OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Et si les écoles de journalisme se mettaient au triolisme? http://owni.fr/2011/03/05/et-si-les-ecoles-de-journalisme-se-mettaient-au-triolisme-formation/ http://owni.fr/2011/03/05/et-si-les-ecoles-de-journalisme-se-mettaient-au-triolisme-formation/#comments Sat, 05 Mar 2011 18:00:09 +0000 Erwann Gaucher http://owni.fr/?p=49787

Le problème des écoles de journalisme, c’est qu’on y trouve que des journalistes…

Le reproche fait aux vénérables maisons qui enseignent le journalisme n’est pas forcément nouveau, mais il est aujourd’hui de plus en plus significatif. S’il a toujours été un peu gênant de former des journalistes « en vase clos », c’est-à-dire assez éloignés de la réalité des nombreux autres métiers qui “faisaient” les journaux, ce défaut structurel pose aujourd’hui un véritable problème. Au moment où un nouveau type de journalisme émerge, peut-on continuer à former des journalistes solo ou, au mieux, des journalistes habitués à travailler entre journalistes ?

Les nouveaux médias inventent, au fil des mois, de nouvelles pratiques journalistiques, de nouveaux formats éditoriaux, dont l’une des principales spécificités réside dans la collaboration étroite entre journalistes, graphistes, développeurs, techniciens spécialisés dans l’exploitation des données… C’est l’une des révolutions des pure players au sein de la profession. De Rue89 à OWNI, ce dernier étant sans doute le laboratoire le plus avancé en la matière, le journalisme ne se pratique plus seulement entre journalistes. Les autres « corps de métier » sont totalement associés à la réalisation des sujets et ne sont plus cantonnés à la seule mise en forme du travail journalistique. Pourtant, où sont-ils dans les écoles de journalisme ces autres métiers ? Bien entendu, à l’ESJ, au CFPJ et dans la plupart des écoles reconnues, d’excellents intervenants viennent régulièrement prodiguer des cours de graphisme ou viennent expliquer le travail de développeur. Mais ce sont au mieux quelques poignées d’heures d’enseignement noyées dans l’océan des cours.

Et je suis le premier à avoir appliqué ce schéma qu’il faudrait sans doute aujourd’hui bousculer sérieusement. Pendant les deux années où j’ai eu la chance de diriger la filière PHR de l’ESJ Lille, j’ai moi aussi programmé dix heures d’apprentissage d’X-press par-ci, dix heures de photo par-là, demandé à des graphistes de venir expliquer les grands principes de leur métier aux apprentis-journalistes dont j’avais la charge… Mais je me rends bien compte aujourd’hui que c’est nettement insuffisant ! Dans les années à venir, le journalisme sera de plus en plus le fruit d’une étroite collaboration entre plusieurs compétences. Pourquoi ne pas former ses compétences ensemble ?

En finir avec l’individualisme

Les écoles auraient tout intérêt à essayer de mettre sur pied de nouvelles formations, réunissant tout au long de l’année journalistes, graphistes et techniciens par exemple. C’est en partie l’expérience, très intéressante, menée sur le terrain par l‘Emi-Cfd et à découvrir en détail dans le billet du camarade Marc Mentré sur « le journalisme de couple ».

Ayant sans doute un fond encore plus vicieux, je pense qu’il faut aller encore plus loin et j’attends avec impatience l’école de journalisme qui ira encore plus loin et se mettre au véritable triolisme : un journaliste, un graphiste et un développeur (par exemple), ne travaillant pas ensemble simplement le temps d’un atelier, d’une session intensive ou de quelques cours, mais étant vraiment formés ensemble.

Un apprentissage quasi-commun et mené en parallèle pourrait également apporter une réponse au syndrome du journalisme-Shiva dont beaucoup se plaignent. Les outils à la disposition des journalistes sont de plus en plus nombreux et de plus en plus simples à appréhender, mais les journées ne font toujours que 24 heures. En accentuant encore le travail d’équipe, le “journalisme de couple” voire de trio, le journaliste aura moins besoin de jouer à Shiva. Mais il devra apprendre à travailler en étroite collaboration, ce qui est loin d’être inscrit dans nos ADN professionnels, souvent marqués par un certain individualisme. N’attendons pas d’être au pied du web-docu pour apprendre à travailler ensemble !

Les écoles de journalisme, fascinée par l’académisme, n’ont eu de cesse depuis quinze ans d’essayer de se rapprocher au maximum de l’université (pour que leurs diplômes obtiennent les meilleures équivalence universitaires) ou de Sciences-Po (puisque de toute façon une part important de leurs étudiants y passent, autant travailler le plus tôt possible main dans la main). C’était sans doute une bonne chose, mais il est temps maintenant, de se rapprocher d’autres écoles, d’autres types de filière. Celles où l’on forme les autres professionnels avec qui les journalistes de demain vont travailler dans une collaboration de plus en plus étroite.

Bien sûr, de tels rapprochements sont longs à mettre en place. Il ne suffit pas d’enfermer des apprentis-journalistes avec des étudiants en graphisme et en développement web pour que, par magie, un journalisme nouveau en ressorte. La formule chimique est plus complexe et nécessite que les équipes pédagogiques travaillent elles aussi étroitement en commun pour imaginer un nouveau projet pédagogique et une nouvelle méthode d’enseignement. Mais parce que la demande sera de plus en plus forte dans les années à venir, il est temps de s’y mettre et de tenter l’expérience.

Il y a quelques semaines, je signais un billet au titre volontairement provocateur « En 2011, faudra-t-il tuer les informaticiens de votre journal ? » et je concluais : « Pire, il faudra apprendre à travailler avec. » Faisons-le dès l’école !

Billet initialement publié sur Cross Media Consulting

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Tyello ; ludwig van standard lamp.



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Industrie musicale : longue vie aux hackers ! http://owni.fr/2011/01/30/industrie-musicale-longue-vie-aux-hackers/ http://owni.fr/2011/01/30/industrie-musicale-longue-vie-aux-hackers/#comments Sun, 30 Jan 2011 17:56:32 +0000 Massimo Ciociola (musiXmatch) http://owni.fr/?p=44634
Cet article a d’abord été publié sur OWNImusic.
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J’ai assisté au @Midem les douze dernières années, et il y a un aspect qui ne change pas, Cannes dégage de super vibrations pour le divertissement et la musique et passer deux ou trois jours là-bas, c’est toujours cool. Le soleil aide et j’aime courir sur la Croisette tôt le matin.

Les vibrations de cette édition 2011 étaient particulièrement étonnantes. Je vais essayer d’expliquer pourquoi.

J’ai assisté à très peu de panels. Ils avaient tendance à n’être que des redites ennuyeuses de choses que nous savons déjà. À la place, j’ai passé la plupart de mon temps à parler aux gens, nouer des liens, donner des conseils, assister à des événements et faire des rencontres avec mon équipe. Et vous savez quoi ?

La partie la plus intéressante du Midem maintenant, c’est MidemNet. Aucun doute.

Bien sûr, j’étais vraiment content d’avoir été invité à participer à la session intitulée “Comment exporter votre business musical dans le monde entier”. C’était particulièrement bien pour moi car cela m’a donné l’opportunité de partager mon expérience et mes connaissances avec toutes sortes de gens qui étaient demandeurs de conseils pour que leur service s’étende du local à l’international.

Mais le moment le plus cool de tout le Midem, haut la main, ce fut le MusicHackDay [en]. Laissez-moi présenter la scène. Imaginez une salle envahie par la foule, remplie non seulement de hackers, mais aussi de gens de labels de musique (majors et indépendants), des éditeurs, des artistes, des journalistes et des analystes de l’industrie musicale. Il y avait de l’électricité dans l’air et pendant longtemps les initiés de l’industrie ont été soufflés par les mashups que les développeurs étaient capables de concevoir en seulement 24 heures.

Des sociétés telles que Soundcloud, Last.fm, The Echonest, Bmat, Extension.fm, 7 Digital, SongKick, Musescore and musiXmatch ont participé à cette nuit blanche et ont proposé un étonnant showcase d’apps. Ci-dessous deux exemples, vous pouvez tous les voir ici [en].

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Démo “I’m A Big Fan mobile app”, pour Windows Phone 7, présentée par musiXmatch. Cette app pour mobile vous donne pleins de renseignements sur un artiste : bio, concerts à venir aux alentours de chez vous et la setlist la plus probable de leur prochaine prestation. Pour chaque titre de la setlist, l’app vous indique la probabilité qu’il soit joué, les paroles et la piste audio. “Tout pour que vous soyez prêt et deveniez un vrai fan en moins de deux !”

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Démo “Six Clicks to Imogen”, de Paul Lamere (Music Machinery, [en]). Cette app ludique vous propose de trouver un chemin musical d’un artiste à Imogen Heap [en].

Après tout ce qui fut dit et fait, je n’avais rien entendu ou vu de nouveau ou d’excitant du show principal du Midem, mais il était clair pour moi et les autres que la nouvelle promesse de l’industrie musicale est apportée par la communauté des développeurs.

La prochaine vague de croissance dans l’économie de la musique numérique sera propulsée par les hackers !

Vous ne me croyez pas ? Demandez à Martyn Davies [en], un hacker de chez hacker, pourquoi il a été embauché par Universal Music. Oui. Universal Music.

L’industrie comprend enfin qu’être ouvert signifie être ouvert d’esprit, ouvert à l’expérimentation et ouvert aux hackers et au développeurs pour mixer les services. Ouvert, ce n’est pas qu’un slogan, c’est l’ingrédient essentiel pour avoir du succès dans un paysage qui évolue très vite.

De leur côté, les développeurs et les hackers, qui dans le passé ont peut-être ignoré les questions de copyright, sont en train de comprendre l’intérêt de travailler avec du contenu sous licence pour propulser leurs apps et leurs services.

Les artistes et les auteurs méritent d’être payés pour leur génie.

Les hackers méritent leur part des revenus s’ils peuvent accroitre la distribution et suivre l’usage grâce aux API’s.

C’est donc mon rêve et l’équation gagnante :

Détenteur de droits + hackers + API’s = industrie de la musique en bonne santé

Longue vie à la musique ! Longue vie aux hackers !

Billet initialement publié sur musiXmatch, traduit et enrichi par OWNI (vidéos) ; image Flickr CC nhussein et thomasbonte

Tous les articles d’OWNImusic sur le Midem


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Le « journalisme augmenté » en 10 points http://owni.fr/2010/11/07/le-%c2%ab-journalisme-augmente-%c2%bb-en-10-points/ http://owni.fr/2010/11/07/le-%c2%ab-journalisme-augmente-%c2%bb-en-10-points/#comments Sun, 07 Nov 2010 19:34:40 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=33769 1 – Le journalisme augmenté de l’audience

Les insurgés ont pris la parole ! La prise de contrôle des moyens de production et de distribution des médias traditionnels par ceux qui en étaient privés (seule révolution marxiste réussie à ce jour !) entraîne la démocratisation de l’écriture et met fin au journalisme de surplomb, au journalisme de magistère. Elle permet aussi le « crowdsourcing » (collecte d’informations et témoignage sont partagés avec le public) et le « crowdfunding » (le financement aussi). Les médias parlent aux médias !

2 – Le journalisme augmenté de ses pairs

Lâcher prise sur ses contenus et laisser les contenus extérieurs entrer. Les rédactions, souvent conservatrices, ont de moins en moins une mentalité de bunker et s’ouvrent davantage au reste du monde, voire à leurs concurrents. Les collaborations entre médias se multiplient. Le journalisme en réseau et le journalisme mutualisé ont un bel avenir.

3 – Le journalisme augmenté des liens

Les métadonnées et l’hypertexte permettent le journalisme de liens, le journalisme de tri sélectif, le journalisme dépollueur, le news jockey ! Celui qui choisit, guide, réduit l’infobésité, trouve le signal dans le bruit.

4 – Le journalisme augmenté des autres corps de métiers

Visualisation de données, journalisme de données, journalisme visuel, web documentaires, web reportage, etc. Autant de nouvelles formes de narration qui associent le travail des designers, des développeurs et des journalistes. Ceux qui réussiront à faire travailler ensemble ces corps de métiers prendront de l’avance.

5 – Le journalisme augmenté d’innovation et de nouvelles technologies

Le journalisme web n’est pas la mise en ligne des contenus des journaux ou des télévisions. Une écriture différente est indispensable pour être en prise avec les nouveaux usages de la révolution de l’information. La chance est aussi d’y pouvoir profiter des nouveaux outils. Pour ce mode de représentation du réel, le digital storytelling de demain, le récit numérique, comprend déjà la géolocalisation, la cartographie animée, la réalité augmentée, la 3D, etc.

6 – Le journalisme augmenté de valeur ajoutée

Context is King ! Savoir relier les faits : face à la banalisation croissante de l’information, la valeur est dans la mise en perspective rapide des faits. Non seulement, collecter, éditer, hiérarchiser et distribuer ne suffit plus, mais il faut désormais aussi analyser les informations avec un degré de vitesse, jusqu’ici réservé aux seuls factuels. Les journalistes traditionnels font une erreur s’ils croient que leur capacité à collecter et à organiser les faits continuera à les rendre indispensables.

Pour rester pertinent, il ne suffit plus en outre de donner les informations de la veille ou du jour même, connus de tous, mais d’offrir du contexte, de la perspective, de l’analyse pour aider le public à saisir l’importance des événements, pour lui et la société, à regarder de l’avant, à anticiper la suite.

Il faut enrichir l’information, de manière éditoriale et technologique.

7 – Le journalisme augmenté du packaging

Les beaux médias ! La forme, c’est le fond qui remonte à la surface ! (Victor Hugo). C’est aussi la qualité de l’accès au contenu qui fera la différence.

Dans une économie de l’attention, où l’abondance des contenus a remplacé leur rareté, le temps de cerveau disponible sera de plus en plus dur à capter et à conserver ! Soigner le design de l’information devient crucial. D’autant que se multiplient aussi les nouveaux supports et plateformes de distribution (smartphones, tablettes, encre électronique …).

8 – Le journalisme augmenté de formations, de nouveaux métiers et d’entrepreneuriat

Pas facile d’apprendre à faire du vélo à 50 ans ! Mais il faut s’y mettre et se former. La révolution de l’information n’attend pas. D’autant que de nouveaux profils sont apparus ces dernières années dans les petites annonces : les journaux, magazines ou télévisions recherchent aussi désormais des éditeurs de métadonnées, des éditeurs spécialisés en moteur de recherche, des community managers, des journalistes visuels, des agrégateurs, des remixeurs, des facilitateurs, etc.

La facilité de créer une unité éditorial pour un coût initial presque nul (plus besoin d’imprimerie, de camions pour livrer les journaux ou de stations de TV) incite déjà ceux qui ont de bonnes idées à passer à l’acte et à monter leur média, seul ou en petit groupe.

9 – Le journalisme augmenté d’expérimentations

Difficile de faire désormais sans une cellule de R&D, un médialab, pour répondre à la vitesse des changements dans la profession et profiter des opportunités offertes par les nouvelles technologies. Restera à tester les nouvelles idées et à prendre des risques sans être tétanisé par la crainte de l’échec. Vive le bêta !

10 – Le journalisme augmenté de la confiance

C’est la mission la plus difficile, mais la plus importante dans une société où la défiance envers les corps constitués croît à toute vitesse.

Images CC Elsa Secco et Flickr Matthew Clark Photography & Design

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Des codeurs sur les bancs de l’Assemblée nationale ? http://owni.fr/2010/10/08/des-codeurs-sur-les-bancs-de-lassemblee-nationale/ http://owni.fr/2010/10/08/des-codeurs-sur-les-bancs-de-lassemblee-nationale/#comments Fri, 08 Oct 2010 07:47:01 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=23153

Récemment le développeur et blogueur Clay Johnson a proposé de mettre des codeurs au Congrès, arguments à l’appui. En France aussi sa proposition trouve un écho, puisqu’à notre connaissance, seul Yves Cochet est classé comme informaticien à l’Assemblée nationale ; curieusement, on a du mal à l’imaginer codant régulièrement, en vrai geek ; si on élargit aux ingénieurs, on tombe sur le mirobolant chiffre de vingt, sachant que leur domaine d’application n’est pas forcément lié au numérique (tableau ci-dessous). Que le niveau de connaissance des députés en la matière soit loin d’être satisfaisant ne fait pas de doutes pour les acteurs du web français et même de la politique interrogés  (Cf. ce mémorable micro-trottoir de Bakchich sur le peer-to-peer). De là à régler ça en envoyant des codeurs sur les bancs, c’est un peu plus complexe et amène à  dépasser le cadre de la simple Assemblée.

Les députés par catégorie socio-professionnelle

Benoit Boissinot, membre du collectif Regards citoyens, se dit “plutôt d’accord avec Clay Johnson mais cela ne se limite pas à la politique : on manque d’informaticiens aux postes de décision qui aient la connaissance des outils et de leurs possibilités pour prendre les décisions optimales et améliorer le fonctionnement. À Regards citoyens, nous voyons bien les lacunes à l’Assemblée nationale.” De fait, on ira plutôt voir leur plate-forme NosDeputes.fr pour se renseigner sur l’activité des députés que sur le site de l’Assemblée nationale. Dans ce contexte de demande de transparence et de responsabilisation (accountability), on peut comprendre que la vénérable institution n’ait pas trop intérêt à s’ouvrir aux développeurs.

Tristan Nitot, président de la fondation Mozilla Europe, juge les arguments de Clay Johnson un peu “tirés par les cheveux, sa solution n’est pas réaliste, mais dans le fond il soulève un vrai problème : la technologie numérique change énormément de chose dans la communication des institutions et dans l’économie. Or il y a très peu de natifs du numérique aux commandes politiques. Ce ne serait pas grave s’ils n’étaient amenés à légiférer et être confrontés au lobbying.”

Un point de vue que rejoint Bernard Benhamou, délégué aux usages de l’Internet, pour qui les technologies influencent ou vont influencer toute l’économie : elles sont une problématique transversale dont l’enjeu est énorme, créer un secteur européen dans le domaine des services. “Faire rentrer des développeurs dans une assemblée serait une rustine, il faut irriguer tout le politique, en intégrant les spécialistes et en améliorant la culture des élus.” Et aux politiques d’impulser la suite, en particulier au niveau de l’UE. Irriguer le politique, “Il faudra des années, vingt ans, le temps que la classe politique change, soupire Tristan Nitot. Là, on a déjà Nathalie Kosciuzco-Morizet qui est jeune, avec un profil d’ingénieur.

Le texte de Clay Johnson et la réponse d’Andrea Di Maio pose aussi de manière générale la question du rôle des experts : suffit-il d’être bien entouré pour juger en connaissance de cause ? “Des conseillers techniques peuvent se montrer très compétents, estime Tristan Nitot, celui de Jean-Paul Huchon a une bonne influence par exemple. Mais être conseillé, c’est une expérience de seconde main, c’est différent d’une compréhension intégrée.

Ce ne sont pas des développeurs qu’il faut, mais des gens qui comprennent le code et savent ce que c’est. C’est assez différent,

estime Jean-Michel Planche, président-fondateur de Witbe, éditeur de logiciels. Réapprendre à mettre le nez sous le capot, à l’heure où les technologies s’effacent de plus en plus, avec comme emblème actuel l’iPad.

Comment ça marche ?

Député d’Eure-et-Loir, secrétaire nationale UMP en charge Médias et Numérique, Laure de la Raudière ne rejoint pas non plus Clay Johnson : “Le métier n’est pas forcément ce qui compte le plus, en revanche, il faut que les politiques s’investissent de plus en plus sur le sujet du numérique, car les enjeux économiques et de société liés au numérique sont majeurs.” Si de par sa formation d’ingénieur Télécom, elle s’y est intéressée plus spontanément et qu’elle y voit un atout pour mieux comprendre, Laure de la Raudière souligne que la connaissance profonde des dossiers passe par des auditions des grands acteurs –opérateurs et fournisseurs de contenus-, d’entrepreneurs du web que d’experts ou de représentants de la société civile -associations comme le GESTE, la Quadrature du Net, UFC-Que choisir, etc-, complétées de lectures personnelles. Elle estime que les connaissances techniques peuvent s’acquérir et qu’en recoupant ses informations, il est possible d’arriver à déterminer quelle position sert le plus l’intérêt général (Cf. la Hadopi, Loppsi…, ndlr). Tout en expliquant, ce qui peut sembler contradictoire, que si les ingénieurs sont si peu présents en politique, c’est que le politique doit en priorité “convaincre, de vendre ses idées”, alors que le raisonnement de l’ingénieur consiste plutôt à “améliorer un process, à être toujours dans le doute.” (sic)

La député pointe également que le nombre de parlementaires spécialistes du domaine de l’industrie, aussi primordial pour l’économie, ne dépasse pas non plus la poignée. Et selon elle de plus en plus de députés s’intéressent au numérique, sujet qui occupe davantage l’actualité politique depuis 2007. Mais de reconnaître qu’elle aimerait qu’il y en ait davantage qui s’investissent et qu’il existe “une marche technique haute à franchir avec ce sujet, et que l’évolution rapide de la technologie oblige à mettre constamment à jour ses savoirs.” On en déduira ce que l’on veut…

Le code informatique est aussi régulateur

Si Benoit Boissinot estime que l’Assemblé nationale devrait, de façon générale, s’ouvrir plus à d’autres professions, car son mode de recrutement manque de diversité, on est en droit de distinguer des degrés d’importance, tant les développeurs ont une influence croissante sur la société. Boucher et codeur, pas même combat. Dans son livre Les Trois écritures, l’historienne Clarisse Herrenschmidt inscrit le code comme troisième grande écriture de l’humanité, après le langage et le nombre.

On en vient aussi inévitablement à évoquer le célèbre “Le code fait la loi” (“Code is law”) de Lawrence Lessig, écrit en 2000 mais plus que jamais d’actualité. Pour ceux qui ne le connaissent pas, voici un résumé : nous sommes à l’âge du cyberspace, où s’opère désormais une partie de la régulation.

Ce régulateur, c’est le code : le logiciel et le matériel qui font du cyberespace ce qu’il est

posait l’auteur. Avec ce que cela implique en termes de libertés. Si l’architecture du Net est initialement caractérisée par l’irrégulabilité, cela n’est pas garanti. Et de fait, il observait déjà une évolution dans le sens du contrôle, “sans mandat du gouvernement“. Par exemple, “le fait que l’architecture de certification qui se construit respecte ou non la vie privée dépend des choix de ceux qui codent. Leurs choix dépendent des incitations qu’ils reçoivent. S’il n’existe aucune incitation à protéger la vie privée – si la demande n’existe pas sur le marché, et que la loi est muette – alors le code ne le fera pas.” Le code est donc porteur de valeurs et il s’agit pour les citoyens de rester vigilants dessus. Ou pas. Lawrence Lessig a bien sûr fait son choix :

Nous devrions examiner l’architecture du cyberespace de la même manière que nous examinons le fonctionnement de nos institutions.

Si, comme le rapporte Luke Fretwell, “Howard Dierking, chargé de programmation chez Microsoft, dans  Engineering Good Government suggère que ceux qui ont conçu la Constitution étaient en fait les premiers programmeurs patriotes de la nation américaine“, les programmeurs sont donc en quelque sorte de nouveaux constitutionnalistes.

Dès lors, peser politiquement au sens général du terme ne passe pas forcément par faire de la politique comme on l’entend traditionnellement.Je ne fais pas de politique, explique ainsi Tristan Nitot, faire du code, c’est déjà travailler pour avoir de l’influence et du pouvoir. Je préfère cette façon d’agir. À la fondation, nous diffusons du code incarnant nos valeurs.” Qui de fait, ne sont pas celle de Microsoft et de son Explorer…

Et cela implique donc de surveiller l’architecture du cyberspace. Là encore, faut-il connaître le code ? Bernard Benhamou propose trois pistes, former le régulateur, avoir une vraie réflexion sur l’impact des technologies et éduquer les citoyens. De là à ce que tout le monde apprenne à coder, il ne va pas jusque-là. Il constate que les choses s’améliorent : “Il y a dix ans, lorsque j’enseignais à l’ENA et que je disais que l’Internet allait devenir politique, les gens riaient : ‘on ne va pas s’occuper de cela, nous traitons de choses sérieuses.’ J’ai vu le changement depuis.” Ouf, on a eu peur. Nos élites se sont débouchés le nez.

Le dernier Mac, il roxe grave, j'ai des promos mais chut, ça reste entre nous.

S’inspirer de la mentalité hacker

La similitude entre les deux codes serait plus évidente pour un informaticien : “La loi modifie le code, cela nous semble plus évident et dans les deux cas il faut se montrer logique et cohérent” explique Benoit Boissinot. Après, on peut aussi arguer qu’il y a du code propre et sale dans les deux cas… Détaillant le fonctionnement de l’activité du député, il fait plus précisément le lien avec l’open source. Si code is law, l’inverse est aussi vrai, law is code donc elle se hacke également, au sens premier du terme, “bidouiller” :  “Il y a deux types de projets de loi : ceux déposés pour montrer que l’on est actif, qui ne sont pas destinés à passer et sont mal écrits. Et les lois qui modifient vraiment les codes. Comme dans l’open source, il est possible d’apporter des modifications, des patches. Fondamentalement, c’est très geek comme fonctionnement. Mais c’est spécifique à la France.” Jérémie Zimmermann, le porte-parole de La Quadrature du Net, souligne aussi cet aspect : “Plus que de programmeur, je parlerais de hacker, au sens de bidouilleur passionné qui font en sorte d’arranger les choses.

S’il voit aussi un atout à la mentalité des programmeurs, c’est leur capacité à naviguer dans ses systèmes complexes, “comme la finance ou les lois, qui sont de plus en plus compliqués, pour les découper en bout et les réparer.” Il souligne aussi que les hackers savent utiliser l’Internet pour coopérer à l’échelle mondiale, en particulier les développeurs de logiciels libres : ils vivent par l’entraide et le partage. Une mentalité qui ferait du bien à notre système malade de compétition. Mais est-ce réaliste de vouloir l’implémenter dans le système politique actuel ?… En même temps, par des chemins de traverse, sans demander la permission, La Quadrature du Net et autres Regards citoyens l’introduise.

Sur l’aptitude supposée des développeurs à écrire des lois avec rigueur, le point de vue de Clay Johnson, il faut le pondérer en prenant en compte les différences avec le système législatif américain nous a indiqué Benoit Boissinot. En effet, aux États-Unis les textes laissent une place beaucoup plus importante à la jurisprudence et sont plus longs alors que chez nous les possibilités d’interprétation sont plus réduite. Du coup, l’argument de concevoir des textes plus efficaces possède une portée moins grande. En même temps, quand on regarde le flou juridique de la Hadopi…

Les développeurs de bons communicants, lol

Un argument qui laisse en revanche plus dubitatif, c’est celui de la capacité des développeurs à bien communiquer. Il rejoint en cela Andrea Di Maio, qui indiquait sans ambages : “C’est assez risible. Les bons programmeurs sont souvent timide, centrés sur eux-mêmes, geeky.” Benoit Boissinot se montre pondéré : “C’est variable, certains programmeurs rock stars font très bien passer leur message.” Et de citer dans les bons communicants, “Julian Assange -même si il n’est plus un développeur, c’était un hacker dans sa jeunesse-, Chris Messina -maintenant évangéliste chez Google-, Brian Fitzpatrick et Ben Collins-Sussman, qui même s’ils ne sont pas liés à la politique, font des présentations chouettes, comme ‘How Open Source Projects Survive Poisonous People’, Appelbaum (projet Tor, et WikiLeaks) et en France, Jérémie Zimmerman se débrouille plutôt bien maintenant.” Mais il ne montre pas la même foi dans les capacités de communicant des dév que Clay Johnson : “Les développeurs communiquent plus sur leur passion, d’une façon qui n’est pas forcément intelligible pour le reste de la population.

Tristan Nitot abonde dans ce sens : “Nous avons beaucoup de bons développeurs chez Mozilla mais je ne pense pas que leur capacité à parler en public soit la première de leurs qualités.

Quel candidat ?

Luke Fretwell, dans un billet éloquemment intitulé “How developers can win Congress“, donne ses conseils pour que les candidatures de développeurs au Congrès ne se terminent pas en 404. Il suggère de trouver des leaders. En France, qui pourrait endosser ce costume ? Benoit Boissinot pense à des personnes “impliquées dans des associations, au courant des problématiques législatives : Regards Citoyens, l’April, La Quadrature du Net.”

Tristan Nitot bute d’abord sur la question : “C’est difficile d’être un bon développeur et un bon communiquant.” Finalement, Jean-Michel Planche, Jérémie Zimmermann et Benjamin Bayart “qui ont complètement intégré la dimension sociale de l’impact des logiciels” semblent être ces oiseaux rares. Et lui, il ne serait pas tenté ? Refus poli et argumenté, et ce n’est pas la première fois, pour les raisons expliquées plus haut. Mais il est bien conscient que le politique reste un levier central, sans avoir de solution miracle pour infléchir la donne.

Laure de la Raudière voit bien “un profil de dirigeant de PME innovante sur le web, qui a réussit, et qui aurait à cœur de défendre l’innovation”, sans citer de nom. Ce qui, quoi qu’en disent les zélateurs de la Silicon Valley, se trouve dans nos contrées.

Jérémie Zimmermann, souvent cité comme potentiel prétendant, a autant envie que Tristan de se présenter. Il évoque François Pellegrini, “un brillant chercheur, qui s’est battu sous Rocard pour contre les brevets” ainsi que Philippe Aigrin, à la fois développeur, entrepreneur et “philosophe politique.” Dans l’absolu, un développeur qui aurait su mener à terme un logiciel libre pourrait candidater : “Il faut avoir l’idée, la réaliser, être jugé par ses pairs.” Bref un bon préambule au parcours du combattant de la députation (en principe, si l’on n’envisage pas l’option godillot).

À lire aussi :

Just hack it, compte-rendu de la conférence de Jérémie Zimmerman et Benjamin Ooghe-Tabanou lors de Pas sages en Seine.

Le site de Regards citoyens ; La Quadrature du Net ; L’April ;

Clarisse Herrenschmidt, LES TROIS ÉCRITURES. Langue, nombre, code. Collection Bibliothèque des Sciences humaines, Gallimard, 29,00 euros.

Images CC Flickr yoyolabellut, Jonathan Assink et Ma Gali

Téléchargez le poster d’Elliot Lepers (CC)

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Pourquoi les développeurs devraient se présenter au Congrès http://owni.fr/2010/10/08/pourquoi-les-developpeurs-devraient-se-presenter-au-congres/ http://owni.fr/2010/10/08/pourquoi-les-developpeurs-devraient-se-presenter-au-congres/#comments Fri, 08 Oct 2010 06:35:59 +0000 Clay Johnson http://owni.fr/?p=22619 Ce billet a été publié en anglais par Clay Johnson sur son site InfoVegan. Ce développeur américain est très impliqué dans les questions de gouvernement 2.0 et il milite pour l’utilisation de l’open source par le gouvernement fédéral. En 2004, il avait en charge la programmation de la campagne d’Howard Dean, candidat à l’investiture pour les Démocrates.

Ce point de vue a donné lieu à des posts en réaction, à lire pour compléter :
Keep developers out of politics, please par Andrea Di Maio, analyste chez Gartner Research, où il travaille entre autres sur les questions d’e-gouvernement. Son point de vue est très critique ; How developers can win Congress par Luke Fretwell, fondateur de GovFresh, un site sur le gouvernement 2.0.


Notre 111e Congrès comprend deux athlètes professionnels. Il y a également un astronaute, deux animateurs de talk show radio, et un moniteur d’auto-école. On compte également trois menuisiers, un boucher, un contrôleur aux douanes et un capitaine de bateau de rivière. Il comporte aussi un agent du FBI et même un assistant parlementaire à la Chambre des Communes britannique. Bien sûr, selon le service de recherche du Congrès par profil , la plupart des politiciens du 111e Congrès classent juste leur profession dans la catégorie “politique” ou “business”.

Notre Congrès a plus de propriétaires de vignoble que de développeurs. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’ingénieurs. C’est juste que la plupart d’entre eux ressemblent à Pete Olson, qui, c’est vrai, a un diplôme en sciences de l’informatique mais est passé tôt à la politique et serait probablement incapable de distinguer un serveur d’un barman (jeu de mot sur serve, servir, server, terme informatique, et waiter, une personne qui fait le service, ndlr). Scientists and Engineers for America tient une liste des membres du Congrès possédant un diplôme d’ingénieur ou en sciences, et s’ils sont en assez grand nombre, le seul membre que j’ai trouvé qui possède une réelle expérience récente en programmation est Steve Scalise de Louisiane. Selon sa biographie, il était ingénieur système pour une entreprise de technologie de Louisiane avant d’aller au Congrès, et d’après TransparencyData.com cette entreprise était Diamond Data Systems.

Nous avons besoin de plus de développeurs, en particulier de développeurs web, au Congrès. Voilà pourquoi :

D’abord, c’est une profession sous-représentée. Selon le Bureau des statistiques du travail, il y a 1.3 million de programmeurs dans notre pays, (je suspecte aussi que tous les développeurs ne se déclarent pas comme tels). Comparez-le aux 759.200 avocats qui ont réussi à accaparer un peu plus de 40% des sièges du 111e Congrès. Ceci dit, on peut faire valoir que les avocats sont mieux pourvus pour rédiger des lois et les programmeurs pour coder mais je ne suis pas sûr que les pères fondateurs ont établi la Chambre des représentants pour qu’elle fonctionne de cette façon. Je pense que les développeurs pourraient écrire des lois publiques plus rationnelles que les avocats et que les développeurs sont certainement de meilleurs communicants publics que les avocats.

Second point, les problèmes du gouvernement deviennent de plus en plus techniques. Ou les problèmes auxquels nous faisons face sont liés à la technologie sur certains aspects. Par exemple, jetez un coup d’œil à la première loi que ce Congrès a voté : l ‘American Recovery and Reinvestment Act of 2009 n’est pas qu’un projet de loi de plus de 1.000 pages qui est maintenant une loi, c’est aussi une spécification technique pour recovery.gov écrite par des gens qui ne savent pas écrire des spécifications. Et contrairement à un client ou un patron mal informé – si vous ne collez pas aux souhaits du client, vous enfreignez la loi. C’est le rêve de chaque consultant malhonnête d’avoir un client qui voit ce qu’ils vendent comme une forme de mysticisme. S’ils ne savent pas comment l’apprécier, cela signifie que le consultant peut fixer la valeur. Et c’est ce qui se passe. Et cela se passe tout le temps. Une poignée de développeurs pourrait réduire les dépenses et aider leurs pairs du Congrès à affecter l’argent au mieux. Si une revitalisation de la technologie du gouvernement se fait intelligemment et avec sagesse, nous avons besoin de quelques développeurs au Congrès pour ouvrir la voie.

Troisièmement, les grands développeurs sont des redresseurs et des hackers de systèmes. Il n’est pas de système plus mûr pour un élégant hack que la Chambre des représentants des États-Unis. Mettez des développeurs au Congrès, et ils commenceront à exposer les données d’eux mêmes. Ils construiront des systèmes pour arriver à mieux écouter leurs électeurs. Comme Ted Kennedy a fait faire par son staff le premier site du Congrès, un développeur au Congrès cherchera à utiliser la nouvelle technologie de façon à faciliter leur travail. C’est ce que font les hackers.

Quatrième point, les développeurs web emploient d’autres développeurs. Un développeur élu au Congrès qui est un vrai développeur se comportera probablement avec intelligence et prendra un ou deux développeurs dans son équipe. Et comme je disais précédemment, les développeurs sont vraiment importants. Une poignée d’entre eux travaillant au Congrès – avec un membre du Congrès qui est aussi développeur – peut commencer à combler le fossé entre les citoyens et leur gouvernement par des biais nouveaux. Les règles, par exemple, sur les types de technologie que les membres de la Chambre des représentants peuvent utiliser pour parler aux citoyens sont largement gouvernées par le Rules Commitee au sein de la Chambre et géré par Comité de l’administration des affaires intérieures. Aucun développeur qui se respecte laisserait le site de son comité ressembler à ça. Ah si seulement Robert Brady pouvait être remplacé par Adrian Holovaty pendant deux semaines !

Enfin, les développeurs sont de grands communicants numériques. Ils sont très bons pour utiliser le medium afin d’entrer directement en contact avec les gens, d’une manière dont les autres ne sont pas capables. Ils peuvent également construire leurs propres outils pour se connecter avec les gens. Avec un développeur qui comprend la tuyauterie du web à un poste de direction à l’intérieur du Congrès, le Congrès peut commencer à communiquer en ligne avec plus d’efficacité. Et comme ce développeur obtient de plus en plus de succès, le reste du Congrès peut très bien entrer dans la danse.

Paul Graham vient à l’esprit comme l’archétype idéal. Il serait un super membre du Congrès. Il a généralement envie de réussir, il est capable de prendre des décisions difficiles, et possède un esprit rationnel qui a été conditionné (à travers la lecture de centaines d’applications d’investissement chez ycombinator), capable de voir clair dans beaucoup de non-sens -, même le genre que Washington produit. Mais Graham est juste un des 1,3 millions de gens que je considère comme qualifiés pour le travail.

Donc si vous êtes développeur, réfléchissez à une candidature ! Cela paye vraiment bien, le bénéfice à long terme est sans doute aussi important que le lancement une petite start-up et l’impact potentiel sur votre pays est sans comparaison. De plus, vous devrez lever bien moins d’argent que pour votre prochaine brillante start-up. Essayez ! Il y a des chances pour que vous soyez insatisfait de votre représentant actuel. Et même si vous parvenez à jeter celui-ci cette année, vous serez aussi insatisfait avec le suivant, également. Alors pourquoi pas vous ?

Billet initialement publié sur InfoVegan

Image CC Flickr Venn Diagram et slworking2

Téléchargez le poster d’Elliot Lepers (CC)

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Battle #HackThePress: design + technologie + journalisme http://owni.fr/2010/09/27/battle-hackthepress-design-technologie-journalisme/ http://owni.fr/2010/09/27/battle-hackthepress-design-technologie-journalisme/#comments Mon, 27 Sep 2010 09:54:31 +0000 Admin http://owni.fr/?p=29611

Elles sont six, six courageuses équipes à cette heure – il est encore temps de vous inscrire (sabine@owni.fr) – qui se sont lancées dans la battle d’applications organisées dans le cadre de HackThePress, organisé ce mardi à la Cantine par OWNI et Silicon Sentier, en partenariat avec Squid Solutions, af83média, la Netscouade et le Social Media Club France. Une journée de rencontre entre développeurs, designers et journalistes, pour échanger autour des nouvelles formes de journalisme nées de la collaboration entre ces trois corps de métier et surtout les pratiquer.

Et quoi de plus concret que de demander à des teams pluridisciplinaires de réaliser une application en 48 heures, avec finalisation in situ sous les yeux des participants le jour de l’event ? Ce lundi matin les engagés ont reçu leurs sujets. Pour cette première édition, nous n’avons pas voulu corser trop les affaires, optant pour un choix large : les trois sujets en tête de Google News dans chaque rubrique à neuf heures, pour ne pas avantager OWNI, ScrapBook  l’appui : à la une, international, France, économie, sports, sciences/tech, divertissements, santé. Soit vingt-quatre pistes de travail, il ne s’agit pas non plus de coller à 100% aux titres en tête, ainsi “Fillon déclare son indépendance à l’égard de Nicolas Sarkozy” pourra servir de base de départ à une application sur les rapports entre Premier ministre et Président.

Les sujets : pour cette première édition, voici ce que le grand Algo de Google a désigné :

À la une
Fillon déclare son indépendance à l’égard de Nicolas Sarkozy
Israël reprend la colonisation mais veut encore des négociations
Les otages français enlevés au Niger en vie

International
Élections législatives au Venezuela, Chavez grand favori
Chili : arrivée d’une première nacelle pour remonter les mineurs
Incident sino-japonais : Tokyo demande à Pékin des dommages

France
L’accord UMP/mairie de Paris/Chirac sur l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris
Procès de l’affaire Bissonnet
Une crémation refusée pour cause de surpoids

Eco
Bourse de Tokyo en forte hausse, vigueur continue du yen
Rapprochement EDF/Areva
Sanofi-Aventis cherche des fonds pour relever son offre sur Genzyme

Sciences/tech
Iran : des centrales nucléaires, ep  le site de Bouchehr affectées par le virus informatique Stuxnet ?
Démantèlement d’un réseau de cybercriminalité par les gendarmes marseillais
Lancement de Earth observation par l’agence spatiale canadienne

Divertissements
Le lapsus de Dati : fellation au lieu d’inflation
Documentaire sur la captivité Ingrid Bettancourt et Clara Rojas
Elkabbach gaffe sur Montebourg alors que son micro est encore allumé

Sport
Handball : défaite de Montpellier contre Hambourg en Ligue des champions
Foot, L1 : victoire du PSG contre Lens à l’extérieur
Foot, L1 : Payet star de Saint-Etienne

Santé
Chikungunya dans le Var
La pilule gratuite et anonyme pour les mineurs ?
Elections chez les médecins libéraux

Six teams sur le front de l’information

Six équipes se sont donc présentées pour ce premier essai : Rue89, la Netscouade feat. Mediapart, Umaps, StreetPress, et un duo d’indépendants, David Castello-Lopes et Pierre Bance -qui participeront en plus à une des conférences !- et bien sûr OWNI. Toujours dans l’optique de ne pas rebuter les participants, nous les avons laissés libres sur la forme et la technique : php, Ruby, Flash, mash-ups Google, Python, application mobile, géolocalisation, crowdsourcing, jeu, personnalisation, exploitation de base de données, etc.

Et quelle carotte les fait courir ? Le désir d’innover dans la présentation de l’information ? Le couscous du midi généreusement offert ? Nenni, un merveilleux Minitel. Le vote se fera à la fin de la journée, à main levée, alors restez jusqu’au bout !

Les temps forts de la journée

10 heures : début de la battle

11 heures – 12 heures : conférence sur les bonnes pratiques pour concevoir des applications liées à l’actualité et présentations de solutions.

Durant la pause déjeuner : les équipes feront un point sur l’avancée de leurs travaux.

- de 14h30 à 15h30 : conférence sur l’impact du datajournalisme : quelle est sa valeur ajoutée ? Quelles évolutions cela implique-t-il sur l’organisation des rédactions ? Avec la participation entre autres de Simon Rogers, du blog data du Guardian.

- à 18 heures 30 : présentation des applications préparés par les équipes. Désignation d’un vainqueur symbolique, qui gagnera un minitel. Les applications seront présentées en temps réel tout au long de la journée sur le site dédié, hackthepress.net. Vous pourrez y suivre l’événement en direct : live-blogging, live-streaming, articles, rendus des applications en temps réel…
– à 19 heures : cocktail

Et bien sûr toute la journée, des échanges informels.

Vous pouvez encore vous inscrire sur le site de la Cantine.

> Pour nous suivre toute la journée : http://hackthepress.net/ /-)

Image CC Flickr Joriel “Joz” Jimenez et nicolasnova

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Fabrique du datajournalism #2 : nous sommes prêts! http://owni.fr/2010/06/01/fabrique-du-datajournalism-2-nous-sommes-prets/ http://owni.fr/2010/06/01/fabrique-du-datajournalism-2-nous-sommes-prets/#comments Tue, 01 Jun 2010 10:24:53 +0000 Caroline Goulard http://owni.fr/?p=17125 Now, it’s on !

Un développeur, un statisticien et une graphiste : l’équipe datajournalisme d’OWNI a subitement pris de l’ampleur ce matin.

Premier test pour les new-comers de la soucoupe : après une rapide mise au parfum sur l’actualité de la semaine, trois sujets ont été retenus – le blocus israélien à Gaza, Roland-Garros et le sommet Afrique-France – et les huit datajournalistes mobilisés ont eu quinze minutes pour produire un mini-cahier des charges pour chaque projet.

Quatre heures plus tard, sur les écrans de l’open space, on pouvait voir :

-Un défilé de cartes, « France à quelle Afrique tu parles ? » : pour chaque sommet Afrique-France depuis 1973, quels étaient les pays représentés par leurs chefs d’États ? Quelle carte de l’Afrique ces données dessinent-elles ? Une visualisation en forme d’archipel à géométrie variable, en fonction de l’évolution des relations diplomatiques.

-Une infographie interactive liée à une base de données interrogeable sur les pays vainqueurs de Roland-Garros, de Wimbledon, de l’Open d’Australie et de l’US Open, par épreuve, et depuis 1990 : quelle est la couleur nationale du podium ? Quels sont les pays qui ont émergé dans le monde du tennis ces derniers années ?  Quels sont ceux qui sont sortis des palmarès ? Une visualisation avec des petites balles de tennis, déclinable à l’envie avec des ballons de basket, de foot, de baseball, etc., et les statistiques qui vont avec.

-Une visualisation sous forme de jeu de l’oie : comment traiter de façon ludique un sujet critique, avec le parcours de deux habitants de Gaza : Talal, l’entrepreneur, et Ahmad, le fonctionnaire : prix des clopes, accidents sanitaires, marché noir, taxes du Hamas, bakchich pour arriver à bon port, etc.

La fabrique du data #2 se poursuit par un passage en revue des projets dans les cartons.

@martin_u: motivé comme jamais sur ce genre de projet

Les projets déjà réalisés à améliorer

« Authentique ou retouchée » : côté développement : une V2 sur les rails, et côté éditorial une traduction geek-français et français-anglais à prévoir. Ce widget attire toujours plus de 1.000 utilisateurs par mois, assez pour qu’il deviennent intéressant de le doter d’un vrai petit écrin avec une url dédiée, et des fonctionnalités spécialement pensées pour les journalistes qui ont besoin de vérifier la provenance de photos crowdsourcées.

« Où je vote » : les élections sont passées, mais le crowdsourcing continue, 75% des données sont désormais qualifiées, un bel effort qui mérite d’être salué.

« Lycées.eu » : moins de quinze personnes ont utilisé cette application. Nous réfléchissons à la façon de la relancer car l’outil est potentiellement riche.

« La crise grecque en datajournalisme » : un vrai succès qui nous a donné l’idée de lancé une Data TV, sous forme de rendez-vous hebdomadaire de décryptage de gros volumes de données grâce aux gadgets Google Motion Charts. Qu’en pensez-vous ?

Les projets dans les tiroirs

« Le media ring » : le moins qu’on puisse dire, c’est que l’équipe ne manque d’idées pour questionner la popularité de nos médias dans les réseaux sociaux. Façon combat de boxe, avec une petite application où l’on pourrait réunir virtuellement les équipes de supporters-followers-Ilikers et vérifier… laquelle a la plus grosse. Façon widget pour site d’information : nous aimerions ajouter quelques stats au dessus des traditionnels boutons « partager sur Facebook », « partager sur Twitter », etc. Et si on se met à rêver, on pourrait même vous proposer une application Amazon-like du style « les lecteurs qui ont twitté cet article ont aussi twitté celui là » : merveilleux pour mettre en valeur des archives et capt(iv)er les lecteurs sur un site.

« Éoliennes » : Christine Tréguier, journaliste à Politis, mène depuis plus d’un mois une enquête sur le prix de l’énergie selon ses différents modes de production. Nous nous apprêtons à illuminer son travail par quelques visualisations. Le résultat sort bientôt sur OWNI.

« La vie en prison vue par les données » : projet un peu laissé de côté par manque de matériau, nous comptons le relancer sous forme de web-docu.

Les nouveaux projets

« Appli vélib cassés » : vous n’avez qu’à prendre en photo un vélib cassé ou une station vide, nous agrégeons les données pour vous fournir une carte en temps réel de l’état des vélos et du réseau à Paris.

« Clean your Facebook » : une petite appli pour nettoyer les photos où vous avez été taggués, vos updates de statuts et autres wall-plaisanteries, ça vous tenterait ? Le droit à l’oubli, ça vous intéresse ?

« Les liens entre les hautes sphères du CAC 40 » : la très chouette visu d’Alternative Eco nous a donné plein d’idées : nous aimerions réaliser un graph relationnel des liens entre les membres du CAC 40 : écoles fréquentées, rémunération, présences dans les conseils d’administration, etc.

« Visualiser les subventions versées par le conseil régional d’Île-de-France » : l’article de H16 nous a mis l’eau à la bouche, on reviendra dessus avec de la visu.

« La réforme des retraites en visu » : plusieurs problématiques nous semblent pertinentes : scénario de réforme des retraites en France, comparaison entre l’âge légal de départ à la retraite et l’âge réel, panorama européen des systèmes de retraite, etc. Les données ne manquent pas, nous cherchons un partenaire pour nous aider à avoir un regard « clair » sur la situation.

« Presse papier vs presse sur le web : quel circuit de distribution ? » : une infographie montrant le trajet d’un article depuis sa conception par une entreprise de presse jusqu’à son appropriation par un lecteur, sur le papier et sur le web. Notre idée est de démontrer que le web peut décupler vos contacts avec votre public.

« Les Big Brother Awards : découvrez-les par les données » : nous avons un magnifique projet d’interface pour les archives des Big Brother Award : une visualisation de plusieurs centaines de dossiers sous forme d’éco-système navigable par thème et par acteur. A l’arrivée, une visualisation capable de raconter l’évolution de la société de surveillance en France.

« La carte des morts aux frontières » : 3.700 points à placer sur une à partir de ce très riche document. Histoire de traiter de sujets importants pour nous, et pas foncièrement LOL.

Et bien sûr, puisque la soucoupe n’a pas embarqué que des datajournalistes, nous vous préparons des dossiers, des analyses et des archives pour agrémenter tous ces projets.

Il ne vous reste plus qu’à guetter les retombées de cette riche journée sur les pages d’Owni.fr, ou ailleurs.

Vous êtes journaliste, développeur ou graphiste, et vous avez des idées de visualisation autour de base de données interrogeables ? N’hésitez pas à nous contacter (contact[at]owni.fr)

Vous faites partie d’un média et souhaitez coproduire l’un de ces projets ou une autre coproduction? Contactez-nous (contact[at]owni.fr) !

Illustrations CC Flickr par Extra Ketchup

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Quatre voies du datajournalism http://owni.fr/2010/04/07/quatre-voies-du-datajournalism/ http://owni.fr/2010/04/07/quatre-voies-du-datajournalism/#comments Wed, 07 Apr 2010 10:27:56 +0000 Caroline Goulard http://owni.fr/?p=11781 J’ai eu l’impression, ces derniers jours, de répéter plusieurs fois la même chose à des personnes différentes (ce qui est un vrai plaisir quand il s’agit de datajournalism). D’où l’idée d’articuler ici ces quelques éléments récurrents.

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Photo CC par Ian-S sur Flickr

Finalement, le datajournalism ou journalisme de données, peut difficilement se résumer à un type de contenus ou à un type de démarche. J’ai identifié quatre dimensions, et pour chacune les compétences nécessaires à sa mise en œuvre :

1-COMPRÉHENSION : le datajournalism permet de mieux comprendre le monde.

Pour cette visualisation des succès au box office américain depuis 1986, l’équipe du nytimes.com a particulièrement travaillé sur la forme des courbes, et leur couleur.

Le datajournalism, c’est de la visualisation d’information. C’est une des composantes du traitement rich media (tel que le définit Alain Joannes), une des applications du journalisme visuel. Dans cette première logique, le datajournalism permet de faire comprendre par l’image certaines idées bien mieux que ne le feraient des mots.

Le datajournalism fait ici appel aux compétences des graphistes et aux connaissances en sémiotique visuelle ou en sémiologie graphique : pour que chaque forme et chaque couleur fassent sens instantanément.

Pour faire comprendre une affaire d’espionnage politique à Madrid, elpais.com a mis au point une visualisation animée et interactive.

Mais le datajournalism va au delà de l’infographie car il ne s’adresse pas uniquement à l’intelligence visuelle, il travaille également sur l’intelligence cinétique. En datajournalism la visualisation est forcément interactive. Elle doit permettre à l’internaute de jouer avec les données, de manipuler la visualisation. Plongé dans une posture active, l’usager appréhende et mémorise plus facilement l’information.

La datajournalism ne pourra donc pas se passer des compétences d’un interaction designer. Ni de celles d’un ergonome.

2.PERSONNALISATION : le datajournalism permet de personnaliser la vue sur le monde

Gapminder permet de visualiser à la demande les relations entre différents indicateurs statistiques mondiaux.

Le datajournalism, c’est aussi de l’information à la carte. Un des moyens de répondre à la fragmentation des audiences.

La visualisation de données consiste à bâtir une interface graphique pour accéder à une base de données. Cela permet bien sûr de proposer un aperçu de gros volumes de données, d’en faire jaillir le message essentiel.

Mais cela ouvre également la possibilité d’interroger n’importe quelle partie de cette base de données, et de la rendre accessible et compréhensible instantanément. Ainsi, une des dimensions de l’interactivité consiste à rendre la visualisation librement paramétrable.

Une application de datajournalism peut alors répondre à toutes les attentes particulières des internautes autour d’un thème d’information.

Les savoir-faire d’un architecte de l’information deviennent ici utiles.

3.INVESTIGATION : le data journalisme permet d’éclairer autrement le monde.

En analysant un document de 458 000 pages sur les notes de frais des députés britanniques, le Guardian a révélé des abus dans l’utilisation des fonds publics britanniques.

Le datajournalism est également un outil d’investigation. Les bilans de la Cour des comptes, les rapports du FMI, les statistiques de l’OCDE, etc., contiennent énormément de matériaux pour le journalisme d’investigation. Seulement, il faut savoir faire parler ces données.

C’est-à-dire qu’il faut prendre le temps de les lire, qu’il faut savoir les interpréter, qu’il faut des outils pour appréhender des tendances à partir de gros volumes de données, qu’il faut avoir l’idée de croiser une base de données avec une autre, etc., pour faire apparaître des informations jusque-là ignorées.

Interroger les données plutôt que les témoins est un art encore très délaissé par les médias français. Peut-être parce que cela suppose d’emprunter des outils et des méthodes aux sciences (voir l’article de RWW France) : pour extraire de l’information d’immenses bases de données, il n’y pas d’autres moyens que de construire des modélisations, que d’utiliser des outils de gestion de la complexité.

Impossible de réaliser ce genre d’investigation sans statisticiens.

4.PARTICIPATION : le datajournalism permet de participer à la description du monde

Avec l’aide de 200 internautes, l’équipe d’Owni.fr a géolocalisé les bureaux de votes français et a rendu cette base de données gratuite, ouverte et libre.

Enfin, le datajournalisme suppose parfois de faire appel au crowdsourcing pour collecter les données et pour les qualifier.

Lorsque la base de données n’existe pas, lorsqu’il est matériellement impossible qu’un petit groupe de personnes collecte toutes les données sur un sujet, la force du datajournalism réside dans sa capacité à fédérer la participation des internautes pour obtenir des données à faire parler.

Cela nécessite un gros travail d’animation de communauté.

Il faut encore mentionner deux compétences indispensables au datajournalism, et transversales à ces quatre dimensions.

Tout d’abord les savoir-faire des développeurs. Développeur axé back office et data, pour construire et gérer les bases de données, mais aussi développeur axé animation, flash, et front office.

Et pour finir, pas de datajournalism sans travail d’éditorialisation.

Par éditorialisation j’entends : problématisation, inscription dans le débat public, storytelling, hiérarchisation, définition d’un angle de traitement de l’actualité et d’un message à délivrer. Vous remarquerez que l’esquive volontairement la référence au journalisme.

Je suis persuadée qu’il n’y a pas besoin de se définir comme journaliste pour être capable de remplir ce rôle d’éditorialisation.

Maintenant, est-ce que ce travail d’éditorialisation est du journalisme? Je vous laisse en débattre.

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