fois.

Cashback 2012

Pour finir, alors que la crise économique est dans toutes les têtes, on peut se demander combien coûte un évènement comme les Jeux Olympiques ? Le Guardian propose cette semaine une balade au cœur du porte-monnaie des Jeux.

Sous la forme d’un système solaire, les £10.8 milliards (€12.8 milliards) dépensés dans la compétition par le comité olympique (Locog), les autorités publiques et l’Olympic Delivery Authority, de même que les £11.3 milliards (€14 milliards) de financement sont décortiqués. Chaque bulle a une couleur propre à l’autorité concernée.

On y découvre que £475 millions (€607.7 millions) sont alloués aux services de sécurité, de police et de l’armée, et que le gouvernement britannique débourse £6.2 milliards (€7.7 milliards) dans la compétition. Une visualisation interactive minimaliste qui a le mérite de donner un aperçu clair du budget des J.O.

Bonne data-semaine à tous !


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Les Data en forme http://owni.fr/2012/07/24/les-data-en-forme-10/ http://owni.fr/2012/07/24/les-data-en-forme-10/#comments Tue, 24 Jul 2012 10:23:36 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=116784 Owni. Souriez, c'est l'été.]]> Vous n’envisagez pas de commencer votre journée de travail – ou de vacances – sans une tasse de café ? Ce best-of de Visual.ly est pour vous : 20 infographies filtrant le café sous toutes ses formes. Non seulement cet ensemble rend compte de la diversité des angles pouvant être mis en scène sur un même sujet, mais il offre également la possibilité de comparer l’esthétique et la lisibilité des infographies et donc de repérer les bonnes pratiques.

La toute première “The Caffeine poster” est ainsi peu réussie : travail design plus que léger, avec pour toute mise en scène de l’information le placement de produits au moyen de flèches, sur un axe à la couleur décroissante pour indiquer la concentration en caféine.

La quatrième “The Health Benefits of Coffee vs Tea” témoigne d’un travail plus riche, tant au niveau design que données. On y apprend par exemple que la vente annuelle de thé rapporte deux fois que celle du café, et les avantages/inconvénients de chaque breuvage : le thé contient du fluor qui protège les dents mais également du tanin, qui réduit les capacités d’absorption de fer de notre organisme, favorisant ainsi l’anémie. A l’inverse, le café aide à prévenir le diabète de type 2 mais réduit l’afflux du sang au cœur. Il en reste 18 à découvrir…

Paye ta TV

Après cette tasse de café, passons à des sujets plus sérieux. Par exemple, le financement des chaînes publiques par la redevance. Encore une belle illustration d’un travail sur l’open data à l’anglo-saxonne, qui nous est apporté par le Guardian. Dans son rapport annuel, la BBC détaille le budget et le financement de ses différentes chaînes et filiales. Le Guardian a isolé les financements issus de la redevance audiovisuelle pour représenter dans un tree map la répartition entre les chaînes du groupe, et l’évolution par rapport à l’année précédente. Le résultat est très lisible – BBC One et BBC Two restent les deux grandes gagnantes, mais avec l’évolution notable de CBBC (chaîne pour enfants).

L’infographie livre également les données globales de la taxe audiovisuelle : plus de 3 millions de livres ont été versés à la BBC, obtenus grâce à 25,7 millions de foyers payant une redevance de 145,50 de livres.

Le turn over des journalistes

Pendant que l’on parle des médias… Chaque été nous le prouve : le mercato n’est pas un phénomène réservé aux footballeurs, les journalistes aussi sont concernés ; bien que ces tractations intéressent probablement surtout le petit cercle de la profession plutôt que le grand public.

Télérama a cependant recensé ces mouvements entre médias en une infographie interactive. La catégorisation des journalistes (les “people”, les “loosers”, les “winners”) est un peu étonnante et les informations peu claires : il faut cliquer sur la silhouette et bien étudier le cheminement dessiné par les cases entre média entrant et média sortant pour comprendre le sens du mouvement. Mais l’idée et le contenu sont intéressants, d’autant que les mises à jour sont régulières.

Le chrome du web

Ce projet est un peu à la marge des sujets habituellement évoqués dans cette chronique. Son impact sur le data journalisme se traduira de manière indirecte : le “chrome web lab” est une vitrine de ce que le html permet de faire de plus impressionnant. Et un projet évidemment à la gloire de Chrome, le navigateur de Google.

Cinq expériences vous sont proposées :

• “Universal Orchestra” : avec un panel d’instruments (numériques) à votre disposition, vous pouvez jouer en ligne, seul, ou avec d’autres personnes sur un des réseaux disponibles et partenaires comme le Musée de Londres ;
• “Teleporter” vous promene dans trois différents lieux du monde grâce à des screenshots réalisés par des personnes impliquées dans le réseau ;
• “Sketchbots” dessine votre portrait « robot » à partir d’une de vos photos ;
• “Data tracer” retrouve la trace de n’importe quelle image publiée sur le web et vous renseigne sur l’endroit où elle est hébergée ;

• “Lab tag Explorer” recense la trace de chaque utilisateur du Web Lab au moyen de formes géométriques. En cliquant sur l’une d’elles, vous accédez au “profil” de cet utilisateur, pour voir ce qu’il a créé sur le Web Lab : sur chaque expérience, vous pouvez en effet sauvegarder et partager chacune de vos créations.

Chaque projet dispose d’un onglet “how it works” expliquant les technologies utilisées. Les expériences sont amusantes mais le vrai intérêt de ce site réside dans la beauté visuelle et la souplesse de la navigation, qui nous transporte dans un nouvel univers du web et renouvelle les perspectives en termes de dataviz et applications web.

Le Facebook de la dataviz

Autre site intéressant, déjà bien connu pour qui suit un peu le monde de la data. Le site de référence Visual.ly s’est refondu pour devenir (ou du moins l’ambitionne-t-il) “le réseau social de la dataviz”, centré autour de trois axes principaux :

• “explorer” pour naviguer dans les projets en fonction des sujets choisis ou des personnes (designers, utilisateurs) ;
• “créer” pour personnaliser des templates d’infographie déjà présents sur le site : “la vie d’un hashtag” ou la comparaison de deux comptes Twitter ;
• “partager” pour faire connaître son travail.

Le tout semble prometteur, à la croisée de Pinterest et ManyEyes. A suivre…

100 pauvretés

Dans son dossier spécial intitulé « La pauvreté : en finir avec la politique de l’autruche », la Gazette des communes met en scène un nouvel indicateur : le taux de pauvreté local des 100 plus grandes villes de France, établi par le bureau d’études Compas.

Ce taux correspond au pourcentage de ménages qui, dans une ville donnée, perçoivent moins de 60 % du revenu médian national après prestations et avant impôts (soit 954 euros). Sans surprise, en bas du classement, avec un taux aux alentours de 7 % se retrouvent à Versailles, Neuilly-sur-Seine, Rueil-Malmaison alors que Roubaix, Saint-Pierre, Tampon ou Saint-Paul (entre 39 et 46 % de taux de pauvreté) sont en tête. Réalisée avec Tableau public, l’infographie est parfois un peu lente à charger mais permet de visualiser d’un seul coup d’oeil les taux des 100 villes, et de comparer taux de pauvreté et revenu médian des ménages pauvres.

Un amour froid

La semaine dernière, nous vous parlions en introduction des Data en forme d’un tumblr symbolisant graphiquement des chansons. Ce projet y ressemble un peu, quoiqu’il semble revêtir une forme beaucoup plus sérieuse. “What Love Looks Like” représente par des infographies les mécanismes de l’amour. Le peu d’informations présentes sur le site n’ont pas permis à Paule de déterminer s’il s’agissait d’un travail scientifique ou d’un passe-temps. Quoiqu’il en soit, vous trouverez sur ce site la traduction en images des notions suivantes : les équilibres entre attentes, actions et paroles ; les problèmes de communication et de mauvaise inteprétations des intentions ; le “fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis”, etc. Original, mais pas très romantique.

Retour d’expérience

L’Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine a lancé l’année scolaire dernière un laboratoire de data journalisme : une des initiatives les plus développées, puisqu’un module pédagogique entier y a été consacré, en association avec l’école de communication visuelle de Bordeaux (designers) et l’Epitech Aquitaine (développeurs). Des réalisations intéressantes ont été produites comme une enquête sur les équipements de la Gironde, un retour sur l’utilisation des caméras de surveillance à Bordeaux ou encore un comparateur des inégalités sociales entre France et Gironde

Au terme d’un an de pratique, l’IJAB décrit son expérience et fait son bilan. Avec honnêteté et recul critique : investissement ou non des étudiants, coût humain et financier… Les problématiques du data journalisme sont relevées avec pertinence :

L’interactivité, la liberté donnée à l’internaute de naviguer à son gré, d’interroger le sujet à partir de ses propres questionnements, confère à ces produits journalistiques un intérêt et un attrait évidents.
Mais la rançon des formidables capacités du data journalisme est l’exigence décuplée de rigueur qu’il impose à ses auteurs. Et en cela nos productions ne sont pas exemptes de faiblesses. La majorité de nos visuels sont accompagnées de textes explicatifs qui visent souvent à relativiser le propos ou à en expliquer la complexité. Mais combien d’internautes en prendront-ils vraiment connaissance ? Combien se contenteront plutôt d’un visuel qui frappe l’esprit ?

La conclusion est ainsi explicite :

Si nous restons convaincues que ce laboratoire a toute sa place dans une formation telle que celle dispensée à l’IJBA et que ses enseignements sont riches, nous cherchons encore le modèle économique qui nous permettra de poursuivre l’aventure. Et nous partageons en cela les difficultés de la presse française à se lancer dans le data journalisme.

La loi et l’ordre

Les 6 et 7 juillet dernier l’association Regards Citoyens, en collaboration avec Sciences Po et La Cantine organisait une conférence internationale sur la réutilisation des données parlementaires et législatives.

Pour ceux qui l’auraient ratée, le compte-rendu (y compris les vidéos des débats) est désormais disponible sur le site de Regards Citoyens. Jetez un œil aux premières bases du projet « Law Is Code » qui vise à représenter l’évolution d’un projet ou d’une proposition de loi à l’aide des outils couramment employés en développement informatique. Encore en construction, mais déjà prometteur.

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Les data en forme http://owni.fr/2012/04/17/les-data-en-forme-episode28/ http://owni.fr/2012/04/17/les-data-en-forme-episode28/#comments Tue, 17 Apr 2012 08:55:55 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=106173 OWNI cette semaine, carbonisez-vous un peu les yeux sur les cartographies puis partagez les doutes de nos confrères de la presse britannique avant d'explorer les fonds sous-marins et les encoignures des web-séries... Les data en forme, c'est le rendez-vous hebdo du data-journalism.]]> Une cartographie, des données sur les émissions de CO2, un titre plutôt bateau : The Carbon Map n’avait a priori pas grand chose pour attirer notre attention. Mais nous aurions eu tort de passer notre chemin : créée à l’occasion du concours de la Banque mondiale “Apps for climate”, ce projet concilie visualisation limpide et traitement en profondeur du sujet – et ce n’est pas si fréquent.

The Carbon Map utilise la technique de l’anamorphose qui modifie les frontières et donc le poids des pays selon son classement sur un indicateur précis. Indicateurs justement nombreux : la question du changement climatique peut être ici étudiée d’un bout à l’autre de la chaîne, en permettant à l”internaute de consulter non seulement les données relatives à l’extraction, la consommation, les émissions de CO2 mais aussi celles liées à l’historique et aux réserves de fuel ou à la situation globale du pays – facteurs également importants des bouleversements écologiques – : surface, population, richesse, pauvreté, populations en situation de risques écologiques, etc.

L’application permet de visualiser un pays en particulier, qui devient grisé, et dont les données spécifiques s’affichent en bas de la carte.

The Carbon Map est menée par Duncan Clark et Robin Houston, formant à eux deux le projet KILN dont cette cartographie est la première réalisation : “Kiln combine des compétences issues du journalisme, du développement web, de l’analysée de données, de l’immersion dans les sujets et du design graphique afin de présenter le savoir et les idées d’une manière claire, fascinante et interactive.” Une telle profession de foi ne peut qu’inciter à les garder à l’oeil…

Les métadata de Wikipédia

Restons dans la cartographie. Les frontières de celles-ci sont immobiles mais elle se colore joliment en apportant des informations pertinentes sur l’une des plus importantes sources d’information : Wikipédia, qui se targuait en novembre 2009 d’atteindre les 320 millions de visiteurs par mois – selon sa propre page Wikipédia.

Cette réalisation, “Mapping Wikipédia” géolocalise, au moyen de points de couleurs sur fond noir, les articles produits pour Wikipédia selon différents critères : nombre d’auteurs, compte de mots, densité, langue, date de création, nombre d’images, nombres de liens, longueur de la section, éditions anonymes.

Les doutes du Guardian

Sur cette question du choix des couleurs pour les cartographies, le Guardian s’est beaucoup interrogé, comme l’explique Simon Rogers dans un article du 13 avril. Pour la carte de la pauvreté en Grande-Bretagne, ils ont choisi le code des feux tricolores – vert signifiait bon, rouge mauvais – ; avant de réaliser que ce code n’était peut-être pas interprété de la même façon par tout le monde. En est né un débat sur Twitter, que l’article de Simon Rogers nous restitue via un Storify intitulé “Creating a map together”.

C’est une des raisons pour lesquelles Paule d’Atha est amoureuse du Guardian : du journalisme qui ne se pose pas comme un dogme mais comme une expérience permanente, que chacun peut améliorer ; une modestie pareille, forcément, ça nous émeut.

Souhaitons la même démarche au nouvel Open Data blog du site italien Il Sole.

Où vivent les Laurence Parisot ?

On pourrait croire à un papier peint un peu bizarre. En fait, il s’agit d’une application interactive qui déconstruit bien des clichés. Produite par CNN en association avec Oméga, cette réalisation intitulée “Leading Women” (en lien avec le programme du même nom proposé par la chaîne) se base sur des données de l’International Labour Organization et répond à la question “où vivent les femmes chefs d’entreprises ?” par trois tableaux : le nombre de femmes dans la population en âge de travailler “working-age population” ; le nombre de femmes qui sont leur propre patron “female entrepreneurs” ; pourcentage de femmes de la population en âge de travailler qui est son propre patron “% of female entrepreneurs”.

Les résultats présentés sont plutôt surprenants : en France, seul 1,65 % des femmes en âge de travailler sont à la tête de leur entreprise, ce qui place notre pays au 44e rang, loin derrière la Thaïlande (18,64 % des femmes), la Bolivie (14,19 %) ou la Colombie (12,4 %).

Des web séries bien rangées

Avec cette infographie interactive, le collectif Orange fait d’une pierre deux coups : aider à qualifier les multiples web séries qui ont fait leur apparition sur la toile ces dernières années en les positionnant sur un double axe (comédie/drame – fantastique/réaliste) et en leur attribuant un code couleur tranches de vie, critique sociale, thriller) mais aussi permettre de les découvrir en insérant des extraits d’épisodes au clic des bulles.

Plongée dans les profondeurs

Un peu d’humour pour terminer : le site xkcfd a réalisé une infographie dont le but est de montrer la profondeur à laquelle fore la compagnie pétrolière Deepwater Horizons. Pour mieux mesurer les distances, elle met en scène des éléments de comparaison : la profondeur du loch Ness, celle où a échoué le Titanic. On vous laisse chercher où se cachent David Bowie et Freddy Mercury…

En vous souhaitant une bonne data-semaine /-)


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Les data en forme http://owni.fr/2012/01/02/les-data-en-forme-noel-guardian-wsj-wtf/ http://owni.fr/2012/01/02/les-data-en-forme-noel-guardian-wsj-wtf/#comments Mon, 02 Jan 2012 16:58:09 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=92073 Pour une transition en douceur, commençons ce premier Data en forme de l’année en mode data-lol avec ce diagramme de Venn qui sent encore le sapin vert et le grand bonhomme rouge.

Cette dataviz est tirée d’une petite compilation de visualisations décalées autour de Noël. En cette période post-nativité, ça apaise les indigestions.

Dans le rétro

Et cela me permet d’enchaîner allègrement sur la thématique des best of. Chaque fin d’année on y a droit, donc pour ce début d’année nous vous proposons un rapide best of des best of sous l’angle data.

Nathan Yau, l’homme derrière Flowing Data, propose une très belle sélection des projets de datavisualisations qui ont marqué pour lui l’année 2011. On y recroise avec plaisir des viusalisations qui nous avaient également marquées et on en découvre d’autres avec tout autant d’appétit.

Allez également fouiller les commentaires de cet article, quelques autres bonnes références pourraient y apparaître.

Pour changer, le Guardian joue les cumulars avec deux entrées dans cette catégorie best of. Les équipes londonniennes ont sorti un article racontant l’année 2011 par les données : quelles ont été les plus marquantes, quelles histoires ont-elle racontées, quels chiffres ont tracé la courbe de cette année écoulée ? En somme douze mois dans la tête d’un datajournaliste.

Le département de recherche du Guardian a également produit une web-application bien pensée pour visualiser, jour par jour, les 365 événements qui ont marqué l’année 2011. L’interface est simple et ergonomique avec une navigation secondaire mettant en avant les grandes “affaires” de 2011. Vous pouvez même constituer votre top 10 des informations qui vous ont le plus marqué et comparer ce classement avec le choix des lecteurs du Guardian.

Pour clore le volet Guardian, leur e-book Facts are sacred ressemble à un best of à lui tout seul. Ce court résumé parle de lui-même :

Facts are sacred raconte comment nous travaillons avec les données au Guardian et comment les données changent le monde qui nous entoure.

Rails, trafic et data

Restons encore quelques instants à Londres et remontons dans les années 1920. À cette époque, il y avait déjà des pontes de la dataviz qui sévissaient outre-Manche et ils s’amusaient follement sur des campagnes d’affichage pour le métro londonien.

90 ans plus tard, outre-Atlantique. Le Wall Street Jounal a construit une impressionnante web-application autour des habitudes des usagers du métro new-yorkais. Card Usage analyse les données collectées à partir des cartes d’abonnements. Quartier par quartier vous pouvez visualiser quels types d’abonnements les usagers utilisent le plus et comment ces répartitions ont évoluées depuis l’augmentation des tarifs en décembre 2010. Allô, la RATP ? Tu nous prêtes tes données ?

Côté route, depuis les années 20 et les dataviz du métro londonnien, la circulation s’est légèrement densifiée. Quand le moteur de recherche russe Yandex lance un service de visualisation du trafic en Turquie, il récolte suffisamment de données GPS pour s’amuser à représenter le trafic d’Istanbul.

Voici la journée du 3 novembre 2011 avec en haut à droite le degré d’encombrement des principaux axes de la capitale turque. Le rendu est assez hypnotique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Flots, ondes et indices

Rassurez-vous, tous les flux ne sont pas aussi nerveux, une dataviz ça peut aussi être zen. Prenons, par exemple, la relation entre les lieux où tombe l’eau aux États-Unis et ceux où elle est consommée. Ça nous donne Drawing water, un projet qui piste le trajet des eaux de pluie. Les visualisations produites sont assez impressionnantes tout comme l’installation interactive exposée à l’université de Los Angeles (UCLA) où le visiteur peut modifier les représentations à l’aide d’une tablette.

Une fois n’est pas coutume, la visualisation suivante présente des données qui ne sont pas à proprement parler chiffrées mais reste bien des données : du son et plus précisément l’ensemble des instruments qui composent un orchestre.

Dans un but promotionnel, Philips a développé cette web-application L’obsession du son où le visiteur est littéralement immergé au coeur de la formation. Vous pouvez, à n’importe quel moment, choisir l’un des musiciens et focaliser votre écoute sur sa partition avec en plus des données associées à l’instrumentiste.

Restons en musique et terminons ce premier épisode des Data en forme saison 2012 comme nous l’avons commencé : avec du WTF. Avez-vous déjà fredonné, le matin au réveil, le chant du CAC40 ? Non ? Peut-être alors l’entraînante mélodie du Nasdaq sous une douche bien chaude ? Non plus ? Bon, alors c’est cadeau : voici le chant du Dow Jones, The Dow Piano.

À la semaine prochaine et d’ici là, n’oubliez pas : “In cafein we trust”.

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La semaine dernière, alors que le jury délibérait, certains participants n’ont pas résisté à l’envie de partager leur création. Et vu la qualité des projets, le choix du vainqueur risque de se finir à coups de pelles : ça ne sera pas simple.

Mediarena, conçue et développée par Nils Grünwald, Stéphane Raux, Alexis Jacomy et Ronan Quidu est une bonne “datagifle”. Tout est là au premier coup d’œil : l’angle est clairement identifiable – comment les principaux médias en ligne traitent la présidentielle – et la prise en main plus qu’intuitive. En quelques clics, on joue avec les données et on fait défiler sur ce ring les noms des grands titres. Le cadeau bonux, c’est que derrière cette simplicité gage de lisibilité, Mediarena nous donne accès à bon nombre de données qui donnent du relief et de la profondeur à l’angle choisi.

Autre concurrent en lice, les concepteurs de “partie de campagne” (joli hommage à Raymond Depardon et son film “1974, une partie de campagne”). Si le design de leur web-app est un peu moins léché, leur mise en scène des données est vraiment intéressante et innovante. On entre par un nuage de tags qui donne un aperçu des principaux thèmes abordés par les médias et par les politiques (avec un petit graphique les comparant au survol de chaque mot).

Une fois le choix défini, le second écran nous immerge dans le “delta” (version HTML5 + canvas), les pieds dans la thématique et ses sujets affluents. En cliquant sur chaque terme on accède aux données : analyse de la tendance, affichage des sources (politiques et médiatiques) et même un listing des vidéos Youtube référentes. De quoi fouiller le sujet.

La team haploid a choisi elle un angle légèrement plus ludique, du moins dans la visualisation des données, avec son “Qui sera parachuté à l’Élysée ?”. Les candidats sont physiquement parachutés vers l’Élysée, point de gravité qui les attire tous, inexorablement. La base data pour chaque candidat étant son compte Twitter officiel associé à celui de sa formation politique, une corrélation entre le nombre de followers et le nombre de retweets permet de déterminer en live lequel est le plus proche du Saint-Graal.

Autour d’eux flottent les planètes des thématiques quotidiennes identifiées sur Twitter. L’interaction est, là aussi, assez intuitive avec, au survol, un affichage des liens entre candidats-volants et planètes-thématiques et, au clic sur chaque élément, l’affichage du fil Twitter correspondant.

La bonne data derrière ces premiers exemples, c’est que ce concours #Googleviz a déjà permis de remarquer de sacrées équipes. De quoi émoustiller le timide milieu de la dataviz hexagonal.

Open Data sans data

Avant de filer vers les datas non-hexagonales, sortons le saint-tag #opendata pour regarder du côté de ceux qui essaient de nous faire préférer le train. data.sncf.com, dix lettres et deux points qui ont de quoi faire saliver quelques csv-dépendants. Seulement voilà, une fois la page d’accueil chargée, on reste pantois : pas un seul jeu de données à se mettre sous l’tableur. Le site est un appel à débat comme le souligne cette bondissante baseline : “Open data, open débat”. Pour le modèle “gagnant-gagnant” prôné dans le court texte de présentation, on repassera.

Chers transporteurs d’humanités, sachez que l’Open Data est un débat depuis quelques temps déjà et que le meilleur moyen de le faire avancer eût été de nous lâcher vos données. Pour l’innovation, côté des détenteurs de données, on attendra.

Traquer les rumeurs

Prenons l’avion pour aller faire un tour outre-manche. Nos amis du Guardian, qu’on ne présente plus en matière de journalisme de données, ont encore fait joujou avec quelques chiffres pour notre plus grand plaisir. Le concept de longue traîne ne leur étant pas non plus inconnu, ils sortent une très belle visualisation interactive sur un événement qui a près de quatre mois : les émeutes londoniennes.

Alastair Dant et ses collègues ont décidé d’analyser l’évolution des rumeurs sur Twitter pendant ces évènements. “Les émeutiers ont libérés les animaux du zoo de Londres”, “les émeutiers se font leurs propres sandwichs dans les Mc Do”… À vous de choisir parmi sept rumeurs – cinq fausses, une infondée et une avérée – pour visualiser leur évolution. Le replay est intelligemment construit, avec notamment l’identification visuelle des tweets favorables, opposés, interrogatifs ou simplement commentant les faits et la mise en avant de moments clés où la diffusion de la rumeur se modifie. Et, comme au Guardian ils aiment partager, ils nous livrent un making of de cette datavisualisation qui permet notamment de comprendre l’importance d’un travail d’équipe intégrant : journalistes, développeurs, designers et universitaires.

Unes VS Twitter

Direction le sud de l’Europe et l’Espagne : autre mouvement, OccupyWallStreet, et autre visualisation signée Numeroteca. Si le rendu manque cruellement de possibilités d’interaction pour mieux saisir les données, le principe mérite que l’on s’y arrête. Le but est de matérialiser un comparatif entre le traitement du sujet à la une des grand journaux américains et le nombre de tweet/jour sur ce même sujet. Le rendu visuel permet non seulement de comparer les deux présences médiatiques sur un graphique mais on visualise également la place physiquement accordée sur la page de une. Le même type de travail a été mené pour comparer le traitement à la une des principaux journaux espagnols et sur Twitter du printemps arabe.

Des recherches à suivre, notamment lorsque l’on sait qu’un Hackathon sur le sujet #OccupyData s’est tenu le 9 décembre dernier et que les pistes qui s’y sont dessinées sont accessibles directement dans un GoogleDoc en libre accès.

Au-delà du chaos

Passons outre-atlantique pour aller crowdsourcer le futur de l’informatique. C’est ce que propose le New York Times à travers une efficace timeline verticale qui répartit le sujet sur quatre grands thèmes : calcul, intelligence artificielle, transports et mode de vie et communication. Rien ne sortant de rien, ce sont les bases qui apparaissent en premier avec tout l’historique de l’informatique au sens large depuis les bâtons de Napier en 1617 jusqu’à 2011 année historique où Waston, super-ordinateur conçu par IBM, a battu les deux champions du jeu américain “Jeopardy!”.

Puis c’est le grand saut. De quoi demain sera fait ? À partir de 2012, c’est un grand tableau noir où s’affichent les prédictions proposées par les audiences. L’espace pour laisser sa propre prospective est aujourd’hui clos mais vous pouvez toujours interagir de deux façons différentes. Soit en déplaçant les événements affichés sur la timeline post-2011, soit en votant pour les propositions qui vous semblent les plus intéressantes, réalistes #oupas. Les mieux notées seront progressivement insérées dans la partie prédictive de la timeline.

DataTriche et WTF

L’hiver approche et avec lui le cliché des longues soirées au coin feu qu’il va bien falloir occuper. Si certain(e)s d’entre vous aiment le jeu, possible que vous ressortiez dans les semaines qui viennent ce bon vieux Monopoly qui prend la poussière depuis un an. Alors laissez-moi vous donner un tuyau. Il y a un développeur californien nommé Ben Jones qui s’est amusé à modéliser les statistiques issues de 60.000 parties aléatoires. Son “Dominate Family Game Night” présente un tableau de bord des différentes stratégies de jeu en fonction de grandes tendances. Chut, je ne vous ai rien dit.

Avant de finir, on ne va pas, nous aussi, lancer un concours mais juste un appel : saisissez-vous des données WTF ! L’Internet mondial en est rempli et elles n’attendent que de folles petites équipes pour être visualisées. Tiens par exemple : les meilleures ventes de 45T/Singles de tous les temps (merci @Pirhoo) ou comment refaire un TOP50 2.0 avec en tête Tino Rossi et J.J Lionel.
Ou encore, pour rester dans le domaine des mélodies inoubliables, toute la correspondance de Wolfgang Amadeus Mozart et sa famille. Près de 1 400 lettres triées en fonction des dates, lieux, expéditeurs, destinataires, œuvres mentionnées. De quoi scrapper…

BRooeimn hhaapdsy

Reprenant la chronologie inversée du précédent “Les data en forme“, terminons cette semaine en musique avec une dataviz pour les oreilles. C’est du Queen et c’est la mythique Bohemian Rhapsody qui est joliment destructurée. Dans Bohemian Rhapsicord, créée lors du Music Hack Day de Boston, Jennie and Paul Lamere ont concrètement morcelé le morceau en une multitude de séquences pour nous laisser le rejouer à notre manière. Soit vous appliquez un des filtres qu’ils proposent (durée, volume, inversion, similarité), soit vous définissez une touche de votre clavier pour chaque segment et à vous de reconstruire le puzzle musical. Seul bémol : la web-app ne fonctionne que sous Chrome.

Allez, que l’#opentata et le #dadajournalisme vous inondent et à la semaine prochaine.

Retrouvez les précédents épisodes des Data en forme !

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http://owni.fr/2011/12/12/data-googleviz-2012-monopoly-riots-london-queen/feed/ 46
Quand Barclays essayait de censurer le Guardian http://owni.fr/2011/06/01/quand-barclays-essayait-de-censurer-le-guardian/ http://owni.fr/2011/06/01/quand-barclays-essayait-de-censurer-le-guardian/#comments Wed, 01 Jun 2011 13:30:15 +0000 Renaud Coureau http://owni.fr/?p=65566 Le 16 mars 2009, un scandale éclate dans les pages économiques du Guardian. Les journalistes du quotidien révèlent les détails des mécanismes d’évasion fiscale utilisés par Barclays, 3e banque mondiale. En lien avec cet article, sept mémos confidentiels de Barclays sont diffusés sur le site du Guardian. Leur contenu est accablant. Grâce à plusieurs schémas complexes passant par les îles Caïman et le Luxembourg, la banque a dissimulé plus de 16 milliards de dollars au fisc anglais. L’agence Bloomberg évalue le montant d’impôts évités à 1,5 milliards d’euros par an.

Quand sortent ces documents, l’opinion publique anglaise est déjà très hostile à ses banques. Un autre scandale a éclaté quelques jours plus tôt : la Royal Bank of Scotland a avoué avoir évité de payer 500 millions de livres d’impôts grâce à des techniques d’évasion fiscale. Malaise : RBS venait alors d’être sauvée par les contribuables anglais, et quasi-nationalisée. Les documents de Barclays évoquent des montants bien plus importants. Le fisc anglais (Her Majesty’s Revenue and Customs, HMRC) lance immédiatement une enquête.

Barclays réagit rapidement, et utilise une procédure juridique d’urgence. Dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 mars, un juge appelle la rédaction du Guardian et ordonne le retrait des documents. Le média anglais a l’interdiction de diffuser les mémos, mais également d’inciter ou d’encourager ses lecteurs à les lire. Le quotidien fait appel, mais le 19 mars sa demande est rejetée : les documents doivent rester “confidentiels”.

Dommage pour la crédibilité du juge, il est déjà trop tard. Les mémos ont été reproduits et circulent rapidement. L’effet Streisand fonctionne à plein régime: sur de multiples forums on trouve des liens menant vers “ces documents que Barclays ne veut pas que vous lisiez”.

Les community managers du site du Guardian se voient confier une nouvelle mission : censurer tous les commentaires qui pourraient donner des indications sur les mémos. Certain lecteurs tentent alors d’utiliser des codes, comme dans ce commentaire relevé par le site Liberal Conspiracy.

While institutions keep important legal evidence all kin suffer. “

Dès le 17 mars, les mémos sont disponibles sur le site de Wikileaks. Trois jours après l’appel du juge, tous ceux qui s’intéressent au sujet ont lu ces documents. Mais le Guardian ne peut toujours pas traiter correctement cette affaire, qu’il a pourtant lancé.

Le 26 mai, Matthew Oakeshott, un député libéral démocrate, libère la parole des journalistes. Il utilise un droit constitutionnel des parlementaires anglais, celui de parler en totale liberté devant leurs pairs. Matthew Oakeshott évoque donc les mémos en séance publique, avec les termes suivants :

“Le Sunday Times et le Guardian les ont déjà évoqués en Une, et ces documents sont largement disponibles sur Internet, sur des sites comme Twitter, Wikileaks.org, Docstoc.com and Gabbr.com.”

Si les parlementaires bénéficient du droit inaliénable de s’exprimer, les journalistes ont le droit de reproduire les discours des députés. Cette intervention de Matthew Oakeshott achève donc d’invalider la décision de justice touchant le Guardian.

Face au scandale, les dirigeants de Barclays ont cherché à banaliser ces révélations. Convoqué devant une commission de la chambre des Lords, le PDG John Varley a totalement assumé le contenu des mémos.

“Nous avons des activités financières, et l’impôt est un élément comme un autre de ces activités. Nous avons l’obligation devant nos actionnaires [...] de gérer les taxes de manière efficace.”

Il lance ensuite aux officiels anglais “jugez nous sur les taxes que nous payons”. La banque aurait payé 10 milliards de livres d’impôts en Angleterre entre 2003 et 2008. Barclays ne risque rien de plus qu’une dégradation de son image. L’évasion fiscale, si elle est choquante, n’est pas illégale. De plus, les banquiers sont dans une position de supériorité face à l’administration. Dans une lettre accompagnant les documents, la source anonyme des mémos explique cet état de fait.

“Il est communément accepté qu’aucune agence, anglaise ou américaine, n’a les ressources ou l’implication suffisante pour inquiéter SCM (Ndlr: la section financière de Barclays). SCM dispose d’énormes moyens, des meilleurs cerveaux récompensés par des millions de livres. A titre de comparaison, une récente offre d’emploi du HRMC proposait un poste d’expert fiscal rémunéré 45000 livres.”

“HMRC ne pourra jamais, dans son état actuel, combattre efficacement ce business.”

Si les dirigeants de Barclays n’ont pas eut à craindre de poursuites judiciaires, ce scandale a déclenché une réelle prise de conscience en Angleterre. Qui devrait à terme modifier les pratiques du secteur bancaire. Même si la première réaction des politiques anglais s’est limité à une déclaration de bonnes intentions. Quelques mois après la publication des mémos le ministre des finances Alistair Darling a fait signer aux banques anglaises un code de bonne conduite. Elles se sont engagées à respecter l’esprit de la loi, et donc à cesser d’utiliser ce type d’évasion fiscale.

Un premier pas, pour calmer l’opinion avant une réforme globale de la législation  bancaire. L’objectif : éviter que les contribuables anglais aient de nouveau à renflouer leurs banques. Une commission indépendante a remis un rapport préliminaire le 11 avril 2011, une série de propositions en vue de la future loi. Le débat continue.

Matthew Oakeshott, toujours engagé sur le sujet, a proposé d’obliger les banques à déclarer publiquement les impôts qu’elles payent. Une idée certainement inspirée par Barclays: Début 2011, la banque a dû avouer n’avoir payé que 113 millions de livres d’impôts en 2009. L’équivalent d’1% de ses bénéfices. L’opinion publique a été choquée une fois de plus.

Dans leur lobbying contre cette future loi, les banques anglaises ont utilisé une menace classique: quitter le pays. Barclays pourrait déménager à New York, le maire de la ville a déjà annoncé que les banquiers seraient bien reçus. La menace n’a pas été prise au sérieux : le président de la commission a déclaré qu’il ne croyait pas dans un mouvement de masse. Le plan d’austérité record du gouvernement anglais, jamais vraiment accepté par la population, oblige les officiels à afficher une certaine fermeté face aux banques. Dans quelques mois, la nouvelle législation sera mise en place. Et les Anglais pourront juger de la liberté de leurs gouvernants face au secteur bancaire.


Photo FlickR CC : Paternité par Dominic’s pics ; PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification Ian Gallagher.

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Pourquoi OWNIsciences ? http://owni.fr/2010/10/25/pourquoi-ownisciences/ http://owni.fr/2010/10/25/pourquoi-ownisciences/#comments Mon, 25 Oct 2010 12:32:26 +0000 Admin http://owni.fr/?p=32926 Début septembre, le Guardian a intégré sur la Une de son site quatre blogueurs scientifiques. La semaine précédente, PLoS (Public Library of Science), un éditeur non-profit de revues scientifiques en accès libre, lançait son réseau de onze blogs. Ils rejoignent Wired Science, Scientopia et bien d’autres.

Dans les médias français, la place des blogs de science est réduite à la portion congrue. Ceux des journalistes scientifiques sont peu mis en avant (à quelques exceptions près comme le blog du journaliste scientifique de Libération Sylvestre Huet, Sciences2, régulièrement repris sur le site du quotidien ou le blog Santé de Jean-Daniel Flaysakier, spécialiste des questions de santé à la rédaction de France 2) et les media s’intéressent encore moins aux blogueurs scientifiques.

Avec C@fé des sciences et Umaps (éditeur de Knowtex), nous créons OWNIsciences, un media web de discussion autour des sciences et techniques, pour porter la discussion citoyenne autour de ces sujets en mettant en valeur des contenus déjà publiés sur des blogs de sciences, des traductions et des contenus inédits.

En réunissant les écrits de blogueurs, chercheurs, journalistes et “médiateurs” (les animateurs des centres de sciences, associations et missions de culture scientifique), nous souhaitons créer une conversation à plus grande échelle et donner à ces points de vue, souvent absents des grands médias, l’audience qu’ils méritent.

Ouvrir la discussion

Par nature, le discours scientifique est plutôt descendant, inculquant une parole d’expert qui doit être reçue telle quelle et n’engage aucune discussion. Sur OWNIsciences comme sur les blogs et autres espaces d’expression offerts par le web, nous serons ouverts à la contestation et à la discussion. Cela peut prendre de nombreuses formes, de la controverse (argumentée) au simple signalement en passant par l’approbation, la demande de précisions, l’interrogation, la réfutation, le complément… Cette conversation reflétera la diversité des sujets et des points de vue qui sont échangés, avec en ligne de mire la curiosité et le plaisir.

Parler des sciences autrement

Dans le paysage de l’actualité et de l’analyse scientifique (certains parlent de “critique de sciences”), il y a clairement de la place pour parler plus de sciences, et surtout pour en parler autrement, en variant le contenu et en explorant des voies de traverse. À ce titre, l’idée d’utiliser le journalisme de données pour éclairer autrement les enjeux science-société est un défi que notre média se propose de relever. Mais plus largement, c’est pour offrir une autre parole et d’autres analyses, qui ne sont pas forcément celles des mandarins patentés ou des journalistes institués et qui rompent avec un journalisme scientifique “à la papa”, que nous construirons une communauté d’auteurs, de professionnels et d’internautes actifs.

Faire participer les scientifiques

En décembre 2007, un sondage Eurobaromètre spécial (PDF) avançait que 52 % des sondés préfèrent que les chercheurs eux-mêmes, plutôt que des journalistes, leur présentent les informations scientifiques. OWNIsciences espère offrir aux chercheurs et scientifiques en tous genres la possibilité d’accéder à cet outil de communication directe et de toucher un large public.

Les exemples du C@fé des sciences, de Knowtex, de Plume!, de Sciences et Démocratie, et d’autres initiatives communautaires en matière de sciences montrent qu’il est possible de construire une vision large et rationnelle du monde en agrégeant des points de vue et discussions atomisées. C’est en capitalisant sur cette expérience que nous espérons offrir avec  OWNIsciences un espace d’expression pour tous sur les sciences.

>> Illustrations FlickR CC Kaptain Kobold. Illustrations et Une pour OWNI par Elsa Secco en Creative Commons

Retrouvez tous les articles d’OWNIsciences.

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Pourquoi OWNISciences ? http://owni.fr/2010/10/25/pourquoi-ownisciences-3/ http://owni.fr/2010/10/25/pourquoi-ownisciences-3/#comments Mon, 25 Oct 2010 11:59:09 +0000 Admin http://owni.fr/?p=189 Début septembre, le Guardian a intégré sur la Une de son site quatre blogueurs scientifiques. La semaine précédente, PLoS (Public Library of Science), un éditeur non-profit de revues scientifiques en accès libre, lançait son réseaux de onze blogs. Ils rejoignent Wired Science, Scientopia et bien d’autres.

Dans les media français, la place des blogs science est réduite à une petite portion. Ceux des journalistes scientifiques sont peu mis en avant (à quelques exceptions près comme le blog du journaliste scientifique de Libération Sylvestre Huet, Sciences2, régulièrement repris sur le site du quotidien ou le blog Santé de Jean Daniel Flaysakier, spécialiste des questions de santé à la rédaction de France 2) et les media s’intéressent encore moins aux blogueurs scientifiques.

Avec C@fé des sciences et Umaps (éditeur de Knowtex), nous créons OWNISciences, un media web de discussion autour des sciences et techniques, pour porter la discussion citoyenne autour de ces sujets en mettant en valeur des contenus déjà publiés sur des blogs de sciences, des traductions et des contenus inédits.

En réunissant les écrits de blogueurs, chercheurs, journalistes et “médiateurs” (les animateurs des centres de sciences, associations et missions de culture scientifique), nous souhaitons créer une conversation à plus grande échelle et donner à ces points de vue, souvent absents des grands médias, l’audience qu’ils méritent.

Ouvrir la discussion

Par nature, le discours scientifique est plutôt descendant, inculquant une parole d’expert qui doit être reçue telle quelle et n’engage aucune discussion. Sur OWNISciences comme sur les blogs et autres espaces d’expression offerts par le web, nous serons ouverts à la contestation et à la discussion. Cela peut prendre de nombreuses formes, de la controverse (argumentée) au simple signalement en passant par l’approbation, la demande de précisions, l’interrogation, la réfutation, le complément… Cette conversation reflétera la diversité des sujets et des points de vue qui sont échangés, avec en ligne de mire la curiosité et le plaisir.

Parler des sciences autrement

Dans le paysage de l’actualité et de l’analyse scientifique (certains parlent de “critique de sciences”), il y a clairement de la place pour parler plus de sciences, et surtout pour en parler autrement, en variant le contenu et en explorant des voies de traverse. À ce titre, l’idée d’utiliser le journalisme de données pour éclairer autrement les enjeux science-société est un défi que notre média se propose de relever. Mais plus largement, c’est pour offrir une autre parole et d’autres analyses, qui ne sont pas forcément celles des mandarins patentés ou des journalistes institués et qui rompent avec un journalisme scientifique “à la papa”, que nous construirons une communauté d’auteurs, de professionnels et d’internautes actifs.

Faire participer les scientifiques

En décembre 2007, un sondage Eurobaromètre spécial (PDF) avançait que 52 % des sondés préfèrent que les chercheurs eux-mêmes, plutôt que des journalistes, leur présentent les informations scientifiques. OWNISciences espère offrir aux chercheurs et scientifiques en tous genres la possibilité d’accéder à cet outil de communication directe et de toucher un large public.

Les exemples du C@fé des sciences, de Knowtex, de Plume!, de Sciences et Démocratie, et d’autres initiatives communautaires en matière de sciences montrent qu’il est possible de construire une vision large et rationnelle du monde en agrégeant des points de vue et discussions atomisées. C’est en capitalisant sur cette expérience que nous espérons offrir avec OWNISciences  un espace d’expression pour tous sur les sciences.

>> Illustrations FlickR CC Kaptain Kobold. Illustrations et Une pour OWNI par Elsa Secco en Creative Commons

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Le crowdsourcing, c’est aussi un jeu http://owni.fr/2010/10/09/le-crowdsourcing-c%e2%80%99est-aussi-un-jeu/ http://owni.fr/2010/10/09/le-crowdsourcing-c%e2%80%99est-aussi-un-jeu/#comments Sat, 09 Oct 2010 07:30:01 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=4104 Pourquoi certains internautes passent-ils leur temps à écrire des articles sur Wikipédia? A partager des liens sur Digg? A analyser les notes de frais des députés sur le site du Guardian?

Ne feraient-ils pas mieux de travailler sur des projets payant, genre Mechanical Turk, pour arrondir leurs fins de mois?

3_lemmings1Les études sur le sujet mettent souvent l’accent sur le sentiment d’appartenance à une communauté et sur la volonté de « faire sortir la vérité ». Une étude du Georgia Institute of Technology (pdf) a montré en 2005 que les Wikipédiens travaillaient souvent dans le but d’obtenir une reconnaissance de la communauté. Une nouvelle étude (pdf) réalisée en 2008 portant sur 45 000 Wikipédiens offre des résultats similaires.

On sait bien que l’argent n’est pas une gratification recherchée. Google l’a appris à ses dépends avec l’échec de Google Knol.

Il existe un autre facteur incitant les internautes à contribuer: le jeu. En plus de la gratification de long-terme (la crédibilité, la reconnaissance des pairs), certains trouvent dans la collaboration une gratification immédiate, dans le divertissement.

Pas facile de définir un jeu. Mais on peut discerner certains éléments :

-          Règles. Sans cadre précis, on ne s’y retrouve pas. Cela dit, on peut définir la règle comme étant l’objectif. Wikipédia possède une dimension ludique alors que rien n’y est interdit (Ignore all rules en est l’un des 5 piliers).

-          Plaisir. On doit avoir envie d’y jouer.

-          Compétition. L’excitation provient de la mise en concurrence. D’autant plus si l’on fait connaissance avec les compétiteurs.

holiday_lemmings_19931Si certains Wikipédiens contribuent par amour de la connaissance, d’autres y trouvent un plaisir tout à fait ludique, selon Jose Zagal, chercheur spécialiste des jeux vidéos à l’université De Paul de Chicago, joint par téléphone.

Au sein même de la communauté Wikipédia, certains groupes sont très compétitifs, explique Zagal. Dès qu’un évènement a lieu, ils doivent être les premiers à écrire dessus, tout comme certains écrivent ‘prems’ sous les posts de blog. Là, l’utilisateur exhibe sa performance, dans le sens où il montre sa valeur aux autres. Un peu comme quand on arrivait au collège fiers comme Artaban après avoir battu le boss de Zelda.

De la même manière, Zagal constate que certains cherchent à terminer coûte que coûte le projet auquel ils contribuent. C’est, par exemple, le cas du Wikipédien qui va travailler d’arrache pied pour que chaque single de U2 ait sa fiche bien proprette, avec le nombre de CD vendus et le classement dans les charts. Un comportement que Zagal rapproche du slogan des Pokémon, ‘attrape-les tous’. Terminer une tâche ou un level à 100% est, là encore, un comportement typique du hardcore gamer.

Quel enseignement pour les professionnels de l’info?

Depuis à peu près 4 ans, le crowdsourcing est utilisé pour récolter ou organiser l’info. Des projets comme Ushahidi (observation d’élections) en font leur fond de commerce, mais certains médias utilisent le procédé pour des one-shots. C’est ce qu’a fait le Guardian avec les notes de frais des députés ou le HuffPost lorsqu’il a demandé à ses lecteurs de lire le rapport du Sénat sur le plan de relance.

Le crowdsourcing fonctionne mieux s’il n’est pas vécu comme une corvée citoyenne. Mettre son nez dans la paperasse, rechercher des infos saillantes, vérifier une info sur le terrain et sous la pluie… Autant d’activités moyennement excitantes pour le commun des mortels (c’est pour ça que dans le temps, on payait des gens pour ça – on les appelait journalistes).

Pour rendre la tâche plus légère, mieux vaut la voir comme un jeu. Shovelwatch, organisé par ProPublica, coordonne les rapports sur l’évolution des projets financés par le plan de relance de Barack Obama. Même si la réalisation n’est pas forcément à la hauteur de l’ambition affichée, ProPublica propose aux internautes d’adopter un projet et d’observer sa réalisation. Le concept ressemble au Tamagochi, non?

On peut travailler pour des buts nobles et grandiloquents comme la démocratie et le bien commun tout en s’amusant. L’info n’a pas besoin d’être ennuyeuse pour être utile.

draft_lens1904166module9118998photo_1208244661lemmings1Plus les règles sont fines, plus le jeu gagne en intérêt. Donner des bons points ou des ‘encouragements’, comme sur LePost.fr, c’est marrant 5 minutes, mais on en fait vite le tour. Habrahabr, le Digg russe, utilise un système de karma beaucoup plus intéressant.

Là, les internautes commencent avec un karma nul. Les autres utilisateurs peuvent donner ou retirer des points, suivant leur niveau de karma (en étant à 7 points de karma, on peut distribuer/retirer 7 points par jour). Avec l’élévation du karma, les utilisateurs obtiennent différents privilèges. (Plus de détails sur le système du karma sur l’article Wikipédia que je viens d’écrire.)

Alors que Digg a perdu 50% de son trafic lors des 18 derniers mois, Habrahabr est en progression de 30%.

La compétition stimule. La règle de base de l’économie s’applique aussi aux jeux. Il suffit de voir à quel point la blogo-twittosphère frétille à chaque fois qu’un classement est annoncé pour comprendre que l’égo est un puissant facteur de motivation.

My.BarackObama.com, le réseau social de la campagne et de soutien au président US, est organisé comme un gigantesque jeu de rôle. Les volontaires reçoivent une liste d’actions à accomplir au cours de la journée, puis obtiennent une note de 1 à 10, qui prend en compte leur activité récente. Le système était encore plus compétitif au début 2008, les internautes y étant classés par ordre d’activité.

Nul doute qu’un message du style « Vous êtes le 214 987e volontaire le plus actif » titille l’amour propre de tout obamiste et le pousse à redoubler d’efforts.

Le crowdsourcing peut être une expérience ludique. Mais au final, il faut surtout que les participants sachent ce qu’ils vont retirer de leur effort, souligne Jose Zagal. Les contributions doivent avoir un but, que ce soit l’argent (Mechanical Turk), l’avancement de la connaissance (Wikipédia) ou le divertissement.

Aux architectes du projet de crowdsourcing d’utiliser au mieux les motivations des contributeurs pour arriver à leurs fins !

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Science Blogs : “Un modèle complètement nouveau” pour le Guardian http://owni.fr/2010/09/09/science-blogs-un-modele-completement-nouveau-pour-le-guardian/ http://owni.fr/2010/09/09/science-blogs-un-modele-completement-nouveau-pour-le-guardian/#comments Thu, 09 Sep 2010 06:32:50 +0000 Megan Garber http://owni.fr/?p=27445 La semaine dernière, le Guardian a lancé un réseau de blogs scientifiques dont le but est de mélanger parfaitement la science et les blogs : “nous voulons divertir, énerver et informer.

Depuis, sur le site web du journal, vous pouvez trouver des contenus de quatre blogs connus et respectés : “Life and physics” de Jon Butterworth, un professeur de physique à l’University College of London qui travaille avec le grand collisionneur de hadrons du CERN ; “The lay scientist”, le blog pop-science-pot-pourri du chercheur et éditeur scientifique Martin Robbins ; le blog de gouvernance scientifique “Political science” de l’ancien membre du parlement britannique Evan Harris ; et “Punctuated equilibrium”, du biologiste de l’évolution Grrrl Scientist.

L’idée est d’exploiter l’expertise scientifique et de la diffuser en même temps. “Ce réseau de blogs n’est pas seulement créé pour que les autres blogueurs scientifiques les lisent ; il ne s’adresse pas qu’aux autres scientifiques“, explique Alok Jha, le correspondant en science et en environnement qui a eu l’idée du réseau et qui (en plus de son travail de journaliste) le supervise maintenant. Le réseau a l’intention d’atteindre (et de divertir/faire enrager/informer) le plus possible de personnes. “Nous sommes un journal généraliste, note-t-il, et tout ce que nous faisons rentre dans ce prisme.


Le réseau marque aussi un nouveau petit décalage dans l’écosystème médiatique : le media de référence et les blogueurs indépendants collaborent pour élargir leur audience, plutôt que de se faire concurrence.

Si cela semble familier (NDT : au Royaume-Uni), c’est sans doute que ce nouveau réseau est une réponse directe au journaliste du Guardian Alan Rusbridger, qui vise la mutualisation journalistique. “C’est bien d’avoir les critiques des scientifiques quand nous faisons une erreur, note Jha. Les scientifiques vont nous apporter un peu de leurs rêves” ; en retour, ils seront lus par une audience plus large.

Audience et paiement

Le réseau du Guardian arrive alors que les réseaux de blogs scientifiques (anglo-saxons NDT) composés de blogs très spécialisés prolifèrent. La semaine dernière, PLOS (Public Library of Science), un éditeur  non-profit de revues scientifiques en accès libre surtout centré sur les sciences naturelles, a lancé son réseaux de onze blogs. Les blogs Plos rejoignent Wired Science, Scientopia et d’autres. Et bien sûr, on a beaucoup parlé des blogs scientifiques avec ScienceBlogs et le scandale du PepsiGate. L’incursion du Guardian dans les réseaux de blogs scientifiques ne s’est pas faite en réaction à ce scandale (PepsiCo a envoyé ses experts contribuer à des réseaux de blogs se revendiquant fièrement indépendants), le projet étant en route depuis le printemps.

Cependant, “cela a tout  accéléré, explique Jha. Je pense qu’il y a eu une réflexion chez les blogueurs : ‘Que faisons nous maintenant ? Comment le faisons nous ?’ et ça nous a amené à nous dire, ok, c’est le moment de le faire.

Le projet général est des plus classiques : plus de contenus pour les medias, plus d’audience  pour les fournisseurs de contenus.Beaucoup de scientifiques veulent écrire, raconte Jha ; mais il y en a beaucoup moins qui comprennent l’alchimie mystérieuse requise pour présenter les choses aux entreprises de presse. L’arrivée des blogs a bousculé la relation entre les experts et le grand public (Le Guardian lui-même, dans ce cas, passe du rôle du gardien à celui d’hôte)”.

Le résultat, pour les scientifiques, ce n’est pas l’audience au sens du Huffington Post (signer un article = argent). Le Guardian paye les blogueurs pour leur travail. Ce qui est plus une question de principe qu’une question économique :

Même si certains scientifiques écrivaient déjà sur leurs propres blogs sans être payés, explique Jha, nous avons pensé que ce n’était pas possible de ne pas payer car ce serait de l’exploitation.

La solution : les revenus sont partagés à 50/50. Le Guardian vend des pubs contre les pages des blogueurs ; les blogueurs, en retour, touchent la moitié. Mais c’est encore en expérimentation (et les publicités sur le web sont notoirement volatiles, même sur un site dont le trafic est très élevé comme celui du Guardian) l’arrangement inclue aussi une sorte d’assurance financière pour les blogueurs : si les revenus publicitaires s’effondrent en dessous d’un seuil, l’accord sera revu.

“Indépendant de toute interférence”

Bien que les bannières de blogs varient, ils gardent, dans leur présentation du Guardian, un slogan unique : “HOSTED BY THE GUARDIAN.” (hebergé par Le Guardian) C’est une manière de clarifier (et de réitérer) le fait que, bien que les contenus des blogs soit sur le site du Guardian, ils ne viennent pas complètement du Guardian.  “L’idée, c’est que ce ne sont pas des blogs de journalistes internes, précise Jha. Ce sont eux (ce qu’ils pensent indépendamment de toute interférence).

Et “indépendant” veut vraiment dire “indépendant.” Les blogs ne sont pas modifiés (ni leur contenu, ni leur copie). Contrairement à d’autres arrangements d’hébergement blogs/journaux (voir, par exemple Nate Silver, dont le FiveThirstyEight est lié officiellement au New York Times - et dont le contenu est relu et édité  par l’équipe du Times) les blogs scientifiques du Guardian sont relus par les blogueurs eux-mêmes. Pour ces deux premières semaines , oui, un directeur de la production relira les billets avant de cliquer sur “publier.” Mais c’est temporaire (cette période est prévue pour régler les problèmes techniques et pour installer la confiance des deux côtés). Le but, après cette période d’essai initiale, est de donner aux blogueurs l’accès libre aux outils de publication en ligne du Guardian (quelque chose, précise Jha, “que personne à part l’équipe interne ne pouvait faire avant“. Le projet (simple mais symbolique, aussi) est que les blogueurs pourront bientôt publier directement  sur le site du Guardian sans intermédiaire. “C’est un modèle complètement nouveau pour nous“, explique Jha (car , pour l’instant, “tout est édité.“)

Jha est au courant des maux de têtes potentiels qui accompagnent la liberté (une notion qui est particulièrement menacée au Royaume-Uni, dont le système légal se moque beaucoup. “Comme entreprise de presse, nous sommes très attentif à rester du bon côté de la loi” commente Jha ; Cependant encore une fois, “nous essayerons de ne jamais censurer“. Jha et ses collègues ont pris beaucoup de temps pour discuter de l’équilibre entre la liberté d’expression et l’obligation de préserver leur responsabilité légale au lancement du réseau. Finalement, le projet a gagné contre les précautions. “Nous sommes plutôt prompt à dire ‘publions’ plutôt que nondit-il. Et depuis que les blogs d’information existent, le but est d’être dans une relation moins hiérarchique, pas plus. “À la fin, nous aimerions qu’ils aient un contrôle complet, commente Jha. C’est l’ambition“.

Article initialement publié sur NiemanJournalismLab

Illustration FlickR CC : practicalowl

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